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RODIN, Auguste

L'Art. Entretiens réunis par Paul Gsell

Paris, Bernard Grasset éditeur, 1911

PASSIONNANT OUVRAGE RECUEILLANT LES ENTRETIENS D’AUGUSTE RODIN SUR L’ART ET LA SCULPTURE.

BEL EXEMPLAIRE AVEC UN ENVOI DE RODIN À SA FEMME, ROSE BEURET

ÉDITION ORIGINALE
In-8 (215 x 153mm)
ILLUSTRATION : nombreuses photographies à pleine page ou en bandeaux
ENVOI autographe signé :
À ma chère femme et amie
Auguste Rodin

PIÈCE JOINTE : montée en tête du volume, une lettre autographe signée d’Auguste Rodin, 1 p. in-8, encre brune :
Ma chère Rose
pour notaire j'ai 8 jours passés à Paris. Profite en pour te sauver un peu. Je serai content si tu le fais va voir ta cousine,
fais quelques promenades. Ton Auguste

BROCHÉ sous sa couverture d’origine

Quelques piqûres en début d’ouvrage

Les éditions Grasset ont souvent réédité L’Art de Rodin et encore récemment avec cette mention publicitaire : “ceux qui ont eu le bonheur d'approcher Rodin et de l'entendre parler, comme il s'exprime dans ses entretiens avec Gsell, ont plus d'une fois été frappés par le solide bon sens et la subtilité d'esprit de ce rude manieur de pierre”. L’ouvrage d’entretien est ainsi devenu l’un des grands classiques des écrits sur l’art.

Cet exemplaire est dédicacé par le sculpteur à sa femme, Rose Beuret. Quand elle rencontre Rodin en 1864, cette fille aînée d'une famille de vignerons champenois n'a aucune instruction, sachant lire mais à peine écrire. À l’époque, Rodin travaillait au fronton du théâtre des Gobelins. Elle gagne un peu d'argent chez Mme Paul, pour qui elle confectionne des fleurs artificielles et des plumes de chapeaux. Le matin, elle pose pour les artistes. Lui, le fils de garçon de bureau à la préfecture de police, n'a qu'une obsession : la sculpture. Jusqu'alors, il n'avait employé que “Bibi”, un pauvre homme au visage meurtri qui balaie son atelier pour quelques sous. Il en résultera son premier chef-d'œuvre, “L'homme au nez cassé”, qui ne cassera pas des briques au Salon de Paris en 1875.

L'irruption de Rose dans sa vie est une chance, Auguste n'a pas les moyens de se payer des modèles professionnels. “Elle s'est attachée à moi comme une bête”, confiera-t-il plus tard. Son minois de petit chat lui inspire plusieurs de ses grandes œuvres la jolie Jeune femme au chapeau fleuri (1864), Mignon en 1869, Bellonne en 1878. Elle lui donne un fils, Auguste. Rodin ne le reconnaîtra jamais. Rose, c'est d'abord la compagne de galère.

“J'abattais mes quatorze heures quotidiennes et je ne me reposais que le dimanche, note le sculpteur. Alors ma femme et moi allions dans quelque guinguette prendre un gros repas, à 3 francs pour nous deux, qui était notre récompense pour la semaine.”

En 1871, Carrier-Belleuse, le sculpteur à la mode, emmène Rodin en Belgique. À Rose de veiller sur l'atelier et de couver les ébauches :

“Soigne bien mes cires, lui écrit-il. Quand tu mouilleras ma figure, ne la mouille pas trop pour que les jambes ne soient pas trop molles. Je suis content que tu soignes mes plâtres et mes terres.”

Auguste Rodin se décide à épouser Rose Beuret, le 29 janvier 1917. Il a soixante-dix-sept ans ; elle, soixante-treize. Union touchante de deux vieillards. Pourtant, Rodin a trompé Rose bien des fois, avec Camille Claudel, Gwenn John, avec la duchesse de Choiseul et d’autres encore.

Sur une photo prise dans leur jardin, Rose a le regard perdu et des airs de vieille paysanne transie dans son châle noir. Elle s'éteint des suites d'une pneumonie deux semaines après leur mariage. À petits pas d'infirme, Auguste va la contempler sur son lit de mort : “Elle est belle comme une statue.” Triste et silencieux, affaibli, le virtuose ne travaille plus. Il meurt le 17 novembre 1917, reclus dans sa villa des Brillants. Englué dans la guerre, le gouvernement exclut la possibilité de funérailles nationales. Auguste et Rose reposent côte à côte à Meudon, dans une tombe scellée d'un immense Penseur. Inséparables.