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Trois cartes autographes signées à la famille Terrasse
CARTES ADRESSÉES À LA FAMILLE DE MARIE-LOUISE : DEUX À SES PARENTS, UNE À SA SŒUR
CONTENU :
1. 2 pp. in-8 (90 x 140 mm), encre bleue, lettre à en-tête de la “Correspondance des armées de la République”. Cachet de la poste “Rosières aux Salines, Meurthe et Moselle”
[Suscription :] Monsieur A[ndré] Terrasse. 5 Av. d’Orléans 5. Paris, XIV
[Verso :] Le 8/6/40. Cher Monsieur, je pars pour l’Allemagne à l’instant. Je vous écris du train. Quand reviendrai-je ? De toute manière, sachez que mon affection ne vous quitte pas, que je pense constamment à Marie Zou. Je lui inflige un rôle bien dur, contre sa volonté, contre ma volonté de lui donner un peu plus du bonheur que je lui ai promis. Je compte sur mon père surtout pour me faire rappeler à titre d’employeur. Pensez un peu à moi. Avec toute mon affection. Je vais vers Kassel, je crois. Tout le camp d’ici y part sauf qui ont pu extirper un papier de leur employeur admis par une Kommandatur.
François M.
2. 2 pp. in-8 (90 x 136 mm), encre bleue, lettre à en-tête “Carte postale”. Cachet de la poste
[Suscription :] Mademoiselle R. Terrasse. 20 rue du Cloître N. Dame Paris 4ème. [Expéditeur :] Hôpital des Prisonniers de guerre français. Lunéville (Meurthe et Moselle)
[Verso :] Chère Mademoiselle, j’ai reçu votre carte avec joie. C’est la première reçue depuis bien longtemps ; rien n’est encore venu de Jarnac. je vous écris et je suppose que par votre intermédiaire, Marie-Louise et les miens auront plus sûrement de mes nouvelles car les communications marchent régulièrement avec Paris, mais relient encore bien mal Lunéville au Sud-Ouest. De même, les lettres de Marie-Louise me parviendront peut-être mieux en passant par vous : ici les lettres de Paris arrivent en bon nombre. Je serai très heureux de recevoir souvent de vos nouvelles à tous. Vivre plus de quarante jours dans le silence, c’est un carême pénible ! Que François et Jacques soient en bonne santé, quelle joie, et quelle chance. Pour moi, je suis rétabli, et vais rejoindre le camp voisin de l’hôpital, avec pour souvenir un petit éclat qui se manifeste de temps [en temps] dans le côté, et qui me suivra sans doute jusque dans l’éternité ! J’attends évidemment la fin de ma captivité avec impatience, vous le devinez. À Jarnac, on doit être inquiet sur mon sort ! Et pourtant, j’ai écrit plusieurs fois depuis deux mois, mais je doute que mes lettres aient été transmises. Je compte un peu sur vous, chère Mademoiselle, pour dire à ceux de là-bas et surtout à Marie-Zou, que ma pensée ne les quitte pas. Je ne pourrai pas leur écrire beaucoup car les correspondances sont réglementées. Mais qu’ils m’écrivent ! Je vous remercie infiniment d’avoir si gentiment répondu par votre carte à mon attente impatiente. Vous voyez que je réclame encore un peu de votre affection !… mais en échange, je vous envoie mille remerciements et ma pensée affectueuses.
François Mitterrand
3. 2 pp. in-8 (99 x 147 mm), encre bleue et crayon, lettre à en-tête du “Kriegsgefangenenpost”, cachet du Stalag, cachet de la poste
[Suscription :] Monsieur et Madame A[ndré] Terrasse. Paris 5 Avenue d’Orléans 5. XIV. France. [Expéditeur :] François Mitterrand. 21716
[Verso :] 15 juillet 1941. Chère Madame, cher Monsieur. Merci de votre lettre qui m’a beaucoup touché. Tout ce qui me vient de vous et tout ce qui entoure Marie-Louise m’apporte un peu de courage. Par cette carte, je veux être avec vous à l’occasion de l’anniversaire de Marie-Zou. Fêterai-je avec vous ses dix-huit ans ? Je l’ai pensé mais je ne dois pas compter sur une certitude. Que ces mots vous disent la part de mon affection. Je suis désolé d’être si loin. Nos fiançailles auront connu si peu de bonheur. J’ai bon espoir pourtant d’être parmi vous avant la fin de l’été, espoir fondé sur raisons précises. C’est toute ma joie de penser à cette échéance. Enfin, retrouver de beaux jours. Dîtes le 9 août à Zou que ma peine est grande de ne pouvoir être près d’elle ce jour-là, mais qu’elle espère, et que les vœux qu’elle sait seront bientôt réalité.
François Mitterrand