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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“SI PAR MALHEUR, MA VIE SE PASSAIT AUPRÈS D’UNE AUTRE FEMME QUE TOI, C’EST TOI QUE JE CHERCHERAIS EN ELLE”…
2 pp. in-8 (277 x 147 mm), encre bleue et crayon, lettre à en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du Stalag, cachet de la poste
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIV arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716, Stalag IX A, Deutschland
[Verso :] Le 24/10/41. Ma Marie-Zou chérie, je pense que dans mes dernières lettres, je t’ai montré beaucoup de faiblesse ! Je m’en repends car je n’aime guère les plaintes inutiles. Ce que je souffre, tu le devines, pardonne-moi si je t’en ai tant parlé. Ma chérie, pourquoi es-tu si importante pour moi ? Vraiment je n’ai aimé personne au monde comme je t’aime, et pourtant, qu’ai-je eu de toi ? Souvent, mes lettres, comme ce cahier que tu as lu, te disent la violence de mes désirs. Oui, je sais bien que quand tu seras à moi, je ne me lasserai pas des caresses qui nous donneront passionnément l’un à l’autre. Je sais quelle folie me brûle. Mais tu vois, ce qui m’est sans doute le plus dur, c’est de penser que jamais [je] ne retrouverai cette paix, cette joie absolue du cœur que j’éprouvais avec toi. Cela me rappelle le passage d’Abel Bonnard : quand nous étions dans les bras l’un de l’autre, quand nous connaissions l’union si douce de nos soirs de Jarnac et l’exaltation de nos chères caresses, je ressentais après cela, quand je voyais de nouveau ton visage, tes yeux et ton sourire, un bonheur étrange, indicible. Et tu sais aussi ma chérie, combien il est rare cet amour qui dépasse infiniment le désir : quelle merveille : je le possédais. Tu comprends alors pourquoi je ne puis en séparer ma pensée. Mais comment t’en voudrais-je ? Tu m’as donné tant de bonheur et malgré nos difficultés, je me sens toujours si proche de toi, en confiance si complète avec toi. Si par malheur, ma vie se passait auprès d’une autre femme que toi, c’est toi que je chercherais en elle, c’est la joie que tu m’as donnée que je désirerais en elle. Ma bien-aimée, je t’écris tout cela sans périphrases. Mais cela doit te montrer surtout qu’avec toi je veux toujours exprimer ce que j’éprouve, ce qu’avec personne je n’oserais : je t’aime et mon amour contient tant d’amitié. Je t’écrirai de nouveau lundi. Je songe que notre situation actuelle t’est sûrement très pénible et que tu désirerais peut-être, si ma captivité se prolonge, faire ta vie. Ne crois pas que je veuille te garder si tu dois en souffrir. J’ai accepté ta promesse. Mais je sais mieux que quiconque combien, ma ravissante chérie, cela te doit être dur à toi si merveilleuse, si désirable. Sache que je veux que tu sois heureuse.
François