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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
LA SITUATION A CHANGÉ : FRANÇOIS MITTERRAND PERÇOIT LA TRISTESSE DE CATHERINE LANGEAIS
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, France. [Expéditeur :] Mitterrand François, 21716
[Verso :] Le 10 juin 1941. Mon merveilleux petit Zou que j’aime plus que tout, je reçois ce soir tes deux lettres des 20 et 24 mai. Et j’éprouve un grand bonheur pourtant accablé de tristesse. N’est-ce pas ma petite fille très chérie que ce n’est pas contradictoire ? Notre amour à la fois nous transporte et nous meurtrit. Et je t’aime si follement. Tu me parais tellement triste. Je voudrais pouvoir te prendre sur mes genoux et te caresser, te parler, t’embrasser comme c’était si délicieux, je voudrais pouvoir te prendre contre moi, et te consoler à force d’amour. Tes cheveux, ton visage, tes lèvres et tout toi-même, je voudrais pouvoir te couvrir, t’envelopper de mes caresses, jusqu’à ce que tu en sois tellement heureuse, que toutes tes tristesses soient effacées, jusqu’à ce que tu sois éblouie de bonheur. Je ne sais pas très bien cet accablement causé par des accusations dont j’ignore tout, dont je me moquerais bien si je les connaissais. As-tu eu à souffrir des miens ? Alors je le regrette profondément. Je te le répète : toi seule compte pour moi. Raconte-moi avec une grande confiance les raisons de tes déceptions. Chérie chérie, ne devons-nous pas tout nous confier ? Nous ne devons permettre à personne de se mettre entre nous. Pense surtout, ma fiancée, mon bien précieux, que je t’adore. Mon aimée, tu as raison de ne pas me cacher ta peine. Je me doute bien qu’il doit être dur pour toi de vivre normalement, sans moi. Je passerai ma vie à te créer du bonheur. Aie confiance, très chérie : comprends que tout ce que je fais et tout ce qui m’arrive n’a qu’une seule explication : te retrouver. Crois en ma volonté et aussi en ma souplesse. Ne t’attriste pas, ma bien-aimée, parce que nous sommes séparés : bientôt nous serons mariés, nous aurons à nous les jours et les nuits. Je te dis cela et n’ai pas l’habitude de te donner de vains espoirs. Penses-tu, mon grand amour, à ces jours et ces nuits de notre union ? Moi, je souffre en mon esprit et en mon corps d’être privé de toi. Je t’aime d’un désir si fou. Rappelle-toi nos soirées de Jarnac : n’est-ce pas que tu sais la violence de ma tendresse, ma merveille chérie ? Mais il faut trouver encore en notre âme la force d’attendre, pas trop longtemps, crois-le. Prie avec moi, notre amour doit être total, une fusion pleine de ravissement de l’âme et du corps. N’est-ce pas notre but ? Unissons, chérie, nos pensées d’une façon parfaite. Merci pour tes photos. Comme tu as l’air triste, et comme tu es belle. Je t’aime, je t’aime. Et merci pour ton baiser. Je l’ai baisée cette place qu’ont touchée tes lèvres. Mais je prends aussi tes lèvres et je veux te sentir toute à moi, mon amour adorée.
François