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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“DANS NOTRE HISTOIRE ENCORE INACHEVÉE, IL Y A CET IMMENSE INCONNU QUE TU SAIS”.
“TU M’AS RENDU TOUT À FAIT ILLOGIQUE”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 8 octobre 41. Mon amour chéri, j’espace mes lettres car à quoi bon te dire des sentiments inutiles ? Et ton silence qui persiste depuis trois semaines me répond plus clairement que tout. Mais je continue tout de même parce que le temps est long, parce que je suis seul, parce que je suis triste parfois, moi aussi. Et pourquoi le cacher ? Parce que je t’aime, à t’écrire comme autrefois. J’ai vu combien je pouvais tenir à toi. Si j’essaie de te chasser de mon désir, il y a un domaine plus immatériel et plus secret dont jamais je ne parviens à t’éloigner : c’est celui de ma tendresse extrême, tout ce domaine qui contient nos merveilles communes : nos projets, notre souffrance, nos caresses et cette confiance, cette paix que je ressentais dans tes bras. Mon amour, je sais bien et ne me lasserai pas de te le répéter, qu’un jour tu seras toute mienne. Certes si tu avais déjà été à moi, et si maintenant tu me trahissais, je comprendrais que tout serait fini. Mais dans notre histoire encore inachevée, il y a cet immense inconnu que tu sais. Et, pourquoi ne puis-je me débarrasser de cette certitude ? Rien ne pourra empêcher que nous le possédions. Mon visage, mes mains gardent de toi l’empreinte de nos caresses, et qui pourra l’effacer ? Mais plus que cela, il y a tout ce qu’on ne peut dire, l’alliance définitive qu’aucune aventure, qu’aucun autre amour ne pourra détruire. Et le jour où tu m’appartiendras, je te jure que tout le reste, le passé, n’aura vraiment jamais existé. Ma chérie, tu m’as rendu tout à fait illogique. Toute autre femme que toi, je n’y penserais plus. Je chercherais ailleurs sans regret, sans autre souvenir que des images agréables, mais légères, ce plaisir au jour le jour, ou cette ombre d’amour qu’on prend et qu’on rejette. Mais toi, et malheur à ceux qui croiront t’avoir et te garder, toi ma merveilleuse petite fille, ma seule fiancée, crois-tu vraiment qu’un jour un être au monde pourra arrêter ce qui doit être ? Je t’aime.
François