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MITTERRAND, François

Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais

14 June 2025

“JE NE PUIS QUE ME TORDRE LES POINGS DANS MON IMPUISSANCE”

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE

2 pp. in-8 (280 x 149 mm), encre bleue et crayon, lettre à en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du Stalag, cachet de la poste

CONTENU : 

[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 av. d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716

[Verso :] Le 26 août 1941. Ma Marie-Louise chérie, ta dernière lettre est du 29 juillet. Je suis anxieux, et pourtant qu’ai-je à craindre ou à espérer ? Je ne puis que me tordre les poings dans mon impuissance. Je t’aime plus que tout et je ne puis rien pour sauver notre amour. Ma merveilleuse, les jours atroces que nous vivons ne peuvent tout de même me faire oublier tout le bonheur que j’ai connu par toi. Quel ravissement : t’avoir, te posséder, jouir de tout ce que tu es, toi, ma petite merveille chérie. Et cela a été, pourrait être à moi. J’ai connu un tel désir, une telle joie, un accomplissement de moi-même incomparable. Et cela, vois-tu mon amour chéri, je ne l’oublierai jamais. Ce qui est doux malgré le mal d’aujourd’hui, c’est de penser que tout a été si bien entre nous, si magnifique. Je te remercie mon amour pour la la joie que tu m’as donnée ; pour tout ce que tu m’as abandonné de toi, toute la tendresse, et le réconfort aussi de plus d’une année. Nous pourrons souffrir l’un par l’autre, mais qui enlèvera de nous le souvenir de tant d’heures inouïes, les plus belles de ma vie ? De ma joie du 5 mai, de ma joie de ce jour de janvier 40 où nous avons décidé de notre existence, de nos après-midi de Paris et soirées de Jarnac, j’ai tant de fierté. Tu sais comme moi ce qui fut entre nous, ce qui aurait pu être, et qui aurait été tout notre bonheur. Ce bonheur, ne le connaîtrons-nous jamais ? Ma chérie chérie, pourquoi ai-je cette certitude qu’un jour nous connaîtrons ensemble cette immense joie, qu’un jour nous serons l’un à l’autre ? Tu as été douce pour moi, tu as été si pleine de tendresse, tu as été si bien à moi, ma petite pêche : si tu savais comme je t’aime pour cela, comme je te remercie de tout moi-même, comme je souffre avec toi de tout ce que tu peux souffrir, comme pour cela tu restes “ma” bien-aimée, et jamais je ne pourrai donner davantage. Mon Zou, mon amour, imagines-tu ce que pourrait être l’avenir si toutes les promesses, si tous les rêves qui nous ont unis se réalisaient ? Rappelle-toi nos jours de délices, et nos jours et nos nuits d’attente. Dis, mon tout petit, si nous pouvions encore vivre cela ! et tellement mieux puisque tout nous appartiendra. Ô, je sais tout ce qui peut nous séparer. Tu comprends les images qui me torturent et mon désespoir. Sache que moi, je ne te juge pas et que je suis prêt à faire tout ce que tu voudras pour ton bonheur. Tu es belle mon adorable aimée, mon petit Zou.

François