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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“DU VOTE DE MA FAMILLE, IL Y A LONGTEMPS ÉVIDEMMENT QUE JE SUIS RENSEIGNÉ… À MOI SEUL, JE RECONNAIS LE DROIT DE TE JUGER ET RÉSERVE LE POUVOIR DE DÉCIDER”.
“CELA N’EXCLUT PAS MA SOUFFRANCE ET MA CERTITUDE QU’UN JOUR, PROCHE OU LOINTAIN, TU SERAS À MOI”
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 12 novembre 41. Mon Zou, mon petit Zou chéri, je reçois tes 2 lettres du 22 octobre, je n’avais rien depuis un mois. Tu crains que tes lettres ne me fassent de mal. Elles ne font pas que me blesser, ma très chérie, car pourquoi les attendrai-je malgré moi aussi intensément ? Je ne me raccroche pas à l’illusion d’une tendresse. Je ne m’attache pas au peu que tu puis me donner. Mais je continue de t’aimer, comme tu le sais, et je pense qu’avant tout, tant que durera cette situation, nous devons agir selon notre intimité si vraie, si profonde, selon les liens que nous ne songeons pas à rejeter et qui font de nous deux êtres confondus par des joies et des tristesses extrêmes. Tu me parles de mon père et de tes parents. Tu sais que je n’agis envers toi que selon tes désirs. Voici donc où j’en suis. Du vote de ma famille, il y a longtemps évidemment que je suis renseigné. Je ne songe pas le moins du monde à incriminer mon père. S’il a vu quelque amertume dans mes lettres à l’égard des miens, ce n’est pas parce qu’ils seraient pour quelque chose dans ton éloignement, mais uniquement parce qu’à moi seul je reconnais le droit de te juger et réserve le pouvoir de décider. Tu es ma fiancée. En qui j’ai mis, quoi qu’il puisse paraître, toute ma confiance. Ne t’inquiète pas, ma chérie chérie, nous réglerons tout à nous deux et en parfaite entente. Du côté de tes parents, j’ai écrit trois ou quatre fois à ton père, et il m’a répondu. Dans la première lettre, j’étais tellement abattu que je lui disais mon désarroi. Dans les autres, je lui ai formellement demandé d’agir à ton égard comme moi-même. Je lui ai répété tout ce qu’il y avait de beau dans notre passé et que si le présent était déchirant, il ne fallait pas abîmer les sentiments magnifiques qui nous ont unis. Je lui ai demandé toute sa compréhension, son affection pour toi, de ne pas te retirer l’estime que moi je te garde. Enfin, et il m’a dit tout son accord, de n’essayer sur toi aucune pression. Nous deux seuls étant juges de nous-mêmes. Je m’étonne donc de la situation difficile qui t’est faite. Crois, mon tout petit chéri, que je te comprends infiniment. Cela n’exclut pas ma souffrance et ma certitude qu’un jour, proche ou lointain, tu seras à moi. Mais crois en moi. Je veux avant tout que tu sois heureuse. J’écris chez toi.
François