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Lettre autographe deux fois signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“CETTE PETITE FILLE… JE M’ÉMERVEILLE DE VOIR QU’APRÈS UNE ANNÉE TOUTE ENTIÈRE CONSACRÉE À VOUS, ELLE EST DEMEURÉE TOUTE PAREILLE POUR MOI : CELLE QUE J’AIME, SANS OMBRES, ET PLUS QUE TOUT AU MONDE”
CONTENU :
Le 27 janvier 1939
Ma Marie-Louise,
Toujours pressé par les occupations sans intérêt d’ici, je vous écris. Ainsi ne puis-je que de temps en temps vous parler, en m’attardant, des sujets qui nous préoccupent. Mais, ne vous dire que mon amour, ce n’est déjà pas mal. C’est ce que je vais faire aujourd’hui. Vous m’écrivez en me demandant de penser à la petite fille de l’an dernier que j’invitais un soir de Bal sans savoir la partie que je jouais… À cette petite fille je reviens bien souvent. Et je m’émerveille de voir qu’après une année toute entière consacrée à vous, elle est demeurée toute pareille pour moi : celle que j’aime, sans ombres, et plus que tout au monde.
À ce Bal de Normale, j’aurais aimé retourner avec vous : les circonstances ne le veulent pas. Non seulement je suis consigné (je serais passé par-dessus cette consigne) mais encore toute permission est supprimée en raison de l’état sanitaire du Fort. Chaque jour, l’ambulance emmène des hommes à l’hôpital : ce matin encore quatre de mes camarades viennent de partir (grippe, bronchite, angine).
Moi, ça va très bien maintenant. Mais je subis la conséquence de la faiblesse des autres. Je ne pourrai donc sortir que dimanche pendant les heures normales (rentrée au Fort avant 21h30). Si par hasard j’avais le droit de sortir samedi de 17 à 21h30, pourrais-je vous voir ? Cela fait si longtemps que vous êtes loin de moi ! Évidemment cette sortie de samedi est hypothétique : faveur spéciale que j’espère. Dans ce cas je passerai à Denfert (Raspail) entre 17h45-18h. Vous y verrai-je ? Si vous pouvez vous y rendre.
Ma chérie, de toutes façons à bientôt. Précisez-moi pour la messe. Sinon 10h10. Je vous aime. N’est-ce pas que cela vous suffit ? Mon Zou, pensez un peu à moi, car vous, vous êtes tout pour moi.
François
Quel soleil cet après-midi, on dirait du Cézanne tout autour du Fort. Les buttes resplendissent. Vite le printemps, puis l’été où le soleil sera roi. Le soleil vous va si bien…
Fr.