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SCHŒLCHER, Victor

Abolition de l’esclavage. Examen critique des préjugés contre la couleur des Africains et des sang-mêlés

Paris, Pagnerre, 1840

LIVRE CAPITAL DANS L’HISTOIRE DE L’ANTIESCLAVAGISME EUROPÉEN.

ENVOI DE VICTOR SCHŒLCHER À L’AVOCAT ADOLPHE GATINE : DEUX FIGURES MAJEURES

DANS LA LUTTE CONTRE L’ESCLAVAGE EN FRANCE.

EN FRANÇAIS DANS LE TEXTE, N° 257.

BEL EXEMPLAIRE

ÉDITION ORIGINALE dédiée “au peuple”

In-12 (136 x 86 mm). Mention fictive de deuxième édition sur la couverture, comme sur les exemplaires de la Library of Congress et de la Goldsmiths' Library
COLLATION : 187 pp. ; catalogue de l’éditeur : 16 pp.
ENVOI autographe signé :

Offert à Mr. Gatine
par l’auteur
V. Schœlcher

RELIURE SIGNÉE DE BERNARD BICHON. Dos à nerfs et coins de maroquin brun, couverture et dos conservés, non rogné
PROVENANCE : Adolphe Ambroise Alexandre Gatine (1805-1864 ; envoi) -- André Roumieux (1932-2020 ; ex-libris)

RARETÉ :

1) du livre
– deux exemplaires sur le marché des ventes aux enchères : Paris, 2018, demi-toile de l’époque, très roussi, €1.390 avec frais -- Paris, 2019, broché, €2.800 avec frais. Rien dans le fichier Berès concernant ce titre
– sept exemplaires en bibliothèque selon ViaLibri : quatre en France : BnF, Mazarine, Institut catholique de Paris, quai Branly. Un exemplaire au Royaume-Uni : Goldsmiths’ Library. Manque à la British Library. Deux exemplaires aux États-Unis : Library of Congress et Harvard. Manque à la New York Public Library, Morgan Library, Columbia, Michigan, Chicago, Princeton, Yale et Austin, qui renvoient toutes à l’exemplaire digitalisé de la Library of Congress ou à celui de la Goldsmiths' Library

2) de l’envoi
– sur le marché : aucun envoi enregistré sur ce livre dans les répertoires internet de ventes aux enchères (RBH, ABPC, Gazette Drouot) depuis 1977
– aucun envoi conservé dans les bibliothèques selon ViaLibri
– fichier Berès : en janvier 1993, la librairie Chamonal proposait un envoi de Victor Schœlcher sur un autre titre, Des Colonies françaises (1842), marqué FF8.500

Quelques très minimes rousseurs

Nelly Schmidt, célèbre historienne de l’esclavage et de ses abolitions, présentait ainsi cet ouvrage majeur dans l’histoire de l’antiesclavagisme, lors de l’exposition En français dans le texte à la Bibliothèque nationale de France en 1990 :

“Au terme de deux voyages au Mexique, aux États-Unis, à Cuba en 1829-1830 puis dans l’ensemble des Caraïbes insulaires en 1840-1841, Schœlcher publia une série d’ouvrages et d’articles déterminants pour la connaissance des sociétés de cette région du monde. Il y préconisait l’abolition de l’esclavage et soumit les systèmes coloniaux à une rigoureuse analyse critique. Citons notamment De l’Esclavage des Noirsetde la législation coloniale (1833), Abolition de l’esclavage (1840), Des Colonies françaises. Abolition immédiate de l’esclavage (1842), Colonies étrangères et Haïti (1842-1843) et Histoire de l’esclavage pendant les deux dernières années (1847). [… ] Abolition de l’esclavage ; examen critique des préjugés contre la couleur des Africains et des sang-mêlés, dédié « Au peuple », valut à Victor Schœlcher [1804-1893] le prix de la Société des Amis des Noirs, en réponse à la question posée par l’Abbé Grégoire [1750-1831] dans son testament : « Quels seraient les moyens d’extirper le préjugé injuste et barbare des blancs contre la couleur des Africains et des sang-mêlés ? ». La réponse de Schœlcher en 1840 [… ] se fondait à la fois sur les rapports de voyages et missions en Afrique notamment publiés par des Britanniques, sur ses propres observations des sociétés coloniales aux Caraïbes et sur ces conceptions sociales et politiques républicaines.”

Adolphe Gatine (1805-1864), destinataire de l’envoi de cet exemplaire, devint avocat à la Cour de Paris en 1827. Il s’intéressa très vite à la cause de l’abolition de l’esclavage. Il signa dès 1831 une pétition à la Chambre des députés pour permettre le droit aux esclaves de se pourvoir en cassation. C’est cependant un contentieux juridique qui révélera Gatine : la fameuse “Affaire Virginie” de 1841. Une esclave, prénommée “Virginie”, avait été libérée par testament à la mort de sa maîtresse, mais rien n’avait été spécifié pour ses enfants. Gatine utilisa l’article 47 du Code noir de 1685 suivant lequel : “l’enfant impubère ne peut être séparé de sa mère.” La Cour de Cassation prit position en faveur de la requérante et son arrêt fit jurisprudence en actant qu’il s’agissait là : “d’une loi d’humanité conforme aux principes du droit naturel qui ne veut pas que les enfants soient privés des soins de leurs parents.” Ce triomphe juridique faisant valoir l’humanité des esclaves permit à Gatine d’être associé à la Commission pour l’abolition de l’esclavage de mars-avril 1848. Puis, ce fut à la demande de Schœlcher que Gatine fut désigné commissaire général de l’île de la Guadeloupe, immédiatement après l’acte d’abolition.

Cet exemplaire réunit, par son envoi, deux importantes figures abolitionnistes, à un moment charnière dans l’histoire de la Deuxième République, Schœlcher et Gatine ayant tous deux concouru directement à la signature du décret d’abolition du 27 avril 1848, mettant fin à l’esclavage sur tous les territoires français.

BIBLIOGRAPHIE : 

BIBLIOGRAPHIE : En français dans le texte, n° 257, notice de N. Schmidt -- Sabin, n° 77740 -- N. Schmidt, Abolitionnistes de l’esclavage et réformateurs des colonies, 1820-1851. Analyse et documents, Paris, 2000, pp. 348-363 et passim -- Goldsmiths’ Library, University of London, Goldsmiths’-Kress n° 31760

WEBOGRAPHIE : N. Schmidt, “Victor Schoelcher (1804-1893). Une vie, un siècle”, en ligne : https://www.senat.fr/evenement/victor_schoelcher/index.html