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La Magnifica et triumphale entrata del re di Francia Henrico secondo nella nobile y antiqua Città di Lyone alli 21 di Septembre 1548
UN DES GRANDS LIVRES D’ENTRÉE DE LA RENAISSANCE FRANÇAISE.
REMARQUABLE EXEMPLAIRE EN VÉLIN D’ÉPOQUE PROVENANT DES COLLECTIONS ROBERT HOE, ÉDOUARD RAHIR, OTTO SCHAEFER.
IL A FIGURÉ AU FAMEUX BULLETIN DE LA LIBRAIRIE PIERRE BERES EN MARS 1959
Première édition en italien
In-4 (148 x 200mm)
Vignette sur la page de titre, initiales et culs-de-lampe gravés sur bois
COLLATION : A-O4 P2 : 58 ff.
ILLUSTRATION : quinze gravures sur bois attribuées à Bernard Salomon. Elles représentent, entre autres, un capitaine à pied, une porte triomphale, un jet d'eau, une vue en perspective de la place du Change, deux galères et une grande barque
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Vélin souple, titre à l’encre au dos
PROVENANCE : Robert Hoe (ex-libris) – Édouard Rahir (ex-libris ; Paris, 6-8 mai 1931) -- Bulletin Pierre Berès, 25 mars 1959 -- Otto Schäfer (ex-libris ; New York, 1er novembre 1995, n° 190)
Maurice Scève reçut la charge de conducteur et ordinateur des ystoires et triumphes pour la venue du roi Henri II et de Catherine de Médicis à Lyon, en septembre 1548. L’Entrée à Lyon constitue l’un des trois grands livres d’entrées de Henri II, avec celles de Paris et de Rouen. Mais c’est le seul à avoir été conçu par l’un des plus grands poètes de la Renaissance française.
À Lyon, ville « italianisante », c’est chose naturelle de parler, de lire, de traduire l’italien. Les éditions en français et en italien parurent donc presque simultanément (avec quelques jours d’avance pour la française) mais celle en italien se distingue de la française par l’emploi de caractères italiques, de culs-de-lampe originaux, et surtout, par une longue description de la représentation de la comédie florentine la Calandria du cardinal Bibbiena (cahier M à P), en remplacement du bref résumé que Scève avait d’abord donné dans l’édition en français. La Calandria fut le spectacle le plus important, par sa magnificence et la qualité de son texte, parmi les nombreux jeux, combats et comédies donnés à cette occasion. Dans son Étude sur la comédie italienne au XVIe siècle, Émile Chasles cite cette représentation de la Calandria à Lyon, en 1548, avec celles de la Farce de Pathelin à la fin du XVe siècle, et d’Eugène de Jodelle (1522), comme l’une des trois pièces constitutives de la comédie en France, avant Molière. Les illustrations sont les mêmes dans les deux éditions, française et italienne.
L’architecture, centrale dans ce livre, révèle la culture des cercles érudits dans la France des années 1540-50. Les humanistes lyonnais ont depuis longtemps acquis une grande connaissance de l’architecture antique. C’est à Lyon que Philibert Delorme édifia, dès 1536, l’hôtel Bullioud, première réalisation où les ordres d’architecture sont mis en œuvre avec pertinence. Maurice Scève devait connaître sinon Delorme en personne, du moins son œuvre, les travaux de Pierre Lescot et de Jean Goujon au Louvre, ainsi que des publications de Jean Martin. De fait, les gravures de Bernard Salomon témoignent clairement de plusieurs influences : celle du Songe de Poliphile que Jean Martin venait de publier en 1546, et surtout celle de Sebastiano Serlio, en France depuis 1541 et qui s’installa à Lyon vers 1549.
Le seul autre exemplaire relié en vélin d’époque, présenté à la vente depuis quarante ans, hormis celui-ci, était remboité. Un seul exemplaire en français a été présenté sur le marché national et international des ventes aux enchères depuis quarante ans. Il était lavé et en reliure de la fin du XVIIIe siècle.
Mortimer, French Sixteenth Century Books, 201 – Brunet, Manuel du libraire, II, 996-997 -- Richard Cooper, “Le Cercle de Lucantonio Ridolfi”, Saint-Étienne, 2008, pp. 29-50