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SERMARTELLI, Michelangelo

Alcune composizioni di diversi autori in lode del ritratto della Sabina, Scolpito in Marmo dall’Eccellentissimo M. Giovanni Bologna, posto nella piazza del Serenissimo Grand Duca di Toscana

Florence, Bartolomeo Sermartelli, 1583

L’UN DES LIVRES LES PLUS IMPORTANTS DANS L’HISTOIRE DE LA SCULPTURE : L’ENLÈVEMENT DE LA SABINE SUSCITA UNE ADMIRATION IMMÉDIATE.

LA FAMEUSE SCULPTURE DE GIAMBOLOGNA NE PORTAIT AUCUN NOM AVANT D’ÊTRE DÉCRITE PAR LES POÈMES DE CE LIVRE.

EXEMPLAIRE DE BERNARD MALLE

ÉDITION ORIGINALE

Petit in-4 (221 x 159 mm). Armes des Médicis gravées sur bois imprimées sur la page de titre, bandeaux, initiales historiées ou à décor de feuillage et culs-de-lampe gravés sur bois
ÉTAT : premier cahier, celui de la préface, en PREMIER ÉTAT avec des fautes d’impressions corrigées à l’encre brune et que l’on retrouve corrigées sur l’exemplaire de la British Library, variation d’état jusqu’ici non signalée par les bibliographies
COLLATION : *6 A-F4 G2 (*6v et G2 blancs, comme il se doit) : (4) ff., 50 pp., (1) f.
ILLUSTRATION : 3 gravures sur bois imprimées à pleine page : l’une représente une célèbre vue gravée de la Piazza della Signoria et du Palazzo Vecchio, et sur les deux pages suivantes deux vues de la Sabine observée selon deux angles différents
RELIURE DU XIXe SIÈCLE. Cartonnage d’attente de papier bis, dos muet, non rogné
PROVENANCE : Bernard Malle (cachet)

Infimes taches éparses, petite restauration marginale ancienne aux derniers feuillets

Giambologna (Douai, 1529-Florence, 1608) fut le plus grand sculpteur maniériste italien. La sculpture monumentale dont il est l’auteur est considérée par Henry Ogden Avery comme "le sommet de sa carrière en tant que sculpteur sur marbre” (Avery Architectural Library). L’œuvre fut révélée le 15 janvier 1583 et unanimement saluée. Cette statue colossale reçut bientôt le nom d’Enlèvement de la Sabine, car elle n’en portait pas encore. Raffaello Borghini (1537-1588), en rapporta les circonstances dans son dialogue sur les arts en 1584, Il Riposo (Florence, Giorgio Marescotti) :

“goaded by the spur of virtue, [Giambologna] set out to show the world that he knew how to make not only ordinary marble statues, but also many together, and the most difficult that could be done, and that he knew where all the art of making nudes lay (showing defeated senescence, robust youth, and feminine refinement). Thus he depicted, only to show the excellence of art, and without intending any historia, a fierce youth abducting a most beautiful maiden from a weak old man ; and this marvelous work, having been brought almost to completion, was seen by his Highness Grand Duke Francesco Medici, who, admiring its beauty, decided that it should be placed where we now see it. And since figures aren't brought out in public without a name, [Francesco] asked Giambologna to come up with some speakable invention for his work”

Bernardo Vecchietti (1514-1590), célèbre client de Giambologna, finança la publication de ce livre en octobre 1583. L’ouvrage comporte des poèmes d’éloge, deux gravures sur bois représentant les scultpures, à pleine page, et une vue très precise de la fameuse Piazza, montrant la nouvelle sculpture installée in situ aux côtés de celles déjà présentes. Dans la gravure, une légende précise les auteurs et les sujets de ces chefs-d’œuvre de la sculpture de la Renaissance.

Ces poèmes, à la gloire de l’Enlèvement de la Sabine de Giambologna, furent rédigés par Vincenzo Alamanni (1536-1590), l’ambassadeur des Médicis à la Cour de France, Bernardo Vecchietti, Bernardo Davanzati (1529-1606), traducteur de Tacite, Cosimo Gaci (1550-1619), poète qui traduisit les œuvres de Thérèse d’Ávila, le chevalier Gualtieri, poète originaire d’Arezzo, Piero di Gherardo Capponi, co-auteur d’Il Riposo (il mourut en 1586), etc. D’autres poèmes d’éloge furent aussi publiés dans un recueil de vers latins écrit par Grazio Maria Grazi et publié par Georges Marescot un an plus tard.

Le travail de Giambologna était destiné à susciter l’écriture. Une telle approche d’une œuvre sculptée était tout à fait nouvelle et appelait un certain ingegno. Tout l’esprit de cette sculpture réside en partie dans les diverses interprétations possibles de sa complexe exécution. La statue était conçue de manière à ce que la scène représentée change selon l’angle depuis lequel elle était observée. Les savants considérèrent longtemps l’Enlèvement de la Sabine comme l’idéal de la sculpture, “belle de tous côtés” (cf. L. A. Larsson, Von allen Seiten gleich schön, Stockholm, 1974). Certains remarquèrent que les deux gravures sur bois de l’époque, publiées ici avec les poèmes sur la Sabine, montrent en effet les personnages sous deux perspectives différentes. L'impression de ces gravures devait rendre compte de l’ambition des poèmes eux-mêmes, qui soulignent les différents aspects, parties et significations de l’action sculptée. La célèbre statue doit son nom à ce livre, conçu comme un “portrait de la Sabine”.

En 1584, Andrea Andreani (1540-1623) publia quatre bois gravés. Trois représentent des sculptures de Giambologna et un le bas-relief sur son socle, qui sont parmi les gravures les plus connues de l’artiste. Les deux premières semblent avoir été modelées non pas d’après nature, mais d’après les deux gravures sur bois de la sculpture dans ce livre. C’est ici la première tentative, inégalée, de figurer par la gravure la nature tridimensionnelle d’une sculpture.

BIBLIOGRAPHIE : 

USTC 805784 -- Mortimer, Italian Books, II, 478 -- Cicognara, I, 1016 -- Thieme-Becker, IV, pp. 249, 252