Cadmus et Hermione, tragédie mise en musique Par Monsieur de Lully... représentée pour la première fois, devant le Roy, à Saint-Germain-en-Laye, en l'Année 1674. Partition générale, imprimée pour la première fois

Paris, J.-B.-Christophe Ballard, 1719

LE PREMIER OPÉRA FRANCAIS.

RARE ET BEL EXEMPLAIRE RELIÉ EN MAROQUIN ROUGE DE L'ÉPOQUE.

EXEMPLAIRE ANDRE MEYER

PREMIERE ÉDITION de la musique et du texte. Le livret de Quinault avait été publié en 1674 par le même Ballard

In-folio (388 x 255mm)
Vignette aux fleurs de lys gravée sur la page de titre. Bandeaux, initiales et culs-de-lampe gravés sur bois. Faux-titre, table, liste des personnages, annonce de l'éditeur, extrait de privilège à la fin de l'ouvrage
COLLATION : a e² A-Z ²A-X²

RELIURE DE L'EPOQUE. Maroquin rouge, décor doré à la Du Seuil, dos à nerfs très orné, tranches dorées
PROVENANCE : Patu (signature du XVIIIe siècle, à l'encre sur l'une des gardes) -- Alfred Régnier, 3e duc de Massa (1837-1913 ; ex-libris) : compositeur de musique, notamment d'opéra et d'opérette. Il avait fait installer un théâtre dans son château de Franconville où il interprétait ses oeuvres. Il y recevait César Franck, Camille Saint-Saëns et Alfred Cortot

Cadmus et Hermione fut représenté au Jeu de Paume du Béquet, près du Luxembourg, mi-avril 1673, avec des décors de Carlo Vigarani. Le 27 avril, le Roi en personne, avec plusieurs membres de sa famille et de son proche entourage, assistèrent à la tragédie. Il en fut fort content : "la compagnie sortit extraordinairement satisfaite de ce superbe spectacle" (Gazette de France, 29 avril 1673). Dès le lendemain, Louis XIV délogeait la troupe de Molière (mort deux mois plus tôt) et celle des comédiens italiens, en octroyant à Lully la salle du Palais-Royal. Cadmus et Hermione fut l'année suivante joué devant la Cour à Saint-Germain. Cette première des quatorze "tragédie(s) mise(s) en musique" qui révêla Lully, devait son livret à Philippe Quinault. C'est aussi, évidemment, leur première collaboration. Ainsi le musicien italien rompait avec la comédie-ballet, et donc avec Molière, quelques mois après sa mort.

L'histoire de Cadmus et Hermione s'inspire d'un passage des Métamorphoses d'Ovide. L'opéra connut un triomphe immédiat. Dès ce premier essai, Lully sut fixer le schéma de ses tragédies mises en musique : un prologue et cinq actes. Encore influencé par la forme des comédies-ballets, Lully remplace la déclamation du texte par des récitatifs, entrecoupés d'airs et de ballets. L'influence de la commedia dell'arte est sensible notamment grâce à l'intervention de deux personnages comiques : le compagnon poltron et la vieille nourrice amoureuse des jeunes hommes. On connaît quelques copies manuscrites de cette œuvre.

Cette édition de 1719, la première, entendait fixer une fois pour toutes une forme musicale dont le succès ne se démentit pas tout au long du XVIIIe siècle. Cadmus et Hermione avait fixé les bases de l'art lyrique français qui disparut à fin du siècle suivant pour réapparaître avec Pelléas et Mélisande. C'est l'une des œuvres les plus rares de Lully (aucune autre trace d'un passage en vente aux enchères dans les cinquante dernières années), a fortiori dans une belle reliure en maroquin d'époque.

On sait qu’il ne subsiste aucun manuscrit autographe de la musique de Lully.

BIBLIOGRAPHIE :

RISM L 2978 -- Hirsch, II, 537