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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“JE VOUDRAIS POUVOIR NE PAS T’AIMER. JE VOUDRAIS T’AIMER DAVANTAGE ENCORE”.
“JE ME RÉVOLTE CONTRE TOI, CONTRE TOUT, MAIS JE TE COMPRENDS AUSSI”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 av. d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 23 août 41. Ma petite Mariezou chérie, le temps passe et je ne sais rien de toi. Je suis si habitué à tout partager avec toi, à tout “préparer” en moi pour toi que les jours que je vis sont terribles. Je voudrais pouvoir ne pas t’aimer. Je voudrais t’aimer davantage encore. Je pense au jour où tu seras à moi, ce jour qui viendra sûrement. Et je me désespère parce que je sais toute la peine qui sera mêlée à notre joie. Et pourtant, la joie de notre union dévastera tout. Crois-tu que tout ce qui fut à nous est mort ? Non, ce n’était que le premier balbutiement, le premier plaisir, le premier don d’une joie effrayante, celle que nous posséderons quand nous serons l’un à l’autre. Ne crois pas que j’accepte de te perdre, attendant patiemment le moment qui nous réunira. Je me révolte contre toi, contre tout, mais je te comprends aussi. Je suis fier de t’avoir gardée tant de mois alors que tu es si belle et que je ne t’apportais rien de tout ce que tu pouvais désirer de moi. Mon grand amour, je ne te pardonne pas. Ai-je à te donner un pardon ? Tu auras ta peine toi aussi à supporter : n’oublie pas que je t’aime et que jamais je ne t’ai mal jugée. Mon tout petit, je devine tout ce que tu puis souffrir et cela me fait mal. Aussi tout ce qui fait ta joie d’aujourd’hui me fait mal. Tout ce que tu es, ce que tu donnes, ce qui n’est pas à moi me déchire. Tu ne peux pas savoir ce que je souffre. Te souviens-tu bien de tout ce qui est à moi ? Oui, il y a des moments de notre vie, tu le sais, qui nous ont trop marqués d’amour ; trop de caresses, trop d’espoirs pour que tu ne les gardes pas en toi, eux vraiment ineffaçables. Quelle vie sera la nôtre. Je sais que la mienne sera illuminée par toi, ma merveilleuse petite pêche. Que veux-tu que je te pardonne ? Tu m’as donné tant de bonheur. Et pourtant, malgré tant de jours communs, tu me connais mal. Ne me dis pas : “si la vie nous sépare, nous souffririons tous les deux, toi parce que tu ne m’auras pas”. Mais si, mon amour, je t’aurai. Et c’est peut-être dans la mesure où tu seras à moi, que nous aurons à nous défendre contre notre souffrance. Mais comme elle sera douce cette souffrance. Ma Marie-Louise très aimée, prie pour toi et pour moi. Si tu le peux encore, garde-toi et sauve-moi : nos rêves n’étaient pas des mensonges. Notre vie ne sera belle et créatrice que si nous sommes l’un à l’autre. Songe à la beauté qui peut naître pour nous. Tu es mon bien le plus précieux. N’oublie jamais que tu es trop belle et trop précieuse pour te donner à qui ne discernera pas tout ce qu’il y a de ravissant en toi. Je t’aime.
François