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La Grande Galerie de Versailles, les deux salons qui l'accompagnent, peints par Charles Le Brun
LA GALERIE DES GLACES EN GRAVURE : THE BIRTH OF A NATION.
BEL EXEMPLAIRE, DANS UNE LUXUEUSE RELIURE DE PADELOUP À GRANDE DENTELLE, PRÉSENTANT EN GRAVURES L’UNE DES PLUS CÉLÈBRES RÉALISATIONS DE L’ART FRANÇAIS
ÉDITION ORIGINALE de l’Avertissement et premier tirage des planches
Grand in-folio (745 x 492mm)
COLLATION ET ILLUSTRATION : 1 portrait de Jean-Baptiste Massé par Louis Tocqué gravé par Jean-Georges Wille et contrecollé en frontispice (492 x 345mm), 1 feuillet de titre avec armes royales gravées au centre (530 x 380mm) placé dans une grande fenêtre découpée dans le deuxième feuillet et bordé d’un bel encadrement de rinceaux de feuillages dessinés à la plume dans l’encadrement d’un filet à l’encre de Chine, Avertissement de 20 pp. de texte sur 10 feuillets, les deux feuillets des pp. 5-8 placés dans les fenêtres de deux feuillets d’origine montés à l’époque de la reliure, chaque page de texte est placée dans un encadrement de godrons gravé sur bois, ce texte décrit les scènes des LII planches ; 55 planches sur 52 feuillets, quelques-unes à double-page, toutes dessinées par Jean-Baptiste Massé et gravées sur cuivre par Cochin, Dupuis le Jeune, Tardieu, Preisler, Beauvais, Cars, Simonneau, Duflos, Surugue, Thomassin, Aveline, Ravenet, Sornique, Audran, Desplaces, Aubert, Jean-Michel Liotard, toutes les planches sont montées sur onglets et numérotées 2-52
PIÈCE JOINTE : avec un portrait de Charles Le Brun par Nicolas de Largillière et gravé par Gérard Edelinck, également monté sur onglet entre la première et la deuxième planche
RELIURE STRICTEMENT DE L’ÉPOQUE SIGNÉE DE PADELOUP (étiquette contrecollée au pied de la page de titre)1. Maroquin rouge, grand décor doré, large dentelle aux petits fers, double encadrement, dos à nerfs très orné, tranches dorées
La Grande Galerie, devenue plus tard Galerie des Glaces, est conçue et construite sur des plans de Jules Hardouin-Mansart de 1678 à 1684. L’installation de Louis XIV à Versailles datant du 6 mai 1682, la Cour vécut avec des échafaudages qui disparurent en 1684. Depuis longtemps, Colbert avait élaboré un programme décoratif dédié à glorifier son Roi grâce à l’aide de sa Petite Académie, créée en 1663, sorte de cénacle d’intellectuels qui se réunissait dans son hôtel parisien, rue des Petits-Champs. Pour concevoir la Grande Galerie, Colbert associa au peintre Charles Le Brun l’équipe de la Petite Académie dirigée par l’abbé Paul Tallemant (1642-1712). Ce dernier composa les “inscriptions” - ou titres des peintures - en latin, langue encore universelle de l’Europe savante. Elles furent peintes dans la voûte en septembre 1683. La disparition de Colbert, le 6 septembre 1683, changea la donne. Louvois devint en effet le nouveau grand organisateur de la politique culturelle de Louis XIV. Louvois, aidé de François Charpentier, auteur de L’Excellence de la langue française, décida de modifier les titres et de les écrire cette fois en français. Pour Louvois, les titres des fresques doivent refléter la suprématie du règne de Louis XIV sur les arts et sur le monde. Cette gloire passe par la langue française qui est celle des “dames et de la plupart des courtisans de l’Europe (…) Toutes les Dames ont été ravies de ce changement qui leur donne le moyen de lire avec admiration” (Mercure galant, janvier 1685). Les cartouches sont dessinés par Charles Le Brun et réalisés par le sculpteur Philippe Caffiéri (1634-1716). Mais ces titres déplurent par leur emphase excessive et le “gros Charpentier” (Boileau) fut désavoué par l’opinion et par Louvois lui-même. Entre septembre et novembre 1685, un compromis devint nécessaire. Le Roi chargea Louvois de solliciter les talents de véritables poètes : Nicolas Boileau et Jean Racine.
“M. de Louvois fit entendre à sa Majesté que ces inscriptions déplaisaient fort à tout le monde ; et pour mieux lui montrer que c’était avec raison me pria de faire sur cela un mot d’écrit qu’il pût montrer au Roi. Ce que je fis aussitôt. Sa Majesté lut cet écrit avec plaisir, et l’approuva. De sorte que la saison l’appelant à Fontainebleau, il ordonna qu’en son absence on ôtât toutes ces pompeuses déclamations de Monsieur Charpentier, et qu’on y mît des inscriptions simples, qui y sont, que nous composâmes presque sur le champ, Monsieur Racine et moi, et qui furent approuvées par tout le monde (…) Les inscriptions doivent être simples, courtes, et familières. La pompe ni la multitude des paroles n’y valent rien, et ne sont point propres au style grave, qui est le vrai style des Inscriptions” (Nicolas Boileau, Discours sur le style des inscriptions, Paris, 1960, p. 193).
Lors de la Révolution, toutes les inscriptions furent effacées. Sous la Restauration, on repeignit les titres en lettres dorées sur fond sombre. Puis une seconde transformation du XIXe siècle éloigna encore le plus grand ensemble pictural français de l’état “Boileau-Racine” des inscriptions. En juillet 2004 débuta la restauration passionnante de la Galerie des Glaces remarquablement décrite par Florence Vuilleumier Laurens et Pierre Laurens. Cette restauration a permis la redécouverte du “grand livre de l’histoire du Roi” qu’est la Galerie des Glaces, en sorte que l’œuvre grandiose de Charles Le Brun marque bien la naissance “moderne” de la nation France.
Pour fixer une fois pour toutes la gloire du Grand Roi, ce “grand livre” de son histoire devait être gravé. Jean-Baptiste Massé (1687-1767), artiste et graveur talentueux, avait entrepris l’ouvrage immense de graver la Galerie des Glaces dans un format imposant. Il reçut le soutien de Louis-Antoine de Pardaillan (1665-1736), duc d’Antin, surintendant des Bâtiments du Roi, qui lui fournit le brevet exclusif nécessaire à son projet.
“Au XVIIIe siècle, Jean-Baptiste Massé avait en effet eu l’initiative de faire graver le décor de la galerie des Glaces, projet qui avait échoué au XVIIe siècle à cause du déclenchement de la guerre de la ligue d’Augsbourg, qui fit drastiquement chuter les crédits affectés aux Bâtiments du roi. Massé mit trente ans pour mener le projet à bien : l’album Massé constitue depuis la référence obligée pour toute étude approfondie du décor de la galerie des Glaces.” (site Versailles, cf. infra)
Dans son Abecedario, Pierre-Jean Mariette (1694-1774) écrit : “Massé conçut le dessein en 1723 de faire graver les peintures de Le Brun dans la Galerie de Versailles (…) on lui permit de faire dresser des échafaux (…) il assistait les dessinateurs, les dirigeait, dessinait lui-même (…) les dessins terminés, il fit choix des meilleurs graveurs” (cité par Campardon, pp. 13-14). Cet auteur ajoute alors : “la Grande Gallerie de Versailles (…) formait un volume in-folio contenant les gravures accompagné d’un petit livret explicatif où se trouvait le détail des tableaux reproduits, l’indication du sujet et une préface intéressante de Massé”. Il souligne la difficulté de graver la Galerie des Glaces dans son sens d’origine et non inversement : “les gravures ont emporté un espace de plus de vingt années sans qu’il y ait lieu de s’en étonner, si on considère premièrement qu’on se soit assujetti à graver tout au miroir pour rendre les actions à droite comme elles sont dans les tableaux”. La création des gravures fut si lente qu’elle lassait les graveurs souvent contraints de laisser finir leurs épreuves par un autre artiste, faute de temps. Louis XV acquit pour 50.000 livres les dessins de Massé ; ils sont aujourd’hui au Louvre.
L’ouvrage connut davantage de succès à la Cour qu’à Paris. Le Roi acheta dix-sept exemplaires pour la somme 9.687 livres qui furent, comme celui-ci, parés d’une reliure luxueuse par Padeloup. Dans son testament du 2 octobre 1765, tel que publié dans l’ouvrage de Campardon, Massé donna à certains de ses amis peintres et artistes, dont Charles-Nicolas Cochin, Boucher, Lemoyne ou Pigalle, des exemplaires sous portefeuille des planches de sa Grande Gallerie. Un codicille plus tardif précise une nouvelle fois les destinataires prestigieux ou amis auxquels Massé réservait ses exemplaires.
Comme les Conquêtes de l’Empereur de Chine dues au burin de Cochin, Jean-Baptiste Massé imprima de grands exemplaires sur un papier nommé “Grand Louvois” commandé à un papetier étranger et réservé aux cartes et plans de l’administration royale (cf. https://agorha.inha.fr/detail/772). Le codicille du testament nous apprend qu’il adjoignait à ces exemplaires sur “Grand Louvois” le portrait de Charles Le Brun, comme ici (op. cit., p. 178). On connaît un exemplaire en “grand papier de Hollande”, le “Grand Louvois”, en maroquin vert à large dentelle et aux armes de Madame Victoire et un autre, “in-folio grand aigle” cette fois, en maroquin rouge à large dentelle aux armes de Madame de Pompadour, tous deux cités par Quentin-Bauchart (Les Femmes bibliophiles, t. II, p. 74 et 163 et Campardon, p. 194). Quelques exemplaires non pliés, comme celui de Madame de Pompadour, furent imprimés pour le Roi et sa famille (Campardon, op. cit., p. 194).
La Grande Gallerie fut souvent diffusée sans son texte. L’exemplaire du Getty le possède. Celui de la collection de Hubert de Givenchy en était dépourvu (Paris, juin 2022, n° 1102) comme, semble-t-il, l’exemplaire passé en vente à Paris il y a une quinzaine d’années (9 mars 2009, n° 14, € 19.200, sans les portraits). On connaît aujourd’hui trois exemplaires de très grand format, aux planches non pliées, et reliés par Padeloup, comme celui de Madame de Pompadour ou celui passé dans le commerce en 2010 (cf. Biennale 2010, Librairie Lardanchet, €220.000).
pas dans Cohen-de Ricci -- J.-C. Brunet, Manuel du libraire, III, col. 909 : “le papier qu’on a employé (…) est en général fortement taché de roux” -- Jean-Gérard Castex, Graver Le Brun au siècle des Lumières : le recueil gravé de la Grande galerie de Versailles de Jean-Baptiste Massé. Thèse sous la dir. de Christian Michel. Paris, 2009 -- E. Campardon, Un Artiste oublié, J.-B. Massé, Paris, 1880 -- Florence Vuilleumier Laurens et Pierre Laurens, “La découverte et le déchiffrement des inscriptions latines de la Galerie des Glaces à Versailles”, Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, 2007, pp. 57-164 -- Virginie Bar, ““Le grand livre de l’histoire du roi”, Versailles. La galerie des Glaces”, Dossier de l’Art, n° 66, 2000, p. 26-74.
WEBOGRAPHIE : https://galeriedesglaces-versailles.fr/html/11/collection/intro.html