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Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
Alliances généalogiques des rois et princes de Gaule
BEL EXEMPLAIRE EN RELIURE DE L’ÉPOQUE AUX ARMES DE LA VILLE DE LYON.
SUPERBE ÉDITION DE JEAN DE TOURNES
ÉDITION ORIGINALE dédiée à Catherine de Médicis
In-folio (331 x 208mm)
Grand encadrement sur la page de titre à motif architectural et de grotesque avec la figure du roi Midas, marque typographique imprimée au centre de la page de titre, deux initiales gravées sur bois dont l’une plus petite, avec les cartons “Navarre” en bas des pages l2-m2 et m6, errata au verso de la p. 1201
COLLATION : A4 a-z62a-z6 A-Z62A-P62Q8
ILLUSTRATION : 1068 blasons gravés sur bois, accompagnés de brèves notices généalogiques
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Maroquin brun, décor doré, chiffre du lion répété sur les plats flanquant un motif central losangé aux petits fers, encadrements de filets dorés ou estampés à froid avec motif aux angles également aux petits fers, dos à nerfs orné et doré avec le même motif losangé, tranches mouchetées, traces de lacets
Les Cenami, aux armes d’or au lion de gueules, provenaient d’une illustre famille de Lucques où on peut encore voir leur imposant palais. Ils formèrent l'une des plus grandes dynasties bancaires en France, de Henri III à la Fronde. Comme d'autres italiens devenus français - Mazarin, Particelli d'Hémery, Sébastien Zamet -, ils passèrent donc par Lyon avant d'investir la finance parisienne. Barthélemy Cenami était l'un des principaux bailleurs de fonds de Henri III. Ce grand personnage au luxe opulent habitait un hôtel à Paris, rue du Grand Chantier. Comme l'écrit Jean Balsamo, qui identifia ce "nouveau" collectionneur dans un article du Bulletin du Bibliophile de 1991 :
"[Cenami] fit construire une demeure de plaisance, l’actuelle mairie de Charenton, où il recevait Gabrielle d’Estrées, la marquise de Verneuil et le Dauphin. Financier de haute volée, surnommé “seigneur, baron, comte, marquis d’un million d’or”, Barthélemy Cenami, dont les fils poursuivirent moins heureusement la même activité au service de Mazarin, fut également lié aux écrivains de son temps. Malherbe, dans l'été 1609, lui transmit les lettres de Peiresc et Montaigne lui-même reçut des marques d’amitié de sa famille" (cf. Montaigne, Journal de voyage, 1983, p. 366).
S'il reçut avec faste les maîtresses royales et par deux fois le Dauphin futur Louis XIII, c'est bien parce que le pouvoir entendait flatter l'un de ses grands créanciers.
J. Balsamo citait cinq ouvrages ayant appartenu à Barthélemy Cenami. D'autres sont apparus depuis, comme le Desportes de la vente de la Librairie Pierre Berès (2e vente, n° 70), un Fauchet en notre possession ou encore la Republicas del mundo de Roman y Zamora publiée à Medina des Campo en 1575 et vendu par nos soins à la John Carter Brown Library. Barthélemy Cenami était aussi proche des poètes. On sait qu'il posséda un Du Bellay (Œuvres, 1597) et un Ronsard (Œuvres, 1597, 10 tomes en 5 volumes), tous deux passés entre les mains de Pierre Berès.
Cet exemplaire a en effet été relié pour Barthélemy Cenami (1556-1611), ou pour son père Génome. Il porte leur pièce d’armes, le fameux lion que l’on trouve tantôt orienté vers la gauche ou vers la droite comme ici et sur le Desportes des ventes Berès (II, n° 70). Il ne présente pas l’inscription que l’on trouve sur quelques-uns de leurs livres identifiés : Dello studio di Casa Cenami. Le renouvellement des gardes a sans doute fait disparaître l’inscription manuscrite que l’on retrouve sur bon nombre de ces reliures (Dello studio di Casa Cenami). Elle était néanmoins absente du Roman y Zamora dont les gardes originelles avaient été conservées.
L'exécution de certaines reliures Cenami a pu être attribuée à l'atelier des parisiens Clovis et Nicolas Eve, celle-ci s’apparente davantage au style des praticiens lyonnais. En effet, “c’est au début du XVIe siècle, alors qu’ils ont déjà des comptoirs non seulement à Paris et Lucques, mais à Venise et Bruges, que les Cenami s’installent aussi à Lyon où ils sont qualifiés de marchands banquiers” (Cl. Dulong, op. cit., p. 68). Il n’y a donc rien d’illogique à ce que cette puissante famille de banquiers lyonnais possédât l’un des ouvrages du fameux Claude Paradin, né dans le Beaujolais, auteur des Mémoires de l'Histoire de Lyon, surtout s’il était, comme celui-ci, imprimé à Lyon par Jean de Tournes.
Le site des Reliures de la Bibliothèque nationale de France ne recense aucune reliure Cenami comme la base Corsair de la Pierpont Morgan Library.
J.-C. Brunet, Manuel du libraire, IV, col. 358 -- Adams Catalogue of Books printed on the Continent of Europe (1501-1600) in Cambridge Libraries, P-290 -- R. Mortimer, French 16th Century Books II, n° 411 -- A. Cartier, De Tournes, vol. 2, n° 482