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COULANGES, Philippe-Emmanuel, marquis de

Recueil de chansons choisies divisées en deux parties

Paris, Chez Simon Benard, 1694

RARE. LES CHANSONS DU MARQUIS DE COULANGES, CE COUSIN SI AIMÉ DE LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ

ÉDITION ORIGINALE

2 parties en un volume in-12 (155 x 87mm). Marque typographique sur la page de titre, bandeaux, fleurons et culs-de-lampe gravés
CONTENU : sans donner le titre des nombreuses chansons, on remarquera celles qui évoquent le monde de la marquise de Sévigné : p. 37 : "Pour Madame la comtesse de Grignan revenant à Paris", pp. 45-51 : les trois "Adieu des États de Bretagne", p. 112 : "À M. de Grignan", et surtout, pp. 186-187 : "À Madame la marquise de Sévigné charmée de la lecture d'Homère"

ANNOTATION : une note manuscrite de l'avertissement fut autrefois attribuée à Pierre Louÿs. Elle précise, à propos de Corbinelli, autre personnage remarquable de l'entourage de la marquise, le titre d'un de ses livres : Tite Live réduit en maximes, 1695, Avertiss. sign. e
RELIURE VERS 1750. Veau marbré, dos long orné et doré d'un fer à motif de rosace, tranches marbrées

Pâles rousseurs. Quelques éclats au dos

Philippe-Emmanuel de Coulanges (1633-1716) était le cousin germain, l'ami d'enfance et le compagnon de jeu de la marquise de Sévigné. Sa mère, née Marie de Coulanges (1603-1633), avait pour frère Philippe de Coulanges (1595-1659), marié à une Ormesson. Ils sont tous deux les neveux et nièces de Christophe de Coulanges (1607-1687), ce sympathique abbé de Livry, de dix-neuf ans plus âgé que la marquise. Elle le surnommait le "Bien Bon". Il l'accompagna dans la plus grande partie de ses voyages et séjours en province. Jusqu'à sa mort en 1687, il sera l'homme d'affaire de Madame de Sévigné si tôt orpheline. Car les Coulanges sont riches. Bourgeois récemment anoblis, c'est à eux que l'on doit l'hôtel Carnavalet. Ils sont gens de finances "enrichis dans les fermes des impôts et les fournitures aux armées. Chez eux, la future Mme de Sévigné apprit à tempérer les valeurs aristocratiques et à connaître celle de l'argent." (Roger Duchêne). Surtout Coulanges est l'un des destinataires favoris de Madame de Sévigné (près de cinquante lettres). Il est celui qu'elle cherche à impressionner. Coulanges, on le sait, reçoit la célèbre lettre du 15 décembre 1670 annonçant le mariage de la Grande Mademoiselle avec Lauzun : "Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse", etc.

Philippe-Emmanuel de Coulanges composa des poésies – plutôt des bouts-rimés – qu'il mit en chansons sur des airs connus. Il fut célèbre en son temps. Cette tradition française de littérature orale, art poétique de Cour dans la lignée d'Eustache Deschamps, trouve avec Coulanges sa plus parfaite expression au Grand Siècle. Sa notoriété alla jusqu'à la Cour de Rome puisqu'il y accompagna l'ambassade du duc de Chaulnes, autre ami de la marquise. Cette édition originale, pièce de littérature légère au milieu des rigueurs du classicisme froid des années 1690, est rare. Aucun exemplaire n'a été vendu sur le marché des ventes aux enchères depuis 1977. Mme de Coulanges annonce à sa cousine la publication de ce recueil de chansons par une lettre du 19 novembre 1694 : "il paraît dans le monde un livre imprimé de ses chansons et, à la tête du livre, un éloge admirable de sa personne" (Pléiade, III, p. 1069). Il sera réédité dès 1698, avant d'être oublié. C'est là souvent le destin de ce type de littérature, de poésie occasionnelle.