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[CLAUDE, Jean]

Réponse au livre de Mr. Arnaud

Quevilly [Rouen], Jean Lucas, 1670

L’UN DES SOMMETS STYLISTIQUES DANS LES POLÉMIQUE DU XVIIE SIÈCLE FRANÇAIS : CHARENTON CONTRE PORT-ROYAL, LE PASTEUR CLAUDE CONTRE LE GRAND ARNAULD ET PIERRE NICOLE.

LUXUEUX EXEMPLAIRE DU MARQUIS DE MENARS, RELIÉ EN MAROQUIN À SES ARMES : L’UNE DES PLUS BELLES PROVENANCES DU TEMPS

ÉDITION ORIGINALE

In-4 (256 x 185mm). Marque typographique, bandeaux et culs-de-lampe

COLLATION : a4 e4 i2 A-Z 2A-Z 3A-Z 4A-Z 5A-Z4, soit (10 ff.) 1-921pp. (3 ff.) de tables ; A-H4 I2, sans le feuillet I4 qui était blanc, comme sur l’exemplaire digitalisé sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k96089300/f70.planchecontact.

PIÈCE JOINTE : Pierre ALLIX et Jean CLAUDE, [Réponse à la dissertation qui est à la fin du livre de Mr Arnaud touchant le livre du corps & du sang du seigneur publié sous le nom de Bertram & touchant l’autorité de Jean Scot ou Erigène], |Rouen, Jean Lucas, 1671]. Ce texte a été publié à part par Jean Lucas, avec une page de titre (cf. Gallica). Il est dans l’exemplaire Charron de Ménars précédé d’un simple faux-titre. La composition et le matériel typographiques sont en tout point semblables

RELIURE DE L'ÉPOQUE. Maroquin rouge, armes dorées au centre des plats, encadrement de filets dorés à la Du Seuil, dos à nerfs orné, tranches dorées

PROVENANCE : Jean-Jacques Charron, marquis de Ménars (armes au centre des plats ; Olivier-Hermal-de Roton, pl. 185) -- Charles de Rohan (1715-1787), Prince de Soubise, avec la fameuse cote Soubise à l’encre sur le plat supérieur et au contreplat de la reliure (“3. c. p. t. 1 H. 56” ; Catalogue des livres… de feu Monseigneur le Prince de Soubise, Paris, 1688, n° 1333 pour partie)

Partie de la charnière supérieure restaurée sur cinq centimètres

Le pasteur Jean Claude (1619-1687) officia à Nîmes, Montauban puis au temple de Charenton. Il était proche du grand Turenne, sans doute le plus notable protestant de France et le chef officieux du protestantisme. Son éloquence et sa vivacité d’esprit firent de lui le chef spirituel des protestants français. On retient ses controverses réputées, celle avec Pierre Nicole, celle de ce présent volume avec Antoine Arnauld, et surtout son grand débat contradictoire avec Bossuet, en mars 1678, pour la conversion au catholicisme de Marie de Durfort (1649-1688), dame d’honneur de la duchesse d’Orléans et nièce du grand Turenne (Conférence avec M. Claude Ministre de Charenton sur la matière de l’Église, Paris, 1682).

La polémique du pasteur Jean Claude avec Port-Royal se noue autour de la question eucharistique. Les jansénistes s’appuyaient sur “l’argument de prescription” prétendant que rien n’avait changé dans l’Église depuis le XIe siècle - d’où l’expression de “perpétuité de la foi” et cet argument se retrouve fréquemment dans les Lettres de madame de Sévigné. Les étapes sont marquées par un traité manuscrit de Pierre Nicole intitulé Traité contenant une matière facile de convaincre les hérétiques publié en 1659 avec un texte d’Antoine Arnauld en préface. Encouragé par Mme de Turenne, Claude écrivit une Réponse vers 1662. Port-Royal publia en 1664 le texte de Nicole sous le titre La Perpétuité de la Foy auquel était ajouté une réfutation de la Réponse par Antoine Arnauld. La Paix de l’Église de 1669 libéra les jansénistes des polémiques avec les jésuites dont la XVIe Provinciale de 1656 avait marqué le sommet. Entre temps, Claude avait publié en 1665 une Réponse aux deux traités intitulés La Perpétuité de la Foi. Voulant faire preuve d’orthodoxie et d’irénisme vis-à-vis de Rome, Port-Royal engagea désormais la controverse vers les seuls protestants. Ce sera en 1669 La Perpétuité de foi de l’Église catholique touchant l’Eucharistie défendue contre le livre du sieur Claude due aux plumes acérées du tandem d’Arnauld et Nicole. À ce texte répond celui de l’exemplaire ici présenté.

Le grand bibliophile Jean-Jacques Charron, marquis de Ménars (1643-1718), était le beau-frère de Colbert. Il avait acquis en 1679 la collection des de Thou qu'il vendit en 1706 au cardinal de Rohan, avec grand profit. Cette célèbre collection passa ainsi dans celle des Princes de Soubise. Le reste de sa bibliothèque fut vendue à La Haye après sa mort. Saint-Simon le décrit comme ayant "une très belle figure d'homme, et fort bon homme aussi, peu capable, mais plein d'honneur, de probité, d'équité et de modestie, prodige dans un président à mortier". Ménars était un sympathisant des Jansénistes. Il accueillit et protégea pendant trente cinq ans le célèbre abbé Jacques du Guet (1649-1733) dont il fit son bibliothécaire. Rien d'étonnant à ce qu'il fit relier en fin maroquin et apposa ses armes sur ce texte contestataire d'Antoine Arnauld.

BIBLIOGRAPHIE : Émile Kappel, Les Conférences théologiques entre catholiques et protestants en France au XVIIe siècle, Paris, 2011 -- sur Jean-Jacques Charron, marquis de Ménars, cf. Dictionnaire de Port-Royal, pp. 733-734

WEBOGRAPHIE : H. Bost, “Jean Claude controversiste : Charenton contre Port-Royal ?”, http://www.amisdeportroyal.org/societe/wp-content/uploads/2017/04/130-_Jean_Claude_controversiste_Charenton_contre_Port-Royal_par_Hubert_BOST.pdf