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MITTERRAND, François

Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais

14 June 2025

PREMIÈRE CARTE CODÉE.

FRANÇOIS, ALIAS “FATOUNE”, ANNONCE L’INTENTION DE S’ÉVADER : “J’AI UNE LETTRE DE FATOUNE : IL NE SE PLAÎT GUÈRE CHEZ SON PATRON ACTUEL ET SONGE À LE QUITTER.”

“JE TE REVIENDRAI”

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE

2 pp. in-8 (280 x 148 mm), crayon, lettre à en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du Stalag

CONTENU : 

[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVème arrt, France. [Expéditeur :] Mitterrand François, 21716, [Stalag IX C], 1515

[Verso :] Le 15 décembre 1940. Ma ravissante chérie, je t’aime comme on ne peut pas aimer. Je pense à toi totalement, je t’adore si follement. Surtout, je ne veux pas que toi tu désespères, mon Zou bien aimé. Je dois te paraître si lointain, et pourtant je vis de toi et seulement pour toi. Je ne veux pas, mon adorée, être pour toi une image morte. Pense à chaque instant que moi je pense à toi au même moment, je te jure que tu ne te tromperas pas, ma petite femme tant aimée ! Je songe à toi le jour et j’ai tant besoin de te voir, de t’entendre, de m’émerveiller de toi, et la nuit toute ma peine est de ne pas t’avoir auprès de moi, il me semble parfois qu’il va me suffire d’étendre le bras pour sentir ta présence et t’avoir parfaitement à moi. Quand cette lettre te parviendra ce sera la nouvelle année. Chérie chérie, verrons-nous enfin notre union tant désirée, si combattue par les événements ? Tu sais bien quel est le seul vœu que je puisse faire, mon grand amour. Je pense aussi à nos journées de l’an dernier lors de ma première permission. Tu peux être sûre que j’en revivrai chaque moment. Comme tu étais belle, comme tu es belle toujours en moi. Surtout, écris-moi bien souvent. Je suis si triste quand il n’y a rien pour moi, et si fort quand je lis ta tendresse. J’ai reçu cette semaine ta lettre du 5 novembre, un paquet de Mme Gelas, un des Barbayan. Remercie pour moi. J’ai une lettre de Fatoune : il ne se plaît guère chez son patron actuel et songe à le quitter. Il voudrait aller en face de chez Édith. Quel est ton avis ? Je vais bien. Ma situation chez mon père et mon éclat non extrait m’avaient fait espérer un retour prompt. Serait-ce possible ? Je serais très heureux de recevoir des livres. Et surtout, surtout mon amour, des photos de toi. Je n’espère rien plus impatiemment. Par les colis qui arrivent mieux que les lettres, tu pourras m’en envoyer. Conserve bien les papiers de moi que tu possèdes. Bonne chance pour le journal de ton père ! Dis à ta famille mes vœux affectueux de bonheur. Donne de mes nouvelles à mes amis, en particulier aux Bouvyer. Je te reviendrai, mon trésor chéri. Qui pourrait t’aimer autant que moi ? Prions bien l’un pour l’autre. Je t’embrasse et te serre contre moi, ma Marie Zou. Je t’aime de toutes mes forces. Ne sois pas trop triste, mon adorable petite fille. Je t’aime. Je t’aime.

François