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[Impressions de Dampierre]. [LUYNES, Guyonne-Joséphine-Élisabeth de Montmorency-Laval, duchesse de].

Elegy in a country church-yard traduite en français

[Dampierre], Imprimé par G. E. J. Montmorency-Luynes, 1798-1802

EXEMPLAIRE “LUYNES-DAMPIERRE” DE CINQ IMPRESSIONS DE DAMPIERRE, AVEC UNE TABLE DES TITRES DU RECUEIL AUTOGRAPHE DE LA DUCHESSE DE LUYNES.

IMORTANTE ET RARE TRADUCTION DU POÈME DE THOMAS GRAY, ELEGY IN A COUNTRY CHURCH-YARD, DUE AU COMTE MATHIEU DE MONTMORENCY ET IMPRIMÉE PAR UNE FEMME, SA TANTE, LA DUCHESSE DE LUYNES SUR SA PRESSE, PRIVÉE DU CHÂTEAU DE DAMPIERRE

5 ouvrages en un volume in-8 (222 x 160mm)

(1). LA FAYETTE, Adrienne de Noailles, marquise de. Notice sur la vie de A. L. H. d’Aguesseau, duchesse d’Ayen, par Madame de la Fayette, sa fille. ÉDITION ORIGINALE. À Dampierre, (An IX), 1800. 135 pp. COLLATION : a-r4 : 68 feuillets, a2v-r4v paginés 4-135, [T. de Luynes p. 45]
(2). Lettre de Madame Suard à son mari sur son voyage de Ferney. À Dampierre, (An X), 1802. COLLATION : A-R4 S2 : 70 feuillets, A2r-S1r paginés 4-139, [T. de Luynes p. 45]
(3). Recueil de pièces de poésie détachées à l’usage de quelques Amis habitant la campagne… seconde partie. À Dampierre, (An X), 1802. COLLATION : A-Z 2A-P4 2Q2 : 158 feuillets, A2r-A3v paginés iii-vi, A4v-2Q2r paginés 8-307, [T. de Luynes p. 45, la première partie avait été publiée en 1800]
(4). Windsor-Forest of Pope. Traduite en vers françois, par le citoyen Boisjoslin, Imprimé par G. E. J Montmorency, Luynes [s. l. n. d.]. COLLATION : [1-64], 1/1v-6/4r paginés 2-47. “Par le C. Boisjoslin (1798)” cité p. 35, [T. de Luynes p. 46]
(5). [GRAY, Thomas]. [Tr. Mathieu de Montmorency]. Elegy in a country church-yard, [Dampierre], Imprimé par G. E. J. Montmorency-Luynes, [s. d., mais 1797]. COLLATION : [1-24] : 8 feuillets, avec le dernier feuillet blanc, 1/1v-2/3r parginés 2-13, [T. de Luynes p. 44]
PIÈCE JOINTE : 1 tableau dépliant de la chambre des députés pour la session de 1819-1820, ce qui donne la date de la reliure

ANNOTATION MANUSCRITE AUTOGRAPHE DE LA DUCHESSE DE LUYNES, 1/2 p., à l’encre brune, au début du volume en guise de sommaire  : “Pièces contenus dans ce volume”…

RELIURE VERS 1820. Demi basane brune, dos lisse, titre doré “Mélanges” avec tomaison “25”, tranches cirées de jaunes
PROVENANCE : bibliothèque des ducs de Luynes, château de Dampierre (ex-libris ; cote manuscrite du château à l’encre brune, Paris, 23 octobre 2013, partie II, n° 637) -- ancienne collection Hubert Guerrand-Hermès

Guyonne-Joséphine-Élisabeth de Montmorency-Laval (1755-1830), fille d’un maréchal de France, devint en 1768 duchesse de Luynes par son mariage avec Louis-Joseph-Amable d’Albert de Luynes (1748-1807). Elle entra au service de la Reine Marie-Antoinette comme Dame du Palais puis comme Dame d’Honneur, jusqu’en 1789. D’esprit fortement libéral, elle participa, par exemple, avec sa brouette d’acajou, aux terrassements du Champs-de-Mars préparatoires à la Fête de Fédération. Elle tint un salon littéraire à son domicile de la rue du Bac, traduisit de l’anglais et publia des textes. C’est une femme des Lumières : “une femme supérieure, d'une grande intelligence, de beaucoup d'esprit et de cœur” (Madame Récamier). Durant les temps violents de la Révolution, elle se retira à Dampierre où elle se livra à sa passion : les livres. Elle installa une presse d’imprimerie dans son château en 1795 et imprima alors en très petit nombre des ouvrages qu'elle écrivit parfois personnellement. Une quinzaine de publications sortent de ses presses et cinq d’entre elles dont celle-ci, au moins, se retrouvaient dans le catalogue manuscrit, de sa main, qu’elle fit des livres de son fils Paul de Luynes, 7e duc de Luynes (vendu par nos soins à la foire de New York en 2022).

(1). La duchesse d’Ayen, née Henriette d’Aguesseau (1737-1794), mère d’Adrienne de La Fayette (1759-1807), “naquit le 12 février 1733”. Elle épouse le 25 février 1755 Jean-Louis de Noailles (1739-1824), 2e duc d’Ayen puis 5e duc de Noailles en 1793. Vigée Le Brun fit d’elle un merveilleux portrait conservé à la NGA de Washington. Sous la Révolution française, le duc de Noailles émigre une première fois en 1791, puis à nouveau en 1792 après avoir défendu les Tuileries lors de la journée du 10 août 1792. Il laisse derrière lui sa femme, qui est guillotinée, ainsi que leur fille aînée, et sa mère, la vieille maréchale de Noailles, le 4 thermidor an II (22 juillet 1794). Journée dramatique dont le texte d’Adrienne de La Fayette, fille d’Henriette d’Aguesseau, fait le récit rapportant par exemple les belles paroles de sa sœur : “Courage, maman, il n’y a plus qu’une heure (…) je renonce à rien exprimer parce que je sens est inexprimable” (p. 133 et 135). Le marquis de La Fayette est retenu en captivité de 1792 à 1797. Par son père, Jean de Noailles (1739-1824), 5e duc de Noailles et 2e duc d’Ayen, sa formidable épouse Adrienne de Noailles, autrice de ce texte, descend de Charles d’Aubigné (1634-1703), neveu de Madame de Maintenon ; elle a comme ancêtre direct le grand poète protestant Agrippa d’Aubigné, auteur des Tragiques.

(4). Jacques Vieilh de Boisjoslin (1760-1841) est un poète mineur qui traduisit la Forêt de Windsor, de Pope (Paris, 1798, in-8°). Il a été louée par Marie-Joseph Chénier comme un des bons ouvrages de l’époque.

(5). L’Elegy in a country church-yard de Thomas Gray (1716-1771) est l’un des plus grands poèmes de la littérature anglaise. Il est ici traduit par le fameux Mathieu de Montmorency-Laval (1766-1826). Il combattit lors de la Guerre d’Indépendance des États-Unis au sein du régiment d’Auvergne, l’un des meilleurs de l’armée française. Mathieu de Montmorency fut l’un des plus jeunes députés de la Constituante et prêta le serment du Jeu de Paume. Déçu par la Révolution, il émigra chez Madame de Staël à Coppet, faisant partie du fameux Groupe de Coppet, puis revint à Paris en 1795. Il devint l’un des plus proches amis de Chateaubriand et fut ministre des Affaires étrangères sous la Restauration. En 1788, il avait épousé Pauline de Luynes (1774-1858), propre fille de Guyonne de Montmorency, sœur de son père, qui imprime donc ici la traduction de son gendre et neveu. Cette traduction est recensée par le site du Thomas Gray archive qui établit l’horizon de réception européen du célèbre poème. On ne saurait mieux souligner l’importance dans l’histoire du romantisme européen que ces liens entre les romantismes anglais et français manifestés ici concrètement par la presse de Dampierre, tenue par une femme.

BIBLIOGRAPHIE : 

Thomas de Luynes, L’Imprimerie de Dampierre, Paris, Société des Bibliophiles françois, 1923, p. 45 --Philippe Van der Haeghen, "L'Imprimerie ducale de Dampierre ", Le Livre, bibliographie rétrospective, 1885, pp. 289-291 -- (3) : J.-C. Brunet, Manuel du libraire, IV, p. 38

WEBOGRAPHIE : sur Thomas Gray : https://www.thomasgray.org/about/projects.shtm