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MABLY, Gabriel Bonnot, abbé de

De la manière d'écrire l'histoire

Paris, Alexandre Jombert jeune, 1783

THÉORIE DE L’HISTOIRE PAR LE FRÈRE DE CONDILLAC QUI FUT UN ANTIPHYSIOCRATE CONVAINCU.

BEL EXEMPLAIRES AUX ARMES D’UNE FEMME DE TÊTE AU XVIIIE SIÈCLE : LA PRINCESSE DE LIGNE, NÉE

ÉDITION ORIGINALE

In-12 (168 x 95mm)
COLLATION : [4]-342-[2]
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Veau marbré brun, décor doré, armes au centre des plats, encadrement d’un triple filet, dos lisse orné et doré, tranches rouges
PROVENANCE : Henriette-Eugénie de Béthisy de Mézières, Princesse de Ligne (1710-1787 ; Olivier-Hermal-de Rotton, Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises, planche 15).

Henriette-Anne-Eugénie de Béthisy de Mézières, Princesse de Ligne, mourut à Paris au Palais des Tuileries. Elle avait épousé Claude-Lamoral-Hyacinthe-Ferdinand, Prince de Ligne, marquis de Moÿ et de Dormans (1683-1755), petit-fils de Claude Lamoral de Ligne, 3e Prince de Ligne (1618-1679), qui avait épousé Klara Maria von Nassau-Siegen et dont viendra la branche aînée des Ligne de Belœil. Le Claude-Lamoral de ce livre était lui-même fils de Procope-Hyacinthe, Prince de Ligne (1659-1723) et d’Anne-Catherine de Broglie (morte en 1701).

Cette Princesse de Ligne semble avoir possédé un goût certain pour les lectures audacieuses. On connaît d’elle le joli exemplaire des Liaisons dangereuses de la vente Jacques Guérin (Livres anciens exceptionnels. Provenances illustres, Paris, 1990, n° 30). Cette branche des Ligne faisait, dans leurs armoiries, fond sur les grandes armes de Lorraine en raison de l’héritage d’un grand-oncle Lorraine (cf. P. Anselme, Histoire généalogique et chronologique, Paris, 1723, t. VIII, p. 38 et 39). Elle vivait dans un grand luxe entourée d’objets raffinés. On la sait par exemple cliente du célèbre orfèvre Pierre Germain, dit le Romain (1703-1783 ; http://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/pierre-germain-dit-romain-1703-1783)

Le père de cette Princesse de Ligne, le marquis de Mézières (1656-1721) fut lieutenant-général, gouverneur d’Amiens et capitaine de la Gendarmerie royale. On ne peut, comme souvent, résister à citer le délicieux Saint-Simon :

“Mezières, capitaine de gendarmerie, estimé pour son courage et pour son application à la guerre, épousa une Anglaise, dont il était amoureux, qui était catholique. Elle s'appelait Mlle Oglthorp. Elle était bien demoiselle, mais sa mère avait été blanchisseuse de la reine, femme du roi Jacques II, et M. de Lauzun [beau-frère de Saint-Simon] m'a dit souvent l'avoir vue et connue dans cette fonction à Londres. Elle avait beaucoup de frères et de sœurs dans la dernière pauvreté. Elle avait beaucoup d'esprit insinuant, et se faisant tout à tous, méchante au dernier point et intrigante également, infatigable et dangereuse. Elle a eu des filles de ce mariage qui ne lui ont cédé sur aucun de ces chapitres ; dont elles et leur mère ont rendu et rendent encore des preuves continuelles avec une audace, une hardiesse, une effronterie qui se prend à tout et n'épargne rien, et qui a mené loin leur fortune.

Mezières était un homme de fort peu, du nom de Béthisy, dont on voit l'anoblissement assez récent (…) Avec cette naissance, la figure en était effroyable ; bossu devant et derrière à l'excès, la tête dans la poitrine au-dessous de ses épaules, faisant peine à voir respirer, avec cela le squelette et un visage jaune qui ressemblait à une grenouille comme deux gouttes d'eau. Il avait de l'esprit, encore plus de manège, une opinion de lui jusqu'à se regarder au miroir avec complaisance, et à se croire fait pour la galanterie. Il avait lu et retenu. Je pense que la conformité d'effronterie et de talent d'intrigue fit un mariage si bien assorti (…) Sa fortune, qui lui donna un gouvernement et le grade de lieutenant général, le rendit impertinent au point de prétendre à tout et de le montrer. Il en demeura là pourtant avec tous ses charmes, et se fit peu regretter des honnêtes gens. Sa femme, depuis, a bien fait des personnages, et à force d'artifices a su marier ses filles hautement, et bien faire repentir leurs maris de cette alliance” (Mémoires, Paris, Hachette, 1856, t. V, ch. XX, p. 362).

BIBLIOGRAPHIE : 

Einaudi I, 3554 -- Spengler, Économie et population, les doctrines avant 1800, p. 316