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PECQUET, Antoine

Loix forestières de France, commentaire historique et raisonné sur l’Ordonnance de 1669, les Règlements antérieurs, & ceux qui l’ont suivie ; auquel on a joint une Bibliothèque des Auteurs qui ont écrit sur les matières d’Eaux & Forêts, & une Notice des Coutumes relatives à ces mêmes matières

Paris, chez Prault, 1753

LE PREMIER ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE CYNÉGÉTIQUE ET L’UNE DES PLUS ANCIENNES BIBLIOGRAPHIES FRANÇAISES.

BEL EXEMPLAIRE EN MAROQUIN ROUGE, TRÈS FRAIS, PROVENANT DES ANCIENNES COLLECTIONS HENRI GALLICE ET MARCEL JEANSON.

SOMME JURIDIQUE NÉCESSAIRE À TOUTE ÉTUDE DU RAPPORT DE L’HOMME À LA LOI ET À LA NATURE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

ÉDITION ORIGINALE

2 volumes in-4 (250 x 195mm)
Fleuron aux armes royales sur les pages de titre. Initiales, bandeaux et culs-de-lampe gravés

COLLATION : 

tome 1 : (2) ff., xxii 672 pp. ; tome 2 : (2) ff., 532 pp., (2) ff. dont un f. pour le privilège, le dernier étant blanc


RELIURES DE L’ÉPOQUE. Maroquin rouge, décor doré, triple filet en encadrement avec rosette aux angles, dos à nerfs très ornés et dorés, gardes de papier bleu, tranches dorées

PROVENANCE : 

Henri Gallice (ex-libris) -- Marcel Jeanson (ex-libris ; Monaco, 1er mars, 1987, lot 452, 5.500 frs. sans les frais)


Quiconque veut étudier l’histoire de la chasse et de la forêt et plus particulièrement la notion même de “droit de chasser” ou celle, par exemple”, de “droit de glaner”, ne peut éviter l’ouvrage d’Antoine Pecquet, Grand-Maître des Eaux & Forêts de France, au Département de Normandie. De nos jours même, l’attention extrême portée à l’altérité, otherness comme le disent les chercheurs américains - une exposition du Getty Museum sera consacrée à ce sujet en 2023 -, engage vers la considération d’un lien entre l’homme et la nature qui ne serait plus l’apanage des princes et des puissants. Le braconnage et sa réglementation marqueraient, selon certains, la fin d’un droit naturel et originel à chasser où l’on veut, au profit d’une règle qui aurait réservé la chasse aux puissants depuis l’ordonnance de Charles VI en 1396.

Ce sont plus particulièrement les cent premières pages du tome II qui, par le titre 30, sont consacrées à la chasse. Antoine Pecquet insiste sur l’importance d’un sujet qui ne saurait être trop simplement considéré comme “un objet d’amusement” - et on pense ici à de nombreux titres d’ouvrage de chasse appelés Amusements. Ainsi, la chasse doit-elle être envisagée “relativement à l’origine de ses loix et relativement à la gravité des affaires et des querelles auxquelles son usage a donné lieu” (p. 23).

“Car c’est le droit de la chasse qui, avant comme après la Révolution, a élaboré une frontière entre un prélèvement licite et une destruction illicite, distinguant entre celui qui a le droit et celui qui n’a pas le droit, entre celui qui chasse dans les règles et celui qui ne chasse pas dans les règles, rejetant certains dans la criminalité. L’histoire du droit du braconnage se construit ainsi autour d’une opposition parfois caricaturale entre un droit séculier et une liberté naturelle, entre la figure du chasseur et celle du braconnier, entre l’homme d’honneur titulaire de titres et de dignités et l’homme du peuple, potentiellement dangereux s’il se trouve armé, entre le propriétaire et le brigand.” (N. Maillard)

Des capitulaires carolingiens à nos jours, en passant par l’Ordonnance générale sur le fait des Eaux et Forêts de 1669, le Règlement général des Eaux et Forêts de Lorraine de 1707, la législation révolutionnaire et le Code forestier de 1827, les règles forestières poursuivent de leur côté un objectif identique : réglementer afin de mettre sur pied une administration et une organisation forestières capables de gérer la forêt, de fournir le maximum de bois en préservant les ressources futures, d’interdire les défrichements excessifs et les abus de droits d’usage des populations riveraines des massifs. Le but est produire le bois de chauffage, d’œuvre, de merrains ou de service pour tous les particuliers, la marine et les industries. Nourricière, espace cynégétique, ressource matérielle indispensable à l’installation humaine, la forêt est au centre des préoccupations du pouvoir. Elle manifeste “la puissance du prince, son assise territoriale et sa ressource financière ” (Andrée Corvol).

Mais, surtout, aux yeux des amateurs de livre de chasse ou pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du livre, Antoine Pecquet propose l’une des premières bibliographies françaises, entre La Croix du Maine et Antoine du Verdier (1584-1585), et la Bibliographie instructive de Debure (1763-1768). Il s’agit ici de la première bibliographie sur la chasse, comme l’écrivent Jules Thiébaud (“le premier essai français de bibliographie cynégétique”), et avant lui Jean-Baptiste Huzard (“cette Bibliothèque contient l’indication de quelques ouvrages assez rares sur la chasse, que l’on ne retrouve point ailleurs”, Notices bibliographiques, Paris, Huzard, 1835, p. 15). Cette bibliographie commence avec le Roy Modus et les éditions de Phœbus en 1486. Elle traite de Du Fouilloux, de 1561 et 1607 : “le fond de l’Ouvrage a joui de l’avantage qui appartient aux bons Ouvrages, c’est-à-dire d’être souvent imprimé, & d’être adopté par les Étrangers” (p. 407). Franchières et Arcussia, Gommer, Saint-Aulaire, Salnove, Chauffour et Charles IX, et tous les grands classiques sont là.

On remarquera que Thiébaud ne cite aucun exemplaire notable, lui qui savait tout. Schwerdt ne posséda qu’un exemplaire relié en veau de l’époque, comme on en rencontre assez fréquemment et forcément abimé par l’usage. Les répertoires électroniques ou manuels, comme le fichier Berès, ne recensent aucun exemplaire en maroquin excepté celui-ci, l’exemplaire Gallice-Jeanson.

BIBLIOGRAPHIE : 

J. Thiébaud, Bibliographie des ouvrages français sur la chasse, col. 715-716 : “la Bibliothèque chronologique des auteurs qui ont traité de la matière des Eaux & Forêts, Pêche et Chasse, qui occupe les pp. 405 à 420 du tome II, est le premier essai français de bibliographie cynégétique” -- C. F. G. R. Schwerdt, Hunting, Hawking, Shooting, II, p. 64 -- Andrée Corvol, “Les forêts d’Occident du Moyen-Âge à nos jours”, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2004, p. 7

WEBOGRAPHIE : 

Ninon Maillard. “Le braconnage comme droit naturel : la liberté de chasser contre le droit de le faire”, Revue semestrielle de droit animalier, Observatoire des mutations institutionnelles et juridiques, Limoges, 2017/2, pp. 321-347 : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01822521/document