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BRETON, André

Horoscope de Yolande Oliviero

[Paris], [vers 1932]

HOROSCOPE AVEC THÈME ASTRAL DE “L’INSAISISSABLE” YOLANDE OLIVIERO, LA LIBRAIRE DES SURRÉALISTES

Manuscrit autographe

3 pages in-4 (280 x 225mm). Papier pelure couleur jonquille, encre rouge et bleue
ILLUSTRATION : carte du ciel
RETRANSCRIPTION partielle : 
“Yolande. 29 sept. 1902, Belle-Ile. 3h ap. m. (env.) λ=47°20’ Long.=0h20m0

“Yolande. [symbole du verseau] - (air, chaud et humide, sanguin), signe fixe (constance, fermeté, persévérance), violent, d’esprit, d’étude, - de bonne constitution.- [symbole du verseau] commande les mollets et les chevilles. Influence générale sur les organes respiratoires et les oreilles. [Symbole du verseau] régit aussi plus spécialement la gorge, le coeur, les organes de la génération et le sang.

[Symbole du verseau] : le noir.- Le samedi.- Saphir et perle noire.- Encens, myrte, romarin
Influence de [symbole de Jupiter], maître de l’As.- Nombre 3.- Note fa.- Étain, bronze.- Pourpre.- Améthyste, émeraude et saphir foncé.- Géranium, giroflée, hysope, marjolaine, oeillets et jasmin.- Aigle, paon, cerf, alouette, perdrix.- Parfum : muscade.

Le verseau confère au sujet une constitution solide, une complexion sanguine, des cheveux d’un beau blond (voir correction par [symbole de Jupiter]), surtout chez la femme, des yeux bleus, une figure un peu longue et ovale.
Caractère : bon, dévoué, constant en affection, d’humeur égale, goût des sciences et des lettres, fréquemment bon chanteur ou habile musicien
Le 1er décan est influencé par [symbole de Vénus].
Il donne une masure élevée, aimante, artistique, séduisante. L’esprit est apte aux sciences et aux beaux-arts, à la littérature. Succès à l’étranger, fortune possible, mariage heureux.
[Symbole du verseau], l’une des meilleures constellations, rend les mœurs douces et aimables, donne la belle composition du corps et du visage, rend l’esprit profond, capable d’étude et de progrès de toutes les sciences ; mais souvent fait le caractère indolent et paresseux.

[Symbole de Jupiter] dans [symbole du verseau] : personne de taille ordinaire, teint légèrement coloré. Sujet laborieux, obligeant, aimant les distractions, humain et pardonnant les injures, généreux, bon et populaire.

[Symbole de Jupiter] à l’As.- Peau blanche, teint frais.- Les jupitériens sont forts et de taille moyenne, bien en chair.- Les yeux sont grands, humides et riants, le nez moyen et droit. Les lèvres charnues et vermeilles. Les cheveux sont châtains, bouclés et souples, les sourcils bien arqués.”

Légère brunissure marginale

Yolande Oliviero (1902-1954), réputée pour sa beauté auprès des hommes du groupe surréaliste, est aussi méconnue qu’énigmatique. Tristan Tzara était épris d’elle, et une grande amitié la liait à Pierre Unik qui fréquentait, comme elle, l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, créée en 1932. Elle tenait une librairie au 80 boulevard Raspail, à l’angle de la rue de Rennes. Yolande Oliviero était alors une des toutes dernières recrues du groupe surréaliste après la rupture avec Louis Aragon en 1932. Une lettre d’André Breton à Paul Éluard, datée du 29 janvier 1932, évoque justement Yolande Oliviero alors qu’il est sur le point de quitter l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires : 

“Mes relations avec Yolande se sont très peu modifiées. On la voit chaque soir comme avant ; elle vient même quelquefois l’après-midi corriger rue Fontaine les textes du concours [de littérature prolétarienne organisé par L’Humanité] ! Elle est toujours la même, insaisissable.”

On peut supposer qu’André Breton réalisa le thème astral de l’“insaisissable” Yolande Oliviero un après-midi du début de l’année 1932, rue Fontaine.

D’autres souvenirs de Yolande Oliviero sont rapportés par Luis Buñuel. En avril 1932, il découvrit, dans la vitrine d’une librairie, l’annonce, pourtant confidentielle, de la projection de L’Âge d’or au théâtre ouvrier “La Bellevilloise”, fin avril 1932, ainsi que des “photographies, bien exposées, de Breton et Éluard” (Mon Dernier Soupir). Cette librairie était sans aucun doute celle de Yolande Oliviero. Le réalisateur espagnol évoque aussi les soirées de février 1933 passées avec Pierre Unik, la photographe Denise Bellon et “une libraire un peu boiteuse mais très belle qui s’appelait Yolande Oliviero”. En 1936, Jean Renoir donna à Yolande Oliviero un petit rôle dans son film réalisé pour le Parti Communiste français, La Vie est à nous.

BIBLIOGRAPHIE : 

André Breton, Paul Éluard, Correspondance, Paris, 2019 -- Interview de Jean Carteret et Roger Knabe, in Revue du Centre International d’Astrologie, n° 12, avril 1954 -- Luis Bunuel, Mon Dernier Soupir, Paris, 1986)

WEBOGRAPHIE : https://www.andrebreton.fr/series/113