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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“TU VEUX DONC TOUT SACCAGER EN MOI PUISQUE TU M’ÉCRIS : “JE CHERCHE EN VAIN LE NOM QUE NOUS POURRONS DONNER À CE QUI FUT ENTRE NOUS””.
“PARDONNE-MOI SI JE T’AI MAL AIMÉE”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 27 août 41. Ma Marie-Louise bien-aimée, trois lettres de toi aujourd’hui datées du 8 août. C’est sans doute la marque terrible de l’amour. Par toi, j’ai connu les plus grandes joies, mais quelle souffrance intolérable. Tu veux donc tout saccager en moi puisque tu m’écris : “je cherche en vain le nom que nous pourrons donner à ce qui fut entre nous”. Si ce n’était pas l’amour (ô souviens-toi de tout), si tout était faux de ce qui est toute ma vie, comment veux-tu que je guérisse. Je ne sais plus que le désespoir, que le reniement. Ma Marie-Louise, je souffre trop. Toi qui pourrais me sauver. C’est moi qui dois te demander pardon. Il a fallu que je t’aime bien mal pour que tu puisses me dire : “que je ne sais de toi que ta vie, hélas, trop humaine et médiocre”. Mais non, ma très chérie, je sais de toi surtout ta tristesse, ta beauté, ta recherche, ta gravité. Je sais de toi ce que personne ne sait. J’aurais voulu fonder avec toi un foyer si élevé, avec toi, ma femme chérie que j’admirais, pour laquelle j’ai tant d’estime malgré tout ce que tu m’as dit de ta faiblesse. Ma petite reine, mon amour est si merveilleux. Dis-moi que tes paroles, que tes baisers, dis-moi comme autrefois qu’ils étaient lourds de bonheur. Pardonne-moi si je t’ai mal aimée. Songe à nos plus ineffables caresses, n’étaient-elles pas déjà le don de tout notre être, l’Amour, l’acceptation totale de nos désirs et de notre tendresse ? Je t’aime. Par toi seule, je puis espérer. Je me sens encore capable de soulever en toi le désir de vivre tout ce que nous avons rêvé. Cette obsession qui te hante, je l’effacerai. Crois-tu que pour avoir désiré follement tes caresses, j’ai oublié ton âme ? Non, je t’aime parfaitement. Ma chérie chérie, si je me révolte, et pourquoi te taire l’aridité de mon cœur envers Dieu, toi tu restes ma petite fiancée, ma petite sœur de joie et de tristesse. Nous souffrons d’un grand mal mais restons unis, la main dans la main. Que nous puissions nous regarder avec une tendresse infinie. Un jour je te prendrai, je te le jure. Je te défierai alors de me dire que tu n’étais pas très, très heureuse. Prie pour moi, je ne peux pas. Communie si tu veux le 10 sept. Je penserai à toi spécialement. Si je te demande de te garder encore jusqu’à mon retour. Trouveras-tu que c’est trop ? Je souffre éperdument, mais quelle souffrance ne fera oublier le goût infini que j’ai de toi ? Ne me refuse pas la paix de ton sourire, de tes mains, de ta douceur.
François