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MITTERRAND, François

Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais

14 June 2025

CATHERINE LANGEAIS EST TOUJOURS TRISTE, SANS DOUTE LUI A-T-ELLE ÉCRIT PAR DEVOIR.

“LIS DES LIVRES INTÉRESSANT LE MARIAGE ET QUI POURRONT NOUS ENSEIGNER À TOUS LES DEUX LA FERVEUR D’AIMER FOLLEMENT ET LA COMPRÉHENSION DE NOTRE RÔLE”

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE

2 pp. in-8 (282 x 143 mm), encre bleue et crayon, lettre à en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du Stalag, cachet de la poste

CONTENU : 

[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716

[Verso :] Le 27 juin 1941. Ma fiancée chérie, te savoir triste me préoccupe, m’inquiète même, et pourtant je préfère en effet que tu m’expliques ton état d’âme avec vérité. J’aime tant ton beau sourire mon aimée, et autrefois, tu me souriais si facilement. Comprends-tu mon amour, si tout est triste hors de nous, si nous souffrons cruellement parce que notre amour est contrarié par les événements, il doit tout de même nous rester une joie fondamentale puisque nous savons que nous nous aimons. Le jour où je reviendrai, tout sera si soudainement éclairé, si magnifique. Ah ! Te voir, t’aimer, te prendre dans mes bras, te donner toutes les caresses que j’invente en mon cœur, te regarder vivre, ma merveilleuse. Tu me souriras alors, et tu me feras la grimace si je te le demande. Et tu viendras contre moi me donner tout ton amour, pas seulement parce que je le désirerai infiniment, surtout parce que, de cela, tu attendras tous les plaisirs et tout le bonheur. Ma petite fille, mon Zou chéri, rassure toi, ce jour va venir. Tu m’écris que tu admets les souffrances que Dieu nous impose en échange du mal que nous avons pu faire. J’aime sentir en toi ces résonances. Je désire tant avoir de toi plus encore que l’indicible douceur de tes caresses : ta compréhension, ton adhésion totale de l’esprit. Notre souffrance commune et acceptée d’un commun accord fera peut-être notre entente absolue. Il nous est arrivé d’agir contre notre amour, des blessures brûlantes auraient pu nous diviser. Mais quand bientôt je vais te retrouver, je crois que tout recommencera à neuf, que je pourrai te dire le soir où tu te donneras à moi, parce que ce sera mon intime pensée : oui, tu es ma femme et tu m’apportes tout ce que j’attendais de toi : le don total de toi-même, le premier don renouvelé de tes tendresses, de tes désirs, de ton amour puisque nous avons souffert ensemble. Je te le répète, préparons-nous intensément à notre mariage. Lis des livres intéressant le mariage et qui pourront nous enseigner à tous les deux la ferveur d’aimer follement et la compréhension de notre rôle. Pense surtout aux joies qui nous attendent : joies de détails, du jour et de la nuit faites seulement d’un geste (comme il sera doux de te parler longuement quand tu seras blottie contre moi, de poser ma tête sur toi pour mieux te dire que tout ce que je suis repose sur toi), d’un baiser, au milieu de l’immense joie totale de notre union. Surtout petit Zou, je t’adore. Attends-moi avec confiance. Je te promets de te prendre bientôt comme nos rêves l’imaginent, et c’est si fou de t’aimer comme cela ma chérie.

François