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MITTERRAND, François

Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais

14 June 2025

FRANÇOIS MITTERRAND CONTINUE SON TRAVAIL DE RÉDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL DU CAMP ET DE PROFESSEUR DE LITTÉRATURE FRANÇAISE : GIDE ET VIGNY.

REPRISE DU DIALOGUE AVEC CATHERINE LANGEAIS.

IL FIXE UN RENDEZ-VOUS DE PRIÈRE À SA FIANCÉE AU 23 JUIN 1941, LENDEMAIN DU DÉCLENCHEMENT DE L’OPÉRATION BARBAROSSA

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE

2 pp. in-8 (282 x 147mm) encre noire et crayon papier, en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du stalag, cachet de la poste

CONTENU : 

[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt (Seine). France. [Expéditeur :] Mitterrand François, 21716

[Verso :] Le 6 juin 1941, Mon petit Zou bien aimé, hier j’ai reçu ta carte du 20 mai. Je te remercie ma Marie-Louise chérie de me répondre si rapidement : je ne pourrai jamais te dire le rôle primordial que tu joues à chaque instant de ma vie. Je me souviens d’une lettre où je te demandais si, alors que tout semblerait contre moi, que tout se mettrait entre nous pour nous séparer, si toi, ma femme tu serais toujours avec moi. Je te l’avoue, j’ai infiniment besoin de toi. Quand je me décourage, toi seule peut m’apporter la force, parce que je t’aime et que tu m’aimes, parce que toute notre vie, ma très aimée, nous ne serons qu’un. Je ressens maintenant une grande joie puisque le moment difficile est venu et que je sais désormais que je puis pour toujours compter sur toi. Toi, ma toute petite fille, si délicieuse, si fragile entre mes bras, comme tu es forte, comme il est bon de se reposer sur toi. Je suis si fier de toi et si heureux. N’est-ce pas justement la preuve fondamentale de notre grand amour : même séparés, même privés des joies indicibles de nos caresses, de nos abandons au milieu de toutes les tristesses : il demeure une part de nous-mêmes heureuse et confiante. Pourtant je le sais bien, cela ne peut aller pour toi sans épreuves très dures. Je suis si fier aussi de t’avoir à moi, toi si belle, mon trésor chéri. Les vacances vont venir, il ne faut pas que tu craignes de sortir parce que je suis prisonnier et privé de ces plaisirs. Mais mon amour, surtout aie confiance en nous, en notre amour. Et si parfois tu es troublée, pense que notre calvaire peut prendre fin rapidement, pense que en très peu de temps nous pouvons nous retrouver : et nous nous marierons aussitôt, pense que notre amour est quelque chose d’incomparable, et alors mon grand amour, mon Zou chéri, attends-moi. Songeons jour et nuit à ce que sera notre bonheur lorsque nous serons l’un à l’autre. Je t’aime tant. Tu me dis de prier. Je veux le faire en union avec toi. Si tu reçois cette lettre à temps, nous devrions communier tous les deux le 23 juin, anniversaire de notre “viatique”. Tu t’en souviens ? (C’était au Luxembourg, et comme tu étais admirable et désirable ma chérie !). Et reprenons aussi nos rendez-vous du mercredi à 9 heures du soir. Par la pensée : nous nous sentirons si proches par cette certitude de penser en même temps l’un à l’autre. Et je penserai que tu es dans mes bras. Je continue mon travail de rédacteur en chef. Dans ce journal, on ne fait pas de politique. Je parle actuellement de Gide, de Chatterton de Vigny, car j’ai à faire tous les cours de littérature française. Mais j’ai tellement hâte de t’avoir près de moi, toute à moi et de t’aimer à la folie. Je t’embrasse doucement.

François