Pierre CORNEILLE

La vie de Pierre Corneille

Né le 6 juin 1606 à Rouen dans une famille de magistrats, Pierre Corneille suit des études de droit avant de devenir avocat dans sa ville natale. Mais très vite, sa passion pour la littérature et le théâtre l’emporte sur sa carrière juridique. Il écrit sa première pièce, Mélite, en 1629, ouvrant la voie à une carrière exceptionnelle qui comptera trente-deux pièces, entre comédies, tragi-comédies et tragédies.

Corneille connaît la consécration en 1637 avec Le Cid, une tragi-comédie inspirée de la tradition espagnole, qui rencontre un immense succès public mais suscite aussi la fameuse « querelle du Cid » parmi les théoriciens du théâtre. Malgré les critiques, Corneille poursuit sa carrière, alternant comédies et tragédies historiques, et s’impose comme un dramaturge incontournable du Grand Siècle.

Il occupe également des fonctions officielles, notamment comme avocat et procureur, mais reste profondément attaché à la création théâtrale. Il s’éteint à Paris le 1er octobre 1684, laissant derrière lui une œuvre majeure et une influence durable sur la littérature européenne.

L’œuvre de Corneille

L’œuvre de Pierre Corneille se distingue par sa richesse et sa diversité. Il renouvelle la comédie en s’éloignant des stéréotypes pour peindre avec réalisme la vie bourgeoise, puis révolutionne la tragédie en y introduisant des personnages complexes, confrontés à des choix moraux fondamentaux — le fameux « dilemme cornélien ».

Les comédies et tragi-comédies

• Mélite (1629) : première pièce de Corneille, qualifiée de « comique ».
• La Place royale (1634) : comédie sur les jeux de l’amour et du pouvoir.
• L’Illusion comique (1636) : tragi-comédie baroque, chef-d’œuvre d’invention théâtrale.
• Le Menteur (1644) : comédie à succès inspirée de la tradition espagnole.

Les grandes tragédies

• Le Cid (1637) : tragi-comédie qui met en scène le conflit entre l’amour et l’honneur, incarné par Rodrigue et Chimène.
• Horace (1640) : tragédie historique sur la rivalité entre Rome et Albe, et le sacrifice pour la patrie
• Cinna (1641) : tragédie politique sur la clémence et le pouvoir.
• Polyeucte (1643) : tragédie de la foi et du martyre.
• Rodogune (1647), Héraclius (1647), Nicomède (1651) : tragédies historiques et politiques où s’affrontent passions, dynasties et questions d’identité.

Un style et une influence uniques

Corneille impose un style puissant, rythmé par l’alexandrin, et célèbre pour ses tirades et maximes devenues célèbres. Le théâtre de Corneille explore les thèmes de l’honneur, du devoir, de la liberté, du pouvoir et du sacrifice, à tel point que son oeuvre a donné naissance à l’expression « dilemme cornélien », qualifiant une opposition irréductible entre deux valeurs essentielles. Ses héros, souvent déchirés entre passion et devoir, incarnent un idéal de grandeur morale qui inspirera les écrivains des Lumières et les romantiques du XIXe siècle.

L’héritage de Corneille

Pierre Corneille a profondément transformé le théâtre français. Il a su marier la rigueur des règles classiques à la force de l’invention dramatique, créant des personnages inoubliables et des situations d’une grande intensité émotionnelle. Son influence s’étend bien au-delà du XVIIe siècle, inspirant Victor Hugo, Alfred de Vigny et de nombreux dramaturges modernes.

Aujourd’hui encore, ses pièces sont régulièrement jouées et étudiées, témoignant de la modernité de sa réflexion sur l’homme, la société et les conflits de valeurs.

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