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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“CROIS QUE SOUVENT JE VAIS AU-DELÀ DE MOI-MÊME POUR MIEUX T’AIMER”.
“J’AI TOUJOURS CRU QUE JE SAURAI FAIRE NAÎTRE DE TOI DE GRANDES JOIES. ET JE CROIS ENCORE QUE MOI SEUL SAURAI TE RÉVÉLER L’INDICIBLE”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIV, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 17 sept. 41. Ma très chérie, j’ai reçu hier tes deux lettres de toi des 30 et 31 août. Depuis près de trois semaines, j’étais sans nouvelles. Tu as raison : tes lettres, je les redoute et pourtant je les désire et je veux que nous continuions à nous écrire. Tu devines bien que je ne peux guère m’habituer, après tant de mois heureux et tant d’amour, à renouer avec toi. Tu comprends aussi quelle détresse je puis ressentir après plus d’un an d’espoir quotidien, vers un seul but : toi mon aimée. Et toi seule tu me restais. Maintenant je n’éprouve qu’une sorte de stupeur et il m’arrive de haïr tout ce à quoi j’ai cru. Que je ne renon ce pas à toi et que je ne doute pas qu’un jour, quelle qu’aient été tes décisions d’aujourd’hui, tu sois toute à moi, dans quelque situation où tu te trouves, cela tu le sais. Et c’est pourquoi je me révolte contre le destin qui nous divise alors que ce bonheur, que nous éprouverons fatalement ensemble, nous pourrions le posséder toute notre vie et dans la paix. Ma chérie chérie, au cours de mes lettres, je t’ai répété mon désespoir et ma révolte. Mais crois que souvent je vais au-delà de moi-même pour mieux t’aimer. Je voudrais surtout que tu sois heureuse. Et je me souviens de nos étreintes si abandonnées, et mon orgueil est de revoir ton beau visage d’alors et ton sourire sous mes baisers. Oui, il faut que tu sois heureuse ma ravissante chérie. Est-ce trop de fatuité ? Mais j’ai toujours cru que je saurai faire naître de toi de grandes joies. Et je crois encore que moi seul saurai te révéler l’indicible. Comment t’en voudrais-je de ma peine ? Je ne crois ni ton cœur si faible, ni tes sentiments si vulgaires, ni ta tendresse si facile. Et je conçois les souffrances que tu as dû subir. Tu es si tourmentée malgré tout. Ce qui nous lie fait de nous deux êtres si unis que je souffre de ton chagrin. Et je ne puis ni t’accuser ni t’accabler. Tu es avant toute chose ma bien-aimée, ma fiancée tellement chérie, la femme que j’ai voulu. Et qui pourra effacer cela ? Que puis-je te demander mon petit Zou ? De m’attendre encore avant de te donner ? Je crois tout de même en toi. Moi, désormais, je suis si pauvre, si las. J’ai peur aussi de cet avenir où, sans toi, je reste seul et sans croyance. Prie pour nous deux. Je t’embrasse ma Mariezou. Comme plus tard ce sera vrai. Je t’aime.
François