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FLEURY, Claude

Les Devoirs des Maîtres et des domestiques

Paris, Pierre Aubouin, Pierre Emery, Charles Clouzier,, 1688

COMMENT TENIR LA MAISON D’UN PRINCE : LE PRINCIPAL TRAITÉ DE SAVOIR-VIVRE À L’ÉPOQUE DE LOUIS XIV.

RARE ET BEL EXEMPLAIRE EN MAROQUIN

ÉDITION ORIGINALE

In-8 (155 x 90mm). Titre imprimé en rouge et noir. Vignette gravée au chiffre des trois imprimeurs imprimée sur la page de titre, bandeaux et initiales gravés sur bois
COLLATION : 1 f. pour le titre, 1-308 pp., 1 f. pour le privilège et l’achevé d’imprimer du 20 décembre 1687
TIRAGE : imprimé sur un papier fort
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Maroquin rouge, encadrement d’un filet autour des plats, dos à nerfs orné et doré, tranches dorées
PROVENANCE : ex-libris manuscrit sur la page de titre -- collection Jacques et Hélène Bon (ex-libris)

L’abbé Claude Fleury (1640-1723) fut occupé toute sa vie à sa fonction de pédagogue. Il devint en 1672 précepteur des deux fils orphelins d’Armand Prince de Conti et d’Anne-Marie Martinozzi : Louis-Armand et François-Louis, ce dernier étant devenu un prince remarquable. En 1680, il fut nommé précepteur du comte de Vermandois, fils légitimé du roi et de mademoiselle de La Vallière. En 1683, Louis XIV donne à Fleury la riche abbaye du Loc-Dieu en Rouergue : ce titre figure sur la page de titre du présent volume. De 1689 à 1705, Fleury est sous-précepteur des petits-fils de Louis XIV : les ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry, dont Fénelon est le précepteur. Durant cette période, il travaille à son œuvre capitale, son Histoire ecclésiastique, regardée par Voltaire comme la meilleure histoire de l’Église connue, et dont le premier volume paraît en 1691. Il entra à l’Académie française en juillet 1696, succédant à La Bruyère. En 1717, le Régent Philippe d'Orléans nomme Fleury confesseur du jeune Louis XV, cherchant un homme d'apaisement alors que la querelle des jésuites et des jansénistes fait rage autour de la bulle Unigenitus.

Claude Fleury est aussi l’auteur de ce remarquable traité sur les relations maîtres-domestiques. Ce dernier terme avait alors une définition plus large, il désignait tous ceux qui étaient au service d’une maison. La maison d’un grand seigneur, avec des enfants, comprenait au moins une cinquantaine de domestiques. Fleury, prenant appui sur son expérience au service des Prince de Conti, dresse ici le modèle d’une maison parfaite. Il publie ainsi les fameux “Règlements généraux que je veux être observés dans ma maison” (p. 78) rédigés par Armand de Bourbon, Prince de Conti (1629-1666), qui fut le protecteur de Molière avant d’entrer dans la Compagnie du Saint-Sacrement.

Fleury propose aussi des vues originales sur l’éducation des enfants. C’est ainsi que dans la seconde partie, intitulée “Devoirs des domestiques”, il émet un “avis particulier” pour l’aumônier, l’intendant, le secrétaire. Claude Fleury expose aussi les avantages qu’il y a à être domestique (p. 68-70). Il évoque ainsi le cas d’“un pauvre laquais, ou un pauvre palefrenier”. Comparant la vie misérable précédemment menée à la campagne, près de ses parents, et sa présente condition, “dans une maison opulente”, il dit que celui-ci devrait s’estimer fort satisfait. Dans l’“avis particulier” réservé aux laquais et aux valets de pied, il insiste sur “leur jeunesse et leur peu d’expérience”. Il présente leur état comme temporaire, devant déboucher sur un métier dont les gages ou la récompense fournis par le maître permettraient l’apprentissage. Il conseille même des professions, “boulanger, serrurier, menuisier, cordonnier, plutôt que passementier, ou brodeur, plutôt que parfumeur, ou pâtissier qui sont des métiers plus pour le luxe que pour le besoin”.