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Correspondance inédite de Mme du Deffand, avec d'Alembert, Montesquieu
GALANTERIE FRANÇAISE : REMARQUABLES LETTRES DE L’UNE DES PLUS GRANDES ÉPISTOLIÈRES DE LA LANGUE FRANÇAISE, ÉGALE DE MADAME DE SÉVIGNÉ.
BEL EXEMPLAIRE, CELUI DE LA DUCHESSE DE BERRY
PREMIÈRE ÉDITION de la correspondance de la marquise du Deffand
2 volumes in-8 (205 x 122mm)
COLLATION : (t. I) : 2 f. n. ch., iv-xxiii, 4-366 ; (t. 2) : 2 f. n. ch., 4-356
RELIURES DE L’ÉPOQUE. Veau granité, décor doré, chiffre couronn2 au centre des plats, roulettes en encadrement, dos long très ornés, tranches jaunes
PROVENANCE : Marie-Caroline, duchesse de Berry (1798-1870 ; ex-libris ; Catalogue de la riche bibliothèque de Rosny, 1837, n° 1180, acquis par le libraire Silvestre) -- Hubert Guerrand-Hermès (Paris, 15 décembre 2023, n° 490, dans un lot)
Madame du Deffand (1696-1780) connut les beaux jours de la Régence et la gaieté spirituelle et libertine de son amant, le duc d’Orléans, et de son entourage. Elle fut la maîtresse du Président Hénault (1685-1770) qui la présenta à la duchesse du Maine et l’embarqua pour le Cythère des “Grandes Nuits de Sceaux”. C’est dans ce monde de la fête et de l’esprit qu’elle affûta sa superbe langue française et rencontra le jeune Voltaire. De nos jours, la correspondance de Mme du Deffand, près de 1450 lettres, fait l’objet d’une publication numérique sur le site e.dudeffand. Cette correspondance suscite, en Europe et Outre Atlantique, l’intérêt de chercheurs qui étudient l’impact social de la maladie et de la vieillesse, le rôle des femmes dans la vie publique, ainsi que la construction de réseaux épistolaires à l’échelle européenne.
Cette femme très bien née regrettait d’être née. Son nihilisme puissant lui fit écrire une formule promise à un long avenir : “il n’y a, à le bien prendre, qu’un seul malheur dans la vie, qui est celui d’être né.” Annonçant Cioran, reprenant le chœur de Sophocle dans Œdipe roi qu’elle connaissait par les Nuits de Sceaux (“ne pas naître, voilà ce qui vaut mieux que tout”), Mme du Deffand s’était dotée d’une telle indépendance d’esprit qu’elle pouvait renvoyer Voltaire au “noyau de nuit” des Lumières (Marc Fumaroli) : leur croyance non questionnée en la perfectibilité naturelle de l’homme.
“Mais qui est donc cette femme qui a osé, plus continûment que Frédéric II, tenir la dragée haute à Voltaire ? D’où lui vient cette fantastique autorité ? Comment, sans avoir publié une ligne, sans avoir porté l’un des grands noms de France, sans avoir joué le moindre rôle politique ou diplomatique, sans avoir même disposé d’autre revenu qu’une maigre pension, sans d’autre attrait ni d’autre savoir que ce que l’on appelait alors “l’esprit”, et qui était, semble-t-il, dans le Paris de Louis XV, la chose du monde la mieux partagée, comment a-t-elle pu devenir de son vivant une légende, et rester depuis, dans la mémoire européenne, la figure féminine la plus énigmatique du XVIIIe siècle français ?” (Marc Fumaroli, préface à l’ouvrage de B. Craveri).
On comprend dès lors comment la correspondance remarquable de cette femme d’un autre siècle, le Grand, a pu séduire celle qui n’appartenait pas non plus à son temps : la duchesse de Berry.
https://www.fabula.org/actualites/111560/l-edition-numerique-de-la-correspondance-de-mme-du-deffandpour-une-lecture-interdisciplinaire.html -- Benedetta Craveri, Madame du Deffand et son monde, avec la fameuse préface de Marc Fumaroli : https://excerpts.numilog.com/books/9782081421936.pdf