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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
MARIE-LOUISE TERRASSE EXPRIME SA PEUR FACE À L’AMOUR EXTRÊME DE FRANÇOIS MITTERRRAND, QUI LUI RAPPELLE INDIRECTEMENT LE MOTIF DE LEUR DÉSUNION : L’IMPERFECTION DE MARIE-LOUISE TERRASSE.
“NE DIS PAS NON PLUS QUE TU AS PEUR DE MON AMOUR. JE T’IDÉALISE ? MAIS NON, J’AI SOUFFERT POUR TOI DANS LE PLUS VIF DE MON DÉSIR (…) TU N’ES PAS PARFAITE ? ET MOI ?”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, France. [Expéditeur :] Mitterrand François, 21716
[Verso :] Le 25 juin 1941. Ma petite Marie Zou que j’aime, je reçois trois lettres de toi. La dernière du 13 juin. Tu es triste mon amour. Je t’en supplie mon tout petit, aie bon courage. Qu’est-ce qui importe hors de notre amour ? Je ne veux pas que tu dises : “la vie ne s’annonce pas aussi belle qu’on aurait pu l’imaginer”. Comprends-tu chérie, notre vie connaîtra beaucoup de difficultés, c’est sûr, mais avec l’amour que nous possédons ne sera-t-elle pas toujours, au-dessus de tout, merveilleuse ? Ne dis pas non plus que tu as peur de mon amour. Je t’idéalise ? Mais non, j’ai souffert par toi dans le plus vif de mon désir. Oui, j’ai atrocement souffert. Mais comprends-le, j’ai aussi été indiciblement heureux par toi, par toi seule, parce que je t’aime. N’aie pas peur de mon amour. Il est fait de tout ce qu’il peut y avoir de beau, de violent, il mêle en lui tous les rêves, aussi tous les désirs. Crois-tu qu’on puisse bâtir une vie sans cet absolu désir de possession totale ? Ton corps et ton esprit, je les veux. Je veux qu’ils connaissent par moi toutes les exaltations. Saisis-tu mon aimée, ma femme, combien mon amour est réel ? Il te veut tel que tu es. Tu n’es pas parfaite ? Et moi ? Ce sera précisément notre tâche, de nous élever l’un par l’autre, de nous aider l’un l’autre à perfectionner notre âme. Je t’aime et tu m’aimes. Nous savons bien tous les deux ce que cela veut dire, nous en devinons la double exigence : celle que je te racontais le soir de nos fiançailles avenue d’Orléans : la perfection de l’accord spirituel. Celle que nous n’avons pas dite, mais qui nous a rendus indiciblement heureux ces soirs de Jarnac, ces après-midis de Paris où tous nos désirs étaient si prêts à se confondre et tout en nous connaissait une joie profonde. Aie confiance, aimée. Notre mariage pose des questions d’ordre spirituel ? Oui, nous faisons bien d’y penser. Réfléchis à ce que je t’ai dit : bientôt tu seras à moi. Songe aux heures inouïes qui verront notre mariage, à nos premières heures d’amour infini, aux jours qui suivront, à notre beau travail en commun. Et sache que ceci est proche. Étant de la classe 1920, je crois avoir des chances de partir d’ici peu. La classe 1919 est partie. C’est donc la prochaine. Chérie chérie, mon Zou, crois bien que je désire être vite vite auprès de toi ! Je t’embrasse : rends-moi mes baisers ma petite pêche. Dis-moi que tu m’aimes et mets tes bras autour de mon cou. Là, je te sens bien et te serre bien fort contre moi, ma chérie. Tu es douce.
François