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[BOUILHET, Louis, et Gustave FLAUBERT]

Dernières chansons. Poésies posthumes de Louis Boulhet avec une préface de Gustave Flaubert

Paris, Michel Lévy, 1872

ENVOI DE GUSTAVE FLAUBERT À SON GRAND AMI MAXIME DU CAMP, RELIÉ POUR MAXIME DU CAMP AVEC SON CHIFFRE AU DOS ET SON EX-LIBRIS, DANS SES RELIURES SI CARACTÉRISTIQUES.

LA PRÉFACE DE FLAUBERT EST SON SEUL TEXTE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE, QUI FUT PARTICULIÈREMENT APPRÉCIÉ PAR MARCEL PROUST. FLAUBERT Y DÉFINIT SON ART.

LOUIS BOUILHET EST LE DÉDICATAIRE DE MADAME BOVARY.

FLAUBERT, DU CAMP, LOUIS BOUILHET : L’UN DES CENTRES DE VIE DU GRAND ECRIVAIN

Première édition des poésies de Louis Bouilhet. ÉDITION ORIGINALE de la préface de 35 pages de Gustave Flaubert

In-8 (230 x 150mm)
TIRAGE : EXEMPLAIRE DE TÊTE, l’un des 25 exemplaires sur papier de Hollande, celui-ci numéroté 9 et justifié par Gustave Flaubert lui-même
ILLUSTRATION : portrait de Louis Bouilhet lithographié d’après la photographie de Louis Mathurin Legé
ENVOI autographe signé :

un des vingt cinq exemplaires sur papier de Hollande
G. Flaubert
n° 9 à Maxime Du Camp

RELIURE STRICTEMENT DE L’ÉPOQUE. Dos à nerfs de maroquin noir, chiffre doré de Maxime Du Camp dans les entre-nerfs, tranches de tête dorée, non rogné, témoins conservés
PROVENANCE : Maxime Du Camp (chiffre et ex-libris) -- Bernard Malle

Louis Bouilhet (1821-1869), dédicataire de Madame Bovary, est condisciple de Flaubert au collège de Rouen puis son ami intime. Il fut professeur de littérature et conservateur à la Bibliothèque de cette ville. Bouilhet a joué un rôle essentiel auprès de Flaubert en lui recommandant la plus grande rigueur pour l'écriture de ses œuvres. Il est aussi celui qui lui souffla l’idée de s’inspirer du fait divers de Delphine Delamare pour créer Madame Bovary. Flaubert lui faisait chaque semaine la lecture des nouvelles pages du roman durant les années de sa gestation. L’écrivain fut très affecté par sa mort : "J’ai enterré avant-hier ma conscience littéraire, mon jugement, ma boussole. En perdant mon pauvre Bouilhet, j’ai perdu mon accoucheur, celui qui voyait plus clairement que moi-même. Sa mort m’a laissé un vide dont je m’aperçois chaque jour davantage". Flaubert lui rend hommage dans cette Préface qui constitue son manifeste littéraire, le texte dans lequel il définit son style et que Marcel Proust, au-delà de l’article de janvier 1920 dans la NRF “À propos du style de Flaubert”, appréciait particulièrement.

“Et puisqu’on demande à propos de tout une moralité, voici la mienne :

Y a-t-il quelque part deux jeunes gens qui passent leurs dimanches à lire ensemble les poëtes, à se communiquer ce qu’ils ont fait, les plans des ouvrages qu’ils voudraient écrire, les comparaisons qui leur sont venues, une phrase, un mot, - et, bien que dédaigneux du reste, cachant cette passion avec une pudeur de vierge, je leur donne un conseil :

Allez côte à côte dans les bois, en déclamant des vers, mêlant votre âme à la sève des arbres et à l’éternité des chefs-d’œuvre, perdez-vous dans les rêveries de l’histoire, dans les stupéfactions du sublime ! Usez votre jeunesse aux bras de la Muse ! Son amour console des autres, et les remplace.

Enfin, si les accidents du monde, dès qu’ils sont perçus, vous apparaissent transposés comme pour l’emploi d’une illusion à décrire, tellement que toutes les choses, y compris votre existence, ne vous sembleront pas avoir d’autre utilité, et que vous soyez résolus à toutes les avanies, prêts à tous les sacrifices, cuirassés à toute épreuve, lancez-vous, publiez !” (Nous soulignons).

Ce « pour l’emploi d’une illusion à décrire » annonce le célèbre passage du Contre Sainte-Beuve :

“Tu as quelquefois trouvé Flaubert vulgaire par certains côtés dans sa correspondance. Mais lui du moins n’a rien de la vulgarité, car lui a compris que le but de la vie de l’écrivain est dans son œuvre, et que le reste n’existe “que pour l’emploi d’une illusion à décrire.””

La vie n’existe que pour l’art, c’est ce que tout critique aimable et bien avisé doit, selon Proust et Flaubert, retrouver dans l’analyse d’une œuvre.

BIBLIOGRAPHIE : 

la préface de Gustave Flaubert est publiée dans le t. IV de la Pléiade (2021)