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Lettre autographe deux fois signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“LE BUT DE MA VIE EST PRÉCISÉMENT DE T’AVOIR À MOI”.
HISTOIRES DE MITRAILLEUSES ET DE MARCHES HARASSANTES
CONTENU :
Vendredi !
Le 13 janvier 1939
Ma Marie-Louise bien-aimée,
Hier, je n’ai pas disposé d’une seule minute. J’ai vécu une journée harassante : le matin, port d’une mitrailleuse sur l’épaule pendant une heure, et avec cela, escalade de buttes à plus de 45° ! L’après-midi, travail sans relâche. Dîner à 17h. À 17h45 rassemblement en tenue de campagne (sac avec couverture, chaussures, linge, veste de drap par-dessus ou à l’intérieur, bidon de deux litres plein, musette, masque), et départ à 18h pour une marche de nuit. De retour vers 22 heures après un voyage d’une vingtaine de kilomètres, je t’assure que j’avais besoin de repos ! Je suis un très bon marcheur, mais l’espèce de grippe qui me tient (avec moins d’acuité maintenant) m’a un peu affaibli ; j’ai dormi de fort bon cœur !
Tout cela, ma Zou chérie, ne m’a pas empêché de penser à toi. Le matin, j’ai reçu ta lettre de mardi, et puis j’avais le souvenir de ta présence si proche encore, si douce. Même sans ces preuves de ton amour, j’aurais pensé à toi intensément. Tu sais bien que tu es toute ma vie.
Tu ne peux imaginer comme je suis triste chaque fois que je te quitte. Lorsque je tiens ton visage près du mien et que je sais que c’en est fini d’une minute si délicieuse pour deux, trois ou quatre jours, j’ai une peine infinie à m’en séparer. D’un éblouissement sans prix je retombe dans la vie sans grand intérêt, indifférente. De penser qu’un jour tu resteras avec moi, que tu partageras ma vie, cela m’émerveille. Ma Marie-Louise, qu’il est intolérable de vivre loin de toi ! Et qu’il sera doux de connaître tous les événements de la vie avec toi.
Tout cela je te l’ai exprimé bien souvent. Je te le redis aujourd’hui parce que j’éprouve le besoin de m’arrêter un moment, de rêver un peu à notre amour. Je vais d’ailleurs cesser cette lettre. Cette journée encore est très chargée. Mais tu sauras quand même que je t’adore, ma fiancée bien-aimée. Je t’attendrai demain soir samedi, comme convenu. C’est sûr. Ma très chérie, j’attends ce moment avec une telle impatience ! Pardonne-moi ce mot trop court, tu sais bien que, je le pourrais, je demeurerais avec toi sans cesse, et que le but de ma vie est précisément de t’avoir à moi, près de moi, jour et nuit. N’est-ce pas le tien, ma Zou que j’aime ?
À demain. Je t’aime et je t’embrasse de toute ma tendresse.
François
J’ai reçu ta lettre ce matin, merci. Je t’aime, ma petite fille obéissante.
Fr.