Qui sommes-nous ?

Le fonctionnement de l'équipe

Pour diminuer les erreurs, le soir, chaque membre de la librairie dépose les livres catalogués dans la journée sur le bureau des autres. Avant de publier la moindre chose, nous nous relisons donc cinq fois. Ce fonctionnement a le mérite de nous faire gagner un temps considérable dans les relectures de catalogue de vente aux enchères et aussi de discuter des différentes expertises en cours. A cinq, Jean-Baptiste, Laure & Théophile de Proyart, Grégoire Beurier et Damien Gonnessat, nous totalisons près de quatre-vingts ans d'expérience dont voici les grandes lignes :

Jean-Baptiste de Proyart

Est-ce utile de dire d’où on vient ? N’est-il pas d’exercice plus rébarbatif que celui-là ? D’autant que n’est pas Chateaubriand qui veut. On se souvient de la page inaugurale de l’Essai sur les révolutions, le premier livre publié par un Chateaubriand de vingt neuf ans, à Londres, en 1797 :

« Qui suis-je ? & que viens-je annoncer de nouveau aux hommes ? »

Nous qui, dans l’histoire de la bibliophilie aimons les provenances, pouvons sans doute donner quelques faits à ceux que l’inconnu inquiète. Espérons qu’ils trouveront quelque chose de « nouveau » dans ce site de livres rares. Tout est bon pour vendre des livres.

Né en 1963, je suis bachelier en 1981 et m’engage immédiatement dans des études littéraires. Une hypokhâgne au lycée Pasteur suivie de deux khâgnes, l’une au lycée Lakanal et l’autre à Henri-IV : jours bénis. Ces premiers pas sont suivis d’un cycle complet d’études de philosophie pimenté d’études d’économie et de sociologie. Ce cycle est effectué à Nanterre, à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes puis à la Sorbonne. Il est couronné par une thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne en 1994, couronnée maxima cum laude et par toutes les félicitations unanimes possibles. Son sujet exact était : « Madeleine de Scudéry et la Philosophie. De Descartes à Leibniz ». Plus simplement, il s’agissait d’étudier la place et le rôle de la notion de fiction dans le système de Descartes – on se souvient de sa formule mundus est fabula -, et de montrer que cette notion même de fiction, enjeu des débats littéraires et philosophiques des années 1660-1680, est l’un des grands accès au somptueux système métaphysique leibnizien. Le calcul infinitésimal, inventé simultanément par Leibniz et Newton, consistait par exemple à pousser une fonction mathématique vers des « grandeurs évanouissantes » par une sorte de passage à la fiction.

Bref… D-Day 1993. Je rentre chez Sotheby’s au département des livres à Londres le 6 juin, comme catalogueur. Ce passage de l’université au monde des livres rares semble évident en Angleterre. Le Book department de la vénérable maison (comme celui de l’autre) regorgeait d’anciens universitaires et étudiants qui trouvaient là un métier adapté à leur passion de la recherche. En France, entrer dans le métier du livre rare suppose le passage par d’autres chemins, soit ceux de la « chine » et de l’invention de soi-même dans la jungle de Drouot (moment délicieux où l’érudition bibliophilique mémorisé devient moyen de survie devant les manettes de livres non catalogués), soit ceux de l’héritage lorsque cette même érudition s’est transmise de père en fils. Cette transmission demeurait d’ailleurs incompréhensible aux anglais. Je me souviens du sourire ample et ironique d’Anthony Hobson me racontant avoir entendu le fils d’un libraire parisien réputé lui avoir dit un jour : « c’est très rare, Papa l’a jamais vu ». Pour les Anglais et leurs cousins d’outre atlantique, la rareté se quantifie.

Six ans donc, de 1993 à 1998, à être initié à Londres et New York aux charmes un peu arides de la bibliographie matérielle et à l’analyse des reliures du XVIe siècle, par des maîtres célèbres et incontestés comme Anthony Hobson, Paul Needham, Paul Quarrie ou la charmante Charlotte Brown. Avec eux, je participe intensément aux grandes ventes que furent celles des incunables des Princes de Fürstenberg à Donaueschingen (1994),ou aux quatre catalogues de la fabuleuse collection Otto Schäfer (1995), comme à celle des livres dits « continentaux » - comme les breakfast - d’Archibald Primrose, comte de Rosebery (1995). Les anglais, avec le charme délicieux de leur insularité toute puissante, avaient pour tradition de classer par rubrique les spécialités du Book department : d’un côté english literature de l’autre les continental books. Logiquement, la littérature n’appartenait qu’à Albion.

A partir de 1998, j’ouvre le département des livres à Paris, recrute Anne Heilbronn qui tient maintenant la barre avec un brio remarquable. Le si charmant et mystérieux Jean Toulet, ancien directeur de la Réserve à la BnF, nous rejoint comme consultant et me sert de mentor. Le bateau est solide, rapide, bien armé, doté d’un équipage ambitieux. Les collections tombent et ajoutent des plumes à notre chapeau. En 1998, les livres de Jaime Ortiz-Patino que Pierre Berès avait su choisir pour son ami. En 1999, ceux de Renaud Gillet que son ami André Jammes conduisit jusqu’à moi. Et aux livres, nous décidâmes avec André d’ajouter un catalogue de ses plus belles photographies pour créer l’événement mondial que fut cette première grande vente. Je me souviens encore du kiosque à journaux de la station Green Park qui, au lendemain de la vente, était couvert de haut et en bas et de tous les côtés par les « unes » des journaux représentant cette célèbre image de la grande vague de Gustave Le Gray. Puis vinrent l’ouverture des ventes de Sotheby’s à Paris avec la remarquable bibliothèque littéraire du collectionneur belge et fabricant de dentelle Charles Hayoit (2001-2002), et d’autres ventes sympathiques comme celle de Gwenaël Bolloré. Autant d’autres plumes au chapeau d’une équipe soudée.

En 2004, il y a dix-neuf ans déjà, je décide d’armer mon propre bateau. Divers événements personnels, l’obligation de faire un choix chez Sotheby’s entre le managment et l’expertise me conduisirent à choisir cette dernière et à l’exercer ailleurs, sous d’autres cieux, c’est-à-dire sous les miens. J’avais envie d’exprimer mes goûts et de créer ma boutique. Aussitôt commence l’aventure des ventes de la librairie puis de la collection de Pierre Berès. Elles dureront de 2004 à 2007. Pierre Berès était déjà un ami. Il me devint très proche durant toutes ces années.

Aujourd’hui les trois voiles de ce bateau sont gréées : l’expertise en vente aux enchères, le courtage et le commerce. Elles le font avancer à bonne vitesse. Tantôt l’une domine, tantôt c’est l’autre. Vous les retrouverez ici sous les différentes rubriques du site.

Nous sommes cinq à bord, avec ma femme Laure, Grégoire Beurier qui nous a rejoints dès 2005, Damien Gonnessat qui embarque en 2016 et, enfin, notre fils Théophile qui travaille avec nous depuis trois ans.

Cinq, c'est donc le chiffre fétiche que nous avons choisi pour vous envoyer nos propositions par mail : soit une liste de cinq livres et manuscrits, soit une sélection d'une quinzaine de livres et manuscrits choisis par l'un d'entre nous dans notre stock, selon un thème bien précis. Rendez-vous donc tous les 5, 15 ou 25 de chaque mois. À cela, s'ajouteront nos listes pour les foires auxquelles nous participons, nos focus momentanés sur un livre ou manuscrit précieux, nos catalogues de libraires ou nos annonces pour les ventes aux enchères auxquelles nous participons. Bonnes lectures !

Vous découvrirez le temps que nous passons à écrire nos fiches, à présenter nos livres et manuscrits de la manière la plus objective, dans le silence et l’isolement. Rien de plus passionnant que de montrer ses livres et manuscrits, d’encourager un collectionneur à constituer sur le long terme un ensemble cohérent qui reflète ses goûts intellectuels comme sa sensibilité. Et ceci quelque soit le niveau de prix, puisqu’il n’y pas de « petits livres ».

Pierre Berès répétait souvent un propos de son ami Carlo-Alberto Chiesa, le grand libraire italien de la seconde moitié du XXe siècle : les livres rares et les manuscrits précieux sont cosa mentale. On a donc toujours besoin d’y penser et d’en parler.

Théophile de Proyart

Théophile, né en 1996, travaille depuis la vente de la bibliothèque François Mitterrand en octobre 2018 à la librairie. Auparavant, il a écrit une pièce de théâtre en alexandrins, Le Banquet des illusions, et entamé des études de droit. Par la suite, les différentes ventes aux enchères de la bibliothèque de Paul Destribats (2019-2022) offrent un terrain d'apprentissage excellent pour le fils de Laure & Jean-Baptiste de Proyart. Les mouvements d'avant-garde et les livres de géographie, cartes et plans, demeurent son terrain de prédilection. En 2022, il part chez un confrère britannique pour expertiser une collection de plus de vingt mille ouvrages sur Londres et ses environs.

Il participe au succès de la vente des livres de Jorge Ortiz-Linares, chez Sotheby's, en décembre de cette même année. A l'hiver 2023, la vente de la collection de Stéphane Clavreuil chez Giquello, lui permet d'affiner son regard sur la notion d'exemplaire dans la bibliophilie française. Puis, à l'automne, les livres qui constituent la bibliothèque du château de Réveillon de M. le duc de Mortemart, passent entre ses mains, avant d'être dispersés à Drouot. L'année d'après, la collection de livres de sculpture construite par Alain Moatti ouvre son champ de connaissances à des livres anciens d'une toute autre nature. Comme pour ses parents, le livre demeure autant un instrument de connaissances que de délice personnel. Il est membre du SLAM et du SFEP à titre "d'expert apprenti" depuis l'automne 2024.

Laure de Proyart

Laure a fondé avec son mari la librairie en 2004 et demeure incontournable depuis près de vingt ans, tant pour les relations avec les clients que pour améliorer l'image de la librairie sur les réseaux sociaux. La page Instragram de la société compte près de 1500 disciples, et ce n'est qu'un début ! Son dévouement se révèle souvent décisif dans les phases terminales de vente et d'organisation des foires, comme celle de New York et de Paris. Elle rend aussi l'administration de la librairie plus efficace et définitivement plus souriante.

Grégoire Beurier

Depuis le début de l'aventure, Grégoire demeure fidèle à la librairie. Il participa aux ventes de la bibliothèque de Pierre Berès avec Jean-Baptiste en 2005-2007. Quoiqu'universel dans ses connaissances du livre ancien, son goût premier le porte vers la grande littérature, et en particulier la poésie. En 2023, il écrit la postface de la nouvelle édition d'Une Saison en enfer parue chez Poésie/Gallimard, à l'occasion du cent cinquantième anniversaire de l'édition originale. Les descriptions détaillées et les cahiers que nous constituons pour les livres importants sont souvent élaborés par ses soins.

Damien Gonnessat

Damien a rejoint l'équipe en 2016 pour la vente aux enchères de la bibliothèque Tissot-Dupont. Dans les clôtures de catalogues, Damien se révèle indispensable. L'organisation des ventes aux enchères et des foires internationales passe souvent par son bureau. Son domaine privilégié est la littérature de la fin du dix-neuvième siècle.