Lettre autographe, signée Charles Ferdinand, à [destinataire inconnu]

Du Quartier Général de Mülheim, 1795, 13 novembre [ou plutôt décembre]

À PROPOS DE L’ÉCHEC DE L’OPÉRATION DE L’ÎLE D’YEU

1 p. 1/2 in-8 (185 x 142mm), encre brune

"J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire de l’Isle Dieu et je viens de recevoir à l’instant des lettres de Londres qui m’apprennent votre retour, et la malheureuse fin de cette expédition qui commençait si brillamment ; une seule chose pourrait adoucir en quelque sorte la peine que me cause ce malheur, c’est l’espérance de vous revoir peut-être bientôt ici. Vous avez emporté les regrets de tout le monde. Vous ferez naître le même sentiment partout où vous irez. Nous nous flattons que l’expédition recommencera le printemps prochain. Mais où serez-vous ? Où sera mon Père [le comte d’Artois] ? Dieu veuille que nous soyons tous réunis, et bientôt en France. En attendant cet heureux moment, agréez avec bonté mon tendre et sincère attachement, sentiment que j’ai voué pour toute ma vie au meilleur ami de mon Père [… ]
Ôserais-je vous prier de dire mille choses tendres de ma part à Mess. de Vibraye1, d’Auteuil2 et autres, et recevoir le sentiment de la reconnaissance et du respect de Mess. de Damas3, de la Geard4 et de Nantouillet5”

1. Sans doute Victor Hurault, marquis de Vibraye (1767-1843), aide de camp du comte d’Artois en 1824
2. Sans doute Charles ou Auguste de Combault d’Auteuil, écuyers des Princes de Condé
3. Louis Étienne François comte de Damas-Crux (1735-1814), Premier écuyer du Prince de Condé, lieutenant-général
4. Probablement César de Lageard de Grésignac (1764-1833), émigré en 1790 et officier de l’armée de Condé
5. Alexandre Louis Charles Lallemant de Nantouillet (1769-1824), Premier écuyer du duc de Berry en 1814

Le comte d'Artois avait embarqué le 26 août 1795, à bord du Jason, navire école anglais, afin de tenter, depuis l’île d’Yeu, un débarquement sur les côtes vendéennes. Après une halte à Houat, diverses tentatives de débarquement dans la presqu’île du Croisic ou à Noirmoutiers, l’expédition atterrit à Yeu ou le comte d’Artois débarqua le 2 octobre. Au bout du compte, l’affaire échoua lamentablement et Artois quitta Yeu le 18 novembre 1795, d’où la “malheureuse fin de cette expédition qui commençait si brillamment”. Le duc de Berry, scripteur de cette lettre, est alors cantonné quartier général de l’armée de Condé, dans la province de Bade.

WEBOGRAPHIE :

D. Sutherland, “L’expédition de l’île d’Yeu (1795)”, https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1973_num_211_1_4107
BIBLIOGRAPHIE : vicomte du Breil de Pontbriand, Le comte d'Artois et l'expédition de l'île d'Yeu : erreurs historiques, Paris, 1910