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Horoscope de Marcel Noll
“DÉVOILER UN PEU DU VOILÉ” (INTERVIEW SUR L’ASTROLOGIE, AVRIL 1954)
Manuscrit autographe
Une page in-4 (269 x 209mm). Papier pelure vert d’eau, encre brune
ILLUSTRATION : carte du ciel
André Breton et l’astrologie
L’intérêt d’André Breton pour l’astrologie date des premiers pas de l’aventure surréaliste. Pour Breton, l’astrologie procède d’une recherche de la connaissance de l’homme par d’autres chemins que ceux de la raison, au même titre que le spiritisme, l’hypnose, les rêves, l’alchimie et la voyance. Breton écrit dans le SecondManifeste du surréalisme (1930):
“Je pense qu’il y aurait tout intérêt à ce que nous poussions une reconnaissance du côté de ces sciences à divers égards aujourd’hui complètement décriées que sont l’astrologie entre toutes les anciennes, la métaphysique... parmi les modernes”.
L’astrologie tend à révéler à l’homme sa place dans le cosmos. C’est pourquoi Breton écrit dans Les Vases communicants (1932) :
André Breton rappelle dans Les Vases communicants (1932) que la quête du surréalisme tient en l’« espoir » de déterminer le point de réconciliation du « haut » et du « bas » :
“Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement. Or c’est en vain qu’on chercherait à l’activité surréaliste un autre mobile que l’espoir de détermination de ce point.”
L’astrologie peut justement se définir par l’« espoir de détermination de ce point » où l’homme et le cosmos sont réconciliés dans l’unité :
“Toute erreur dans l’interprétation de l’homme entraîne une erreur dans l’interprétation de l’univers ; elle est par suite un obstacle à sa transformation” (ibid.)
André Breton rappelle encore, plus de trente ans après les débuts du surréalisme, que le même principe d’analogie anime la poésie et l’astrologie :
“Démêler une destinée à partir de la situation des planètes et de leurs aspects mutuels dans les différents signes et maisons suppose un tel doigté que cela devrait suffire à frapper de dérision, à convaincre d’enfantillage les modes habituels de raisonnements synthétiques. Ce que j’ai toujours apprécié au plus haut point dans l’astrologie, ce n’est pas le jeu lyrique auquel elle prête, mais bien le jeu multidialectique qu’elle nécessite et sur lequel elle se fonde. Que l’astrologie soit la langue d’or de l’analogie, celle qui tend à permettre les plus grands échanges entre l’homme et la nature, je ne saurais y contredire.” (interview donnée en 1954 à la revue du Centre International d’Astrologie)
André Breton entreprit donc au cours des années 1920-1930 le thème astral de plusieurs de ses amis et de ses auteurs préférés. La vente Breton (2003) présentait vingt thèmes astraux que l’auteur des Champs magnétiques avait conservés toute sa vie dont ceux d’Alfred Jarry, Louis Aragon, Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Paul Éluard, Max Ernst, Isodore Ducasse, Pablo Picasso, René Crevel et d’autres. Certains de ces thèmes astraux étaient accompagnées d’une interprétation faite par Breton.
Breton était particulièrement intéressé dans la conjonction de Saturne et Uranus entre 1896 et 1898, ces années-là étant celles de la naissance de nombreux surréalistes comme Aragon, Soupault ou lui-même.
On peut encore citer, parmi d’autres, trois thèmes astraux : les deux de Paul Éluard (l’un proposé lors de la vente Renaud Gillet, 27 octobre 1999, n° 80, l’autre conservé au Musée de Saint-Denis) et le thème astral de René Char (vente Pierre Leroy, Paris, 26 juin 2002, n° 47).
Marcel Noll
Marcel Noll a “fait acte de surréalisme absolu”, écrit André Breton dans le premier Manifeste du surréalisme.
Le jeune Marcel Noll (1902-1937), fut présenté au groupe surréaliste en 1922 par Denise Lévy, née Kahn, qui habitait comme lui Strasbourg et était une cousine de Simone Breton (Denise Lévy sera ensuite la femme de Pierre Naville). Le nom de Noll apparaît au sommaire de la revue La Révolution surréaliste dès le premier numéro (1924). Il exerça des responsabilités à la Galerie surréaliste qui avait été ouverte en mars 1926, tout en écrivant des articles et en faisant du courtage en tableaux :
“Membre discret, Noll participe cependant à toutes les activités du groupe : sa présence habite les photographies du groupe” (Atelier André Breton).
Son nom apparaît régulièrement dans les textes d’André Breton : “Paul Éluard, Marcel Noll et moi nous trouvons réunis à la campagne” (Clair de terre, 1923). Breton lui dédiera d'ailleurs le poème L’Aigrette publié dans le même livre. Marcel Noll restera dans le mouvement surréaliste jusqu’en 1928, année où il quitte Paris. En 1931-1932, il travaille à la rédaction de L’Humanité, journal paraissant à Metz en langue allemande. Il est tué en 1937 durant la guerre civile espagnole, ce que ne prévoyait pas son horoscope surréaliste.
Entretien de Jean Carteret et Roger Knabe, in Revue du Centre International d’Astrologie, n° 12, avril 1954
WEBOGRAPHIE : https://www.andrebreton.fr/series/113