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GOURY de CHAMPGRAND, Charles-Jean

Traité de vénerie et de chasses Sçavoir : du cerf, du daim, du chevreuil, du lièvre, du sanglier, du loup, du renard

Paris, Claude-Jean-Baptiste Hérissant, 1769

BEL EXEMPLAIRE DU PLUS BEAU ET DU SEUL LIVRE DE CHASSE ILLUSTRÉ EN FRANCE AU XVIIIE SIÈCLE.

PREMIÈRES ŒUVRES DE L’AQUAFORTISTE ET BURINISTE LOUIS-MICHEL HALBOU, L’UN DES VIGNETTISTES ET GRAVEURS LES PLUS RENOMMÉS DE SON TEMPS

ÉDITION ORIGINALE

2 parties en un volume in-4 (237 x 185mm). L'édition est dédiée à Louis-François-Joseph Prince de Conti (1734-1814), célèbre veneur. Fleurons, bandeaux et culs-de-lampe gravés sur bois
COLLATION : π4 b2 A-M4 N22N4 O-P42A-D42D1
ILLUSTRATION : 39 eaux-fortes dessinées et gravées par Louis Halbou dont deux frontispices, une planche dépliante représentant le "Cerf pris à l'eau" et 13 planches d'oiseaux de proie
RELIURE SIGNÉE PAR PETIT SUCCESSEUR DE SIMIER. Dos de maroquin vert bouteille à coins, dos à nerfs orné et doré, tranches marbrées
PROVENANCE : Luppé, Pierre, marquis de (1866-1934), et sa femme la marquise de Luppé, née Princesse Albertine de Broglie (1872-1946 ; ex-libris armorié) -- Jacques Alexandre Faure (1899-1995), avec sa devise "nova aperire" et une clé ornée de l'emblème héraldique du loup, celui de sa femme née Jacqueline de Lubersac (1913-1988)

Charles-Jean Goury de Champgrand (1732-1799) fut l'un des personnages sympathiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Financier fortuné et chic, marchand de tableaux à ses heures, il fut officier pendant la guerre de Sept Ans et se retira lieutenant-colonel de dragons en 1779. Goury de Champgrand appartenait à l'entourage immédiat du duc d'Orléans, futur Philippe-Égalité, dont il fut l'un des zélés propagandistes durant les premières années de la Révolution. Protégé par le duc puisque son ami personnel, il occupait deux vastes appartements au-dessus des arcades du Palais-Royal. Goury de Chamgrand fut à l'origine du café Corazza créé en 1787 sous les arcades du Palais Royal, au 7 et au 12 de la Galerie Montpensier. Ce café Corazza, du nom d’un de leurs amis génois, abrita les premières réunions de la Société des Amis de la Constitution, ancêtre du club des Jacobins. Le comte Berthold de Proli (1750-1794), trouble financier d'origine autrichienne, autre amateur d'art et fils naturel de Kaunitz, occupait à l'étage supérieur un somptueux appartement. Au sous-sol se trouvait une salle de bal surnommée le Pince-Cul. Goury de Champgrand et Berthold de Proli trempèrent dans de nombreux complots dont celui dit des Banquiers ou "conspiration des étrangers". Sa dénonciation, par le non moins trouble Fabre d'Églantine, conduisit Proli et ses amis à l'échafaud tandis que Goury de Champgrand fut oublié pour longtemps en prison et mourut dans la misère.

Champgrand avait été l'un des amants de la belle Sophie Arnould (1740-1802), célèbre actrice amoureuse aussi bien des hommes que des femmes. D'elle, il eut une fille, prénommée Sophie (1773-1860), qui épousa un officier russe, le baron de Bawr (mort en 1810). Sophie de Bawr écrivit au moins quinze romans et dix pièces de théâtre. Ses Souvenirs, publiés en 1853, offrent un témoignage remarquable sur la vie d'une écrivaine dans les trente premières années du XIXe siècle.

On ne sait rien de la pratique de la vénerie par Goury de Champgrand, si ce n'est qu'à la lecture de l'ouvrage, elle semble précise et savante. Il est dédié au Prince de Conti, célèbre chasseur qui possédait la giboyeuse forêt de L'Isle-Adam, près de Paris. Ce Traité de vénerie, publié en 1769, fut réédité en 1776. Malgré une grande proximité avec les cercles de la Cour (Orléans ou Conti), on ne connaît bizarrement aucun exemplaire en maroquin aux armes de ce livre de chasse formidable. Ni Thiébaud ni Cohen-de Ricci ne fournissent de référence à un exemplaire notable. Il n'apparaît que dans de simples reliures de veau ou comme, celui-ci, dans de chics reliures du XIXe siècle. Schwerdt possédait un exemplaire relié vers 1900 pour le comte de Beaufort. Marcel Jeanson présentait un premier exemplaire relié par Hardy (Neuilly, 10 octobre 2001, n° 129). Il sut aussi recueillir un second exemplaire, certes passé par les mains de Henri Gallice, mais relié vers 1900 par Gruel (Neuilly, 16 janvier 2003, n° 99).

BIBLIOGRAPHIE : 

J. Thiébaud, Bibliographie des ouvrages français sur la chasse, col. 469-470 -- Cohen-de Ricci, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, col. 446 -- Schwerdt, t. I, pp. 214-215