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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“JE NE PUIS ÉPROUVER DE LA PEINE QU’EN RAISON DE TOI, ET NE CHERCHER SECOURS QU’AUPRÈS DE TOI”.
LETTRE ÉCRITE SUR UNE DOUBLE PAGE
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIV arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716. [Seconde suscription d’expéditeur, sur le second exemplaire, vierge :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 22 octobre 41. Mon petit Zou chéri, il est tôt ce matin quand je t’écris. Pourquoi suis-je donc obligé de te retrouver mieux encore la nuit que le jour ? Quelle déception quand je comprends que ce n’était qu’illusion. On dirait qu’il n’y a qu’une très petite part de moi-même qui sait que tu t’es éloignée de moi : une sorte de mémoire extérieure qui se souvient. Mais tout en moi agit comme si tu étais mienne. Mes désirs, mes rêves se dirigent vers toi. C’est toi ma petite femme que je serre dans mes bras, qui es ma merveilleuse possession. Et même quand je suis préoccupé par une action quelconque au cours de la journée, mes réflexes de pensée sont commandés par toi. Je ne puis éprouver de la peine qu’en raison de toi, et ne chercher secours qu’auprès de toi, tant tu es ma femme unie à moi par tous les liens, les plus secrets, les plus profonds. Quand j’envisage une vie féconde, riche, je ne vois que toi à mes côtés, avec ton intelligence et ta compréhension, et ta tendresse. Je ne réalise une élévation spirituelle qu’en t’y associant. Ma chérie chérie, comment se fait-il que mon corps et mon esprit soient ainsi fondus en toi ? Pourquoi ne puis-je chercher mon bonheur qu’en désirant de tout mon être ce moment où je serai anéanti en toi ? Ma très aimée, tu comprends sûrement ce que je puis ressentir aujourd’hui. Si j’étais libre, Ah !, je sais bien comment je chercherais l’oubli, mais en serais-je moins misérable ? Quand je recrée le passé, j’y trouve tant de raisons de t’adorer. Je t’ai tant donné, jusqu’à une confiance absolue. Je te savais très belle, et fragile et si désirée. Ce que tu m’as dit un soir m’a tant bouleversé. Mais alors qu’avec toute autre femme, j’aurais joué le jeu de l’amour sans y abandonner mon jugement intérieur, à toi je n’ai rien enlevé. Ma très chérie, je suis heureux tout de même de savoir que Dieu est prêt de toi. Autrefois je te disais que tu étais si merveilleuse que tu ne pouvais être qu’une proie. Et je m’étais juré de faire de toi une femme si heureuse en tous ses désirs qu’elle aurait pu regarder les autres femmes avec orgueil. Mais maintenant mon grand amour, je voudrais pouvoir prier pour que même sans moi tu échappes à ceux qui ne désirent en toi que le droit merveilleux de te posséder. Je voudrais que tu sois si heureuse. Mais mon amour, m’en voudras-tu si je crois au jour qui nous appartiendra ?
François