50 000 € - 70 000 € Résultat : 183 300 avec frais
Passer un ordre d'achat
Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
[FERRIÈRES, Henry de]

Sensuyt le livre du Roy Modus et de la Royne Racio q[ui] parle du deduit de la Chasse a toutes bestes sauuaiges comme cerfs : biches : dais : cheureulx : lieures : sãgliers : loups/regnardz. et loutres Avec le stille de faulcõnerie

Paris, Jehan Trepperel, [vers 1525]

SUPERBE EXEMPLAIRE RELIÉ EN VEAU AU XVIIIE SIÈCLE DOTÉ DE PROVENANCES SÉDUISANTES : MÉON, HUZARD, YEMENIZ, HUTH, SCHWERDT, MOUCHON, BLONDELET.

“LE PLUS ANCIEN LIVRE DE CHASSE ÉCRIT EN FRANÇAIS” (THIÉBAUD)

Troisième ou quatrième édition
In-4 (183 x 128mm). Titre et dernier feuillet de la table en rouge et noir. Titre courant, 32 lignes à la page. Caractères gothiques. Lettrines gravées. 3 vignettes gravées sur bois (titre, lecteur, colophon)
COLLATION : a4 A-V4 AA-BB4 CC6 : 98 feuillets, soit 4 ff. non ch. et 94 ff. foliotés I-XCIIII en leur recto
CONTENU : a1r : titre avec vignette représentant l’auteur offrant son livre, a1v : “Lecteur” avec vignette représentant un moine au premier plan et une femme nue au second plan, a2r : dédicace “A tres hault et magnanime prince monseigneur Charles”, a2v-a4v : “la table”, A1r : texte “Au temps que le roy Modus”… , CC6v : colophon “Cy finist ce present livre… Imprime nouvellement a Paris par Jehan Trepperel” avec marque de l’imprimeur
ANNOTATIONS : un feuillet manuscrit, à l’encre brune, d’une main du XVIIIe siècle, sur une garde à la fin du volume : “Au Mississippi, les sauvages ont la peau d’un daim [… ] pour se faire un bonnet qu’ils mettent sur leurs têtes et se couvrent les corps de sa peau”… ; nombreuses corrections manuscrites du XVIe siècle, à l’encre noire, corrigeant des fautes d’impression
ILLUSTRATION : 43 gravures sur bois à mi-page (environ 75 x 115mm) représentant des scènes de chasse
RELIURE VERS 1700. Veau marbré et moucheté de rouge, filet à froid en encadrement, dos long orné et doré avec petit fer à l’oiseau, tranches dorées. Étui
PROVENANCE : Dominique-Martin Méon (1748-1829 ; Paris, 15 novembre 1803, lot 1283 : “Trepperel, s.d., in-4, figures en bois, v[eau] m[arbré]”, cote manuscrite à l’encre rouge) -- Jean-Baptiste Huzard (1755-1838 ; cachet au verso du titre ; Paris, 1842, II, lot 4856, 165 FF ; qui possédait également un manuscrit sur peau de vélin du Roi Modus, cf. lot précédent de sa vente) -- Nicolas Yemeniz (1783-1871 ; ex-libris ; Paris, 23 mai 1867, lot 1033, 800 FF ; qui possédait un autre exemplaire du Roi Modus, cf. lot précédent de sa vente, vendu 500 FF) -- Henry Huth (1815-1878 ; ex-libris ; Londres, 1917, V, lot 5042, qui la date “c. 1495”) -- C.F.G.R. Schwerdt (1862-1939 ; ex-libris ; décrit dans son catalogue de 1928, II, p. 30) -- Pierre Mouchon (1867-1952 ; Paris, 1953, lot 1132) -- Jean Blondelet (signature autographe sur la dernière garde)

Restauration marginale sans atteinte au texte aux feuillets N1, N4 et CC5

Thiébaud mentionne la rareté de cette édition en même temps que sa datation probable : “cette édition est également fort rare ; les exemplaires connus aussi peu nombreux que ceux des deux premières éditions [1486 et 1521]”. Cette édition “semble bien avoir été publiée après celle de 1521 et serait, par conséquent, la troisième du Livre du Roy Modus”.

Elle fut un temps considérée comme incunable. Le catalogue de la vente Henry Huth (1917) puis celui de la collection Schwerdt (1928) la dataient vers 1495. Schwerdt se ravise cependant à la fin de sa notice bibliographique et la situe après l’édition de 1521 : “We venture… to submit the theory that this variation in the so-called second edition point to its being a later edition than the one of 1521, in which case it could be the third”. Cette datation est donnée par Schwerdt à partir de la dédicace et de l’étude des gravures : l’imprimeur Trepperel, dans sa dédicace à Charles de Bourbon, mentionne qu’il est “gouverneur et lieutenant général pour le Roy es pays de Picardie”. Or Charles de Bourbon ne reçut ce titre qu’en 1518. L’étude des gravures d’autre part tend à privilégier un lien entre l’édition de 1521 (de J. Janot) et celle-ci. Selon Schwerdt, les bois sont quasiment semblables entre les deux éditions mais ceux de l’édition Trepperel sont plus petits que ceux de l’édition Janot. Or la progression d’une édition à une autre va ordinairement dans le sens d’une réduction des gravures. Le catalogue Schwerdt remarque en outre que le bois au verso du feuillet 25 de l’édition Trepperel est d’une facture plus récente que dans l’édition de 1521 : “this woodblock appears to be of a later date than the one in the 1521 edition… all the others are very similar to the cuts in the 1521 edition, although they are not exactly the same”, conclut-il.

Guy Bechtel ne date pas cette édition Trepperel vers 1525, mais un peu plus tardivement vers 1529. En opposition avec Schwerdt, Bechtel affirme que les bois ne sont pas copiés sur l’édition de 1521 (Janot) mais sur celle de 1526 (Le Noir). Il situe donc l’édition de Trepperel en quatrième position.

Quel que soit le rang de cette édition dans l’histoire du Roy Modus, toutes ne sont connues qu’à quelques exemplaires. Thiébaud ne signale que trois exemplaires de cette édition Trepperel (en plus de celui incomplet conservé à la Bibliothèque nationale de France) : les deux exemplaires de la vente Yemeniz : à savoir, celui-ci (lot 1033) et un autre (lot 1032, relié par Simier) ; et un troisième exemplaire, celui de la vente La Roche-Lacarelle puis Jeanson (n° 224), en maroquin rouge de Trautz-Bauzonnet. Le catalogue de la vente Yemeniz signale quelques différences de vignettes et de disposition typographique entre ces deux exemplaires : sans parler d’éditions distinctes, il s’agirait plutôt de deux états différents de la même édition.

L’exemplaire de la vente Du Verne–Bernis (5 octobre 2016, lot 88), provenant également de la collection Schwerdt, appartenait à l’édition Le Noir de 1526. Il était relié en maroquin de la fin du XIXe siècle.

Cet exemplaire se distingue des autres, toutes éditions confondues, par sa chaîne de provenance remarquable et, surtout, par la qualité esthétique de sa reliure.

Le Livre du Roy Modus et de la Reine Ratio est, selon Thiébaud, "le plus ancien livre de chasse écrit en Français". Gustav Tilander, dans son article "Les manuscrits des livres du Roi Modus et de la Reine Ratio" (cf. infra), fait remonter sa rédaction aux années 1377-1378 alors que les premières dates de la rédaction par Gaston Phébus de son Livre de Chasse remontent à 1387. À ce titre, le Livre du Roy Modus appartient aux grands textes littéraires français, ceux qui ont marqué une étape dans la constitution de la langue française.

BIBLIOGRAPHIE : 

Schwerdt II, 30 -- Thiébaud, 396-399 -- Souhart 628-629 -- Bechtel R-223 -- G. Tilander, Les Livres du Roy Modus et de la Royne ratio, Paris, Société des Anciens Textes français, 1932 -- De Futaie en folio, I, 254 et suiv. (pour d’autres éditions que celle-ci)

Vendu avec son Certificat de bien culturel