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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
FRANÇOIS MITTERRAND SENT QUE MARIE-LOUISE S’ÉLOIGNE DE LUI, ENTRAÎNÉE VERS DES “TENTATIONS TERRIBLES”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 15 juillet 1941. Mon petit Zou bien-aimé, je réponds toujours à tes lettres du 26 juin. Je les relis et je suis torturé. Je t’aime ma Marie-Louise. Comprends-tu quelle souffrance est la mienne ? Tu es si désolée, si inquiète. Que puis-je pour toi ? Je suis tellement sûr que si j’étais présent, tout serait apaisé. Ma fiancée, mon tout petit, protège notre bonheur, garde-le, songe que tout cela, tes tourments et tes inquiétudes, est né de mon absence, et je vais revenir. Je saisis tellement clairement le drame qui te déchire. Ma très aimée, songe au passé, au passé malheureux qui t’avait tant blessé, à notre passé heureux qui nous a tellement donné, tellement de joie et de paix. As-tu oublié le soir de nos fiançailles quand nous nous promenions avenue d’Orléans ? Tu avais mis ta tête sur mon épaule. Le chemin était si bref, de nos baisers, et nos âmes aussi étaient merveilleusement proches. Tu me disais “jamais je n’ai été aussi heureuse” et tu m’as bien souvent rappelé dans tes lettres ces heures de plénitude. Ma chérie, c’est tout cela qu’il faut préserver, ces tentations terribles des désirs et de l’esprit te promettent-elles un bonheur aussi parfait ? Avec toi seule, je connus la joie profonde de mon âme et de mon corps puisqu’avec toi seule j’ai connu la paix. Avec toi seule, j’ai pu préserver au fond de chacun de nos actes une sorte de pureté essentielle, cette pureté qui est l’amour. N’est-ce pas ce que nous cherchons, ce que tu as cherché désespérément ? Que l’amour soit une exaltation de l’être tout entier. De notre amour, pouvons-nous retirer un seul remords, pouvons-nous regretter une seule pensée, un seul geste ? Ô mon aimée, tout en nous était si parfait. Vois-tu comme notre vie sera belle. Je te donnerai tout, et je prendrai tout de toi. Et cette possession totale, au lieu d’être un arrêt, une déchirure, une tristesse, sera, j’en suis sûre, l’achèvement de nos désirs et de notre joie absolue. Alors ma chérie chérie, même au plein de tes tourments, même entraînée loin de moi, pense à ton tour “il m’aime, il m’aime, il m’aime”. Pense que tu joues toute ta vie, et la mienne. N’est-ce pas mon adorée que [tu] seras plus forte que ce mal qui te veut, qui veut tout dévaster en nous, et qui te faisait pleurer ce soir du 5 mars, ce soir où nous renouvelions la promesse de nos fiançailles, cette fois dans la connaissance parfaite de notre être. Mon tout petit, tu sais bien que je ne te le dirais pas même pour te retenir, mais je vais être bientôt près de toi. Notre amour, tel que nous le vivons actuellement est imparfait puisqu’il est privé de notre union la plus complète et la plus désirée. Mais bientôt nous serons l’un à l’autre. Et tout te paraîtra si clair, la tentation d’aujourd’hui si vaine, toute oubliée. Et si pour notre malheur sans fin tu donnais ce que tu gardais pour moi, ton être entier, tu reviendras tout de même à moi. Mais quelle souffrance en nous, inconsolable. Je te souhaite dès aujourd’hui un anniversaire de bonheur. Sois forte mon petit Zou, ma petite fiancée de dix-huit ans. Pense à moi. Je t’aime, je t’aime, je te donne tous les baisers qui nous ont unis. Prie mon amour, pour toi et moi, que Dieu nous montre ce qui seulement est vrai. Je veux dominer ma souffrance parce que j’ai confiance en toi. Communions ensemble le 9 août. J’embrasse et bientôt. réellement tout ce que tu m’as réservé. Ma Marie-Zou, souris moi. Je te serre bien fort. Tu es à moi.
François