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Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais
“JUSQUE LÀ, UNE FEMME NE POUVAIT ME DONNER QUE SON PLAISIR. TU COMPRENDS, MON AMOUR, QUEL SAUT DANS L’INCONNU QUAND J’AI DÉCOUVERT QUE TU AVAIS PRIS PLUS QUE MES DÉSIRS D’UN INSTANT”.
CONTENU :
[Suscription :] Mademoiselle Marie-Louise Terrasse, Paris, 5 avenue d’Orléans 5, XIVe arrt, Seine, France. [Expéditeur :] François Mitterrand, 21716
[Verso :] Le 25 nov. 41. Mon aimée, rien de toi cette semaine encore, je continue pourtant de t’écrire. Je pense que nous sommes trop liés, que trop de souvenirs et de tendresse nous unissent pour que le silence se fasse entre nous. Même si tu choisis une autre voie que la mienne, jamais je ne pourrai rester indifférent à ta vie. Et puis-je croire que je ne compterai plus pour toi ? Tu vois, ce qui nous arrive m’aurait trouvé normalement beaucoup plus détaché. Je ne suis pas celui qui reste et qui regrette. Et quelle femme aurait pu me retenir ? Pourquoi alors te suis-je si attaché ? Je ne le comprends guère moi-même. Ne crois-tu pas que notre amour a été très beau ? Il réunissait sans doute trop intimement les désirs les plus absolus de l’âme et du corps : en toi, je ne puis, n’ai jamais pu séparer le bonheur de posséder tes caresses, au besoin de m’élever, de devenir meilleur, plus raffiné, plus sensible, grâce à toi, avec toi. Jusque là une femme ne pouvait me donner que son plaisir. Tu comprends, mon amour, quel saut dans l’inconnu quand j’ai découvert que tu avais pris plus que mes désirs d’un instant. Je pense à toi trop souvent. Mais jamais je ne t’accuse. Je t’écris trop souvent aussi ma tristesse. Pourtant, avant de commencer une lettre, j’ai souvent aussi envie de te dire que tu es belle, que nous sommes nous deux indifférents, au-dessus de trop de choses, que m’importe ta volonté d’aujourd’hui ? Tu es belle et je savais que tu étais ma merveilleuse, trop faite pour l’amour pour attendre des ombres. Et je je t’en veux pas. Malgré ce que tu penses, je sais en moi que tu n’échapperas pas à notre destin, que ce soit bientôt ou dans des années. Je me sens possesseur de tant de secrets : tu pourras donner plus, et d’autres pourront croire qu’ils te possèdent totalement mais qui devinera ta beauté ? J’entends ta voix si grave. Je vois ton visage si grave dans l’abandon. Je sais ton silence, cette ferveur pour toi-même. Et je me sens fort, car il y a une part de toi que personne ne comprendra. Que moi seul. Mais cela tu le sais peut-être aussi.
François