2000 - 3000 €
Passer un ordre d'achat
Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
MITTERRAND, François

Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais

14 June 2025

“LA FANTAISIE ET L’AVENTURE, JE NE VEUX QU’ELLES. ET JE NE VEUX PAS CONNAÎTRE LA LIMITE DE MA FORCE”.

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE

2 pp. in-8 (280 x 147 mm), encre bleue et crayon, lettre à en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du Stalag, cachet de la poste

CONTENU : 

[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716

[Verso :] Le 4 nov. 41. Mon Zou très chéri. Tu vois, le temps passe, et que met-il chaque jour entre nous ? Et pourtant, jamais tu ne me seras étrangère. Je pense à toi, à notre aventure, qui n’est sûrement pas une aventure telle qu’on l’entend, chose qui passe et ne laisse pas de traces. Et je pense aussi à moi vis-à-vis de toi, celui que tu as connu et celui qui t’est resté secret. Avec toi, j’ai été tellement homme de paradoxes. Je t’ai tant désirée, et qu’ai-je pris de toi ? Et je suis pourtant si proche de mes désirs. Pour moi, tu es celle qui as reçu toute la passion de mon corps et de mon esprit. Mais où me serais-je arrêté ? Où pourrais-je jamais m’arrêter ? Et toi, tu es trop belle, trop parfaite. Si je t’avais prise, j’aurais haï ce qui aurait fait de nous un couple de hasard, ce qui nous aurait humiliés, ce qui aurait fait de toi une femme dans mes bras comme d’autres. Non, toi, tu devais être ma femme pour toujours, et pas par accident. Quand je dis que tu es parfaite, je ne songe qu’à ces qualités de ton visage, de ton regard, de ton corps quand il est prêt à se donner, et qui t’ont rendue si merveilleuse pour moi, incomparable, presqu’effrayante. Tu te souviens ? Je t’appelais “mon beau petit animal”. Comprends-moi, cela n’est pas te rabaisser, parce que tu es autre chose aussi, mais je le pensais profondément. Comme ç’aurait été bête de te posséder sans te donner tout le bonheur, tout le plaisir qui peut être en toi. Si tu es à moi un jour, mon amour, je veux que tout en toi connaisse l’infini, la folie de l’amour. Je suis devenu un homme différent de celui que tu sais. La fantaisie et l’aventure, je ne veux qu’elles. Et je ne veux pas connaître la limite de ma force. Devant quoi hésiterai-je ? Toi, chérie, je suis sûr que tu comprends (que tu es la seule à comprendre) mes contradictions, mes désirs. Tu es une femme si riche. Tu sais bien que je serais fou si je renonçais à toi.

François