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MÉNESTRIER, Claude-François, S. J.

Histoire du Roy Louis le Grand par les Médailles, Emblêmes, Devises, Jettons, Inscriptions, Armoiries et autres Monumens publics.. corrigée & augmentée d'un discours sur la vie du Roy et de plusieurs médailles & figures

Paris, J. B. Nolin, Graveur du Roy, 1700

LA GLOIRE DE LOUIS XIV ET DE L’ABSOLUTISME RACONTÉS PAR L’IMAGE ET LES MÉDAILLES. 

EXEMPLAIRE DE LA MARQUISE DE POMPADOUR : PIQUANTE PROVENANCE QUE CELLE DE LA MAÎTRESSE DE L’ARRIÈRE-PETIT-FILS DE “LOUIS LE GRAND”.

LES BEAUX EXEMPLAIRES IN-FOLIO EN MAROQUIN AUX ARMES DE LA MARQUISE DE POMPADOUR SONT RARES

Deux parties en un volume in-folio (378 x 250mm). Vignette gravée sur la page de titre. Initiales, bandeaux et culs-de-lampe gravés sur cuivre, 11 médailles gravées dans le texte
COLLATION du texte : [3] pp., 2-3 pp., 2-80 pp., [8] pp.
ILLUSTRATION : titre gravé, dédicace au Roi gravée, 1 planche représentant le groupe sculpté à Rome par Domenico Guidi (1625-1701) en 1682, d’après un dessin de Charles Le Brun et appelé “La Renommée du Roi” et placé dans les jardins de Versailles, 54 planches dont 2 dépliantes (l’une représentant les illuminations pour la naissance du duc de Bourgogne en 1682, l’autre la place des Victoires et la statue équestre du Roi offertes par le maréchal-duc de La Feuillade), et 3 planches de devises, soit 58 planches, suivies de la seconde partie titrée Suite des Médailles formée de 35 planches (la planche 4 est ici en double), soit 93 planches en tout, ce qui correspond aux 92 planches requises par Sommervogel car la planche 4 est ici en double
RELIURE FRANÇAISE VERS 1750. Maroquin rouge, décor doré, armes au centre des plats, triple filet en encadrement, dos à nerfs très ornés, tranches dorées
PROVENANCE : Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764 ; Catalogue des livres de la bibliothèque de feue madame la Marquise de Pompadour, Paris, 1765, n° 2855, 14 livres 19 sols) -- Jacques Alexandre Faure (1899-1995), avec sa devise nova aperire et une clé ornée de l'emblème héraldique du loup, celui de sa femme née Jacqueline de Lubersac (1913-1988)

Le portrait de Ménestrier gravé en 1688 n’est pas requis par Sommervogel pour la complétude de l’ouvrage, la p. 66 de texte et la pl. 5 de médailles légèrement plus courtes (p. 66 avec témoins, décoloration du dos

À partir des années 1660, au moment où se construisent le pouvoir personnel du Roi et son absolutisme, au moment où naît l’État moderne français, Louis XIV encouragea la création d’objets luxueux afin de s’en servir comme cadeaux diplomatiques. Les médailles à l’effigie du souverain furent distribuées en Europe. Elles formaient autant d’images portatives vouées à la très longue durée à l’instar des médailles romaines. L’estampe était un autre moyen, encore plus simple et multiple, susceptible de contribuer à la gloire du Roi. Louis XIV créa en 1667 le Cabinet au Roi qui, au sein de la Bibliothèque royale, où se développait une véritable collection, imprimait et distribuait à de grands personnages les estampes commandées par le pouvoir royal aux meilleurs graveurs du temps.

Dans cette équipe d’artistes et d’écrivains placée au service du souverain, le jésuite Claude-François Ménestrier (1631-1705) tint une place importante. À seize ans, il avait été admis dans la communauté des jésuites et passa son noviciat à Avignon. Il enseigna dans les collèges de la Compagnie de Jésus, à Chambéry, à Grenoble, à Vienne, puis au collège de la Trinité, à Lyon. En tant que professeur d'humanités et de rhétorique, il devint responsable des ballets et des tragédies présentées par ses écoliers lors des fêtes de fin d'année. Il se distinguait par sa mémoire prodigieuse, ainsi que par une maîtrise rigoureuse des langues anciennes et modernes. En 1658, lors d'une visite de Louis XIV à Lyon, les jésuites organisèrent une fête dans leur collège et en confièrent la direction et la réalisation à Ménestrier. C'est ainsi qu'il commença à s'intéresser aux images, à la peinture, aux emblèmes et aux devises propres à embellir les fêtes, les palais ou les lieux publics. En 1669, il quitta Lyon, voyage en Italie et en Allemagne, étudia les monuments de l'Antiquité. De retour en France vers 1670, il s'installe à Paris, prêche dans les églises et les cathédrales, se consacre à l'écriture et à la théorisation de l'art des images, poursuit ses compositions et mises en scène.

À la fois, philosophe des images, historien, prédicateur, metteur en scène et honnête homme, Ménestrier est également l’auteur de nombreux ouvrages sur l’art héraldique, les fêtes, les ballets, l’histoire, la musique et la rhétorique. Il est l’un des plus brillants représentants du classicisme français à son apogée vers la fin du XVIIe siècle. Ménestrier fut non seulement le théoricien, mais aussi le metteur en scène, de toutes les formes de spectacle de son temps, et le concepteur inépuisable de programmes iconographiques associant tous les héritages de la France de Louis XIV.

La première édition de l’Histoire du règne de Louis le Grand par les médailles fut publiée en 1689. En 1691, fut publiée en Hollande une célèbre contrefaçon de L'histoire du règne de Louis-le-Grandpar les médailles avec de fameuses gravures satiriques. Elle montrait le Roi ridiculisé dans des postures obscènes qui portaient atteinte à la splendeur de l’image ludovicienne. Ménestrier remit donc son ouvrage sur l’établi et publia une édition de 1693 puis celle-ci en 1700 en réponse à la contrefaçon. Cette édition de 1700 modifiait largement celle de 1693 comme le montra C. Sommervogel. Cherchant toute sorte de preuve matérielle et objective, Ménestrier n’avait pas accès au Cabinet des Médailles. Il s’était appuyé sur celui de son ami lyonnais et jésuite comme le lui, le P. de La Chaize, confesseur du Roi depuis 1675.

On appréciera donc particulièrement cet exemplaire “purifié” d’une provenance “quasi” royale, celle de la marquise de Pompadour. Cet ouvrage de Ménestrier est fréquent. En revanche, les beaux exemplaires de ce livre important sont, eux, bien rares en maroquin. Hormis celui-ci, nous n’avons retrouvé trace que d’un seul autre exemplaire “quasi” royal. Celui de l’édition de 1689 : le Bulletin Morgand proposait en effet un exemplaire en maroquin doublé avec dans la doublure les armes du duc du Maine (Bulletin, 1895-1898, t. VII, n° 29760).

BIBLIOGRAPHIE : 

J.-C. Brunet, Manuel du libraire, III, col. 1628 -- Saffroy 2194 -- Landwehr Romanic 518 -- P. Allut, Recherches sur la vie et sur les œuvres du Père Claude-François Ménestrier…, Lyon, 1856 -- G. Sabatier, dir., Claude François Ménéstrier. Les Jésuites et le monde des images, Grenoble, 2009
WEBOGRAPHIE : C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, 1894, t. V, n° 113 : https://archive.org/details/bibliothquedelac05back/page/n475/mode/1up ?q=m%C3%A9dailles