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CHATEAUBRIAND, François René, vicomte de

Lettre autographe signée au cardinal de Croÿ

Rome, Ambassade de France, 1829, 11 mars

LETTRE INÉDITE DE CHATEAUBRIAND ÉCRITE DEPUIS L’AMBASSADE DE ROME, DURANT LE CONCLAVE DE 1829, À L’UN DES CARDINAUX FRANÇAIS, PROBABLEMENT LE CARDINAL DE CROŸ.

IL LUI DEMANDE DE VENIR LOGER AU FARNÈSE AFIN D’ACCORDER LEURS VOIX.

2 pp. in-4 (227 x 185mm) sur un double feuillet de papier Whatman

“Monseigneur,
Mgr le cardinal Latil est descendu à l’ambassade de France, je vous supplie de me faire le même honneur, quoique vous ayez un autre appartement que vous pouvez occuper après le Conclave. Ce n’est pas pour moi seul que j’ôse vous faire cette prière (tout nerveux et tout (…) que je serais de vous recevoir) mais pour le bien du Service du Roi dans le moment décisif où nous sommes. Si je pouvais connaître précisément le jour et l’heure de votre arrivée, je m’empresserais d’aller moi-même au-devant de vous.
Agréez, je vous prie, Monseigneur, l’hommage de mon dévouement et l’assurance de ma haute et respectueuse considération.
Chateaubriand”

Le destinataire de cette lettre peut être soit Anne-Antoine-Jules de Clermont-Tonnerre (1749-1830) : mais, cardinal en 1822, il ne participa pas au Conclave de 1829 qui élut Pie VIII en remplacement du défunt Léon XII. Dans une lettre précédente du 9 mars 1829, Chateaubriand avait déjà demandé à Clermont-Tonnerre de loger au Farnèse, celle-ci pourrait la prolonger, mais cela semble peu probable. Finalement, Clermont-Tonnerre demeura dans son diocèse de Toulouse “où le retiennent son âge et ses infirmités” (À Joseph Portalis, 12 mars 1829, Correspondance, VIII, p. 293). Soit le cardinal d’Isoard (1766-1839) ou le vieux cardinal de La Fare (1752-décembre 1829) qui participèrent au Conclave. Soit plutôt le progressiste cardinal de Croÿ (1773-1844). De ce dernier, on sait avec certitude qu’il logea au Farnèse, puisque Chateaubriand écrit à Joseph Portalis le 12 mars 1829, au lendemain de cette lettre du 11 : “Voilà M. le cardinal de Croy qui descend chez moi, en bonne santé” (op. cit., p. 293).

Chateaubriand, alors ambassadeur de France, évoque longuement ce conclave dans les Mémoires d'outre-tombe, et Stendhal relate cette élection dans ses chroniques de Promenades dans Rome. Comme l’ambassadeur l’écrit à Madame Récamier le 10 mars 1829 : “il s’agissait de bien persuader aux ennemis de notre pays que les cardinaux français n’arrivaient pas avec des vues contraires aux instructions que j’avais reçues”. Il fallait donc les loger pour mieux les cornaquer.