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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“MALGRÉ L’ABSENCE DE TES RÉPONSES JE CONTINUE ENCORE CES LETTRES”… “MÊME SI TU TE DONNES À UN AUTRE, JE TE REPRENDRAI”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIV, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 24 sept 41. Mon amour chéri, malgré l’absence de tes réponses, je continue encore ces lettres. Peut-être est-ce seulement le retard du courrier, peut-être estimes-tu inutile cette correspondance. Nos lettres ne nous font sans doute guère de bien, mais je crois qu’il serait absurde avant notre rencontre de tout cesser ; je ne crois pas que nous soyons semblables à ceux qui pour s’être trop aimés n’éprouvent plus qu’indifférence l’un pour l’autre. Est-ce de ma part seulement la peur du silence qui viendrait désespérer encore ma solitude ? Non, je crois qu’il y a beaucoup plus que cela. Je t’aime. Tu le sais, je ne m’inclinerai jamais devant le fait de notre séparation, et mon amour n’est pas fait de sérénité, non il est violent, sans mesure. Il n’est pas idéalisé. Non, il est fait de tous les désirs et je n’en rejette aucun. Et ils sont faits des extrêmes. Je te vois telle que tu es, mais tu es tellement meilleure que celle que tu crois. Qu’as-tu fait sinon te soumettre à la loi commune et pourquoi toujours appeler mal ce qui existe. Après ces dix-huit mois de séparation, je serais fou si, sachant ta beauté et combien il est merveilleux de te posséder, je m’étonnais de ce qui est. Seulement, mon cœur se moque de ma raison, et lui est fou, et lui ne retrouvera son bonheur que le jour où toi, ma bien-aimée, tu seras de nouveau et beaucoup mieux en ma possession. Oui, je te parle avec orgueil. Je ne serai sûrement pas celui que tu as connu. Trop de mois pleins de souffrances ont fait de moi un étranger. Je me suis plaint ? Je t’ai suppliée de rester à moi, de ne pas te détacher de moi ? Oui, c’est le cri de tous mes désirs. Mais même si tu te donnes à un autre, je te reprendrai et je te jure qu’il lui faudra t’aimer à la folie celui qui voudra te posséder plus absolument que moi. Mon petit Zou aimé, tu vois je n’arrive pas à être raisonnable. Mais tu devrais me mépriser si je n’étais pas capable de révolte, si j’acceptais de te perdre avec des bons petits regrets et quelques gentillesses. Non, il y aura ce jour où de nouveau, tu seras si proche de moi, que nous reconnaîtrons infiniment plus qu’autrefois que toutes les promesses, tous les rêves, tous les remords ne seront rien à côté de notre bonheur d’être l’un à l’autre.
François