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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
TRAGIQUE LETTRE D’UN ADIEU PRONONCÉ SANS LE VOULOIR.
FRANÇOIS MITTERRAND DEMANDE À MARIE-LOUISE DE NE PLUS SE VÊTIR DE “LA ROBE DE NOS FIANÇAILLES” POUR QUE CELLE-CI PORTE UNIQUEMENT “LA TRACE” DE LEUR AMOUR
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 10 octobre 41. Mon aimée chérie, je reçois cinq lettres de toi, aussi depuis longtemps en étais-je privé. Depuis trois semaines, je t’ai très peu écrit. Mais je sais que tout ce que je fais pour me séparer de toi est vain. Je suis lié à toi par des liens trop secrets pour les couper d’un seul geste. Tu me le répètes mon aimée : comment pourrons-nous oublier ce que nous savons ? Ce qui a été notre amour, cette entente si parfaite de l’esprit, ce désir si fort de notre union. Non, jamais je ne pourrai demeurer insensible à toi, jamais je ne te deviendrai hostile ou indifférent. Toute notre vie nous resterons unis, même si nous sommes apparemment séparés. Il y a en nous trop de tendresse. Tu as donc lu ce cahier violent. Je n’en renie rien. J’ai désiré en toi à la folie ta douceur de petite fille, ta passion de femme. Mais tu ne sais pas, personne ne sait quel homme je suis. Et même si cela te paraît impossible, moi je crois que, dans l’ordre ou non, tu m’appartiendras. Nos caresses, notre don d’un jour, exigent de la vie leur accomplissement. Voudrais-je te rejeter, voudrais-tu aimer un autre que moi, nous ne posséderons le bonheur total que dans notre union accomplie. Serais-tu la femme d’un autre, il y aura toujours en toi ma part, et de même, toi en moi. Et quelle force alors nous retiendra ? Oui je voudrais prier avec toi. Je ne puis détester Dieu que j’ai aimé, mais Il est maintenant trop loin de moi. Peut-être pour Lui as-tu charge de mon âme. Je t’en supplie, ma très aimée, ne porte plus la robe de nos fiançailles. Qu’elle soit à moi seul. Garde-la, mais comprends-moi, garde la pour moi. Tu me la donneras un jour : qu’elle ne porte que la trace de notre amour. Dis-moi que tu agiras ainsi, pour moi. Ta tendresse est mon seul bien. Je suis inquiet au sujet de la santé de mon père. Après toi, c’est l’être que j’aime le plus au monde. Pourquoi suis-je ainsi dépouillé ? Je sens en moi tant de puissance, mais toi tu aurais pu tellement l’élever. Sans toi, tout me pèse. Ne crains rien ma chérie, il ne peut pas y avoir de lutte entre nous. Nous resterons ces deux êtres infiniment proches. Ta promesse de ne pas te donner m’émeut. Je t’aime.
François