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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
FRANÇOIS MITTERRAND REÇOIT DEUX CARTES DE MARIE-LOUISE TERRASSE : “CELA ROMPT UN SILENCE SI LONG. DEPUIS TA LETTRE DU 12 NOVEMBRE, JE NE SAVAIS PAS CE QUE TU ÉTAIS DEVENUE”.
OUTRE LES COURS DE LITTÉRATURE, IL EST DEVENU RÉDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL DU CAMP, L’ÉPHÉMÈRE, QUI COMPTE “PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIERS DE LECTEURS”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, France. [Expéditeur :] Mitterrand François, 21716
[Verso :] Le 28 mai 1914. Mon amour, mon petit Zou chéri, je suis tellement joyeux aujourd’hui : je viens de recevoir tes cartes des 13 et 15 mai. Cela rompt un silence si long. Depuis ta lettre du 12 novembre, je ne savais pas ce que tu étais devenue. Tu peux être sûre, ma chérie, que je t’espère et que j’attends avec une impatience extrême le jour, qu’il faut proche, où tu seras ma femme chérie et si merveilleuse. Nous aurons eu le temps de méditer notre bonheur ! Chérie chérie, je veux faire comme tu me le recommandes : prier et comprendre que les peines qui nous accablent doivent nous aider à mieux préparer notre vie. Ce qui nous attend est si important : le jour où je reviendrai, tout se déroulera si vite : notre mariage, notre installation “à nous deux”, les mille faits de la vie quotidienne, et puis peut-être notre premier enfant… Aurons-nous le temps alors de nous mettre en face de la vie et de nous-mêmes ? Oui, mon petit Zou, préparons tout de suite notre union : tant d’exemples autour de nous, de ratés, de médiocrités, et non pas par manque d’amour à la base, mais comme par un essoufflement le long des difficultés, un manque de volonté, du désir de toujours s’élever. Mon pauvre petit Zou, tu dois être bien seule, au fond. Mais n’oublie pas que, moi, je veille sur toi, que la distance n’est rien pour ma tendresse. Je t’aime et te répète tous nos baisers et nos caresses. Me voici maintenant rédacteur en chef du journal du camp, L’Éphémère, avec plusieurs dizaines de milliers de lecteurs ! Cela m’occupe. Je continue aussi mes cours et suis chargé non seulement de la littérature contemporaine, mais aussi de la littérature des siècles précédents. J’ai donc quitté les services de distribution des colis de Croix-Rouge. Ma carrière de prisonnier aura subi des évolutions curieuses ! As-tu vu l’article de L’Illustration du 7 avril ? Les images sont plus explicites que le texte… Ma Marie Zou chérie, envoie-moi absolument des photos de toi dans tes lettres et colis. Vite vite. Des photos récentes et ressemblantes. Tu es si belle, ma fiancée. Et je t’aime tant. Et j’ai tant besoin de toi. Comment vivre sans ta présence, et tes baisers et ton soutien ?
François