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Ourika
SUPERBE EXEMPLAIRE EN JOLIE RELIURE ROMANTIQUE SIGNÉE DE BRIGANDAT, À GRANDES MARGES, ET DOTÉ D’UNE NOBLE PROVENANCE.
LE ROMAN DE L’ESCLAVAGE ET DE L’AMOUR ET LE PREMIER ROMAN EUROPÉEN DONT L’HÉROÏNE PRINCIPALE EST UNE FEMME NOIRE.
“CE ROMAN POSSÈDE UN MÉRITE INCONTESTABLE, CELUI D’ÊTRE COURT” (STENDHAL).
Première édition mise dans le commerce. L’édition originale, rarissime, a été tirée à 25 ou 40 exemplaires
In-12 (180 x 106 mm)
COLLATION : 172 pp.
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Dos de veau vert à nerfs, décor mosaïqué de maroquin rouge, orné et doré, plats de papier marbré vert, gardes de papier marbré orange, NON ROGNÉ avec témoins conservés
PROVENANCE : baron Alfred Renoüard de Bussière (1804-1887 ; ex-libris armorié présentant ses nombreuses décorations), important banquier alsacien, industriel, directeur de la Monnaie de Paris, député (1845-1848, 1852-1870), puis conseiller général du Bas-Rhin -- sans doute par descendance à sa fille Mélanie Renoüard de Bussière (1836-1914), épouse du comte Edmond de Pourtalès (1828-1895), superbe égérie de la cour de Napoléon III, peinte par Wintherhalter en 1857. Elle possédait le château de Pourtalès près de Strasbourg qui, des rois aux princes et aux artistes, reçut ce qu’il y avait de mieux en Europe
Claire de Kersaint (1777-1828) est une précurseure du féminisme et de l’antiracisme. Fille du vice-amiral Armand-Guy-Simon, comte de Kersaint, député girondin guillotiné en décembre 1793, elle épouse à Londres en émigration, en 1797, Amédée-Bretagne-Malo de Durfort (1771-1838), dernier duc de Duras et à ce titre l’un des quatre Premier gentilhomme de la Chambre du Roi. Elle se lie d’une amitié profonde avec Chateaubriand, comme avec Germaine de Staël et Humboldt. Sous la Restauration, son salon, situé dans l’un des pavillons du Louvre, est l’un des plus célèbres de la capitale désormais pacifiée. Même ce jacobin de Stendhal admirait Mme de Duras. À sa mort, Beyle, qui était plutôt avare de compliments littéraires, la qualifiera de “femme d’un talent considérable”.
Ourika s’inspira de faits réels. Le chevalier de Boufflers (1738-1815), l’un des beaux esprits du XVIIIe siècle et gouverneur du Sénégal, aurait soustrait une jeune fille noire de l’esclavage l’embarquement pour les Caraïbes. Pris d’affection, il confie cette jeune fille au maréchal de Beauvau et à sa femme, née Rohan Chabot. En sorte qu’Ourika fut élevée à l’hôtel de Beauvau, aujourd’hui ministère de l’Intérieur en charge de l’Immigration. Ourika, peinte par Vigée-Lebrun, participe à la vie familiale des Princes de Beauvau et s’éprend d’un jeune homme. C’est le sujet du roman de la duchesse de Duras, l’amour impossible entre une jeune fille et, sans doute, Charles de Noailles, qui ne la voit que comme une sœur. La société s’oppose à l’amour. Ourika s’enferme dans un couvent, comme la Princesse de Clèves dont elle est si proche. Le roman connut un succès considérable et ouvrit un âge nouveau dans l’histoire littéraire : celui de la fiction romantique.
Au siècle dernier, Ourika inspira John Folwes pour The French Lieutenant’s Woman. Dans la traduction qu’il publia à Austin en 1977, John Fowles qualifie Ourika de “first serious attempt by a white novelist to enter a black mind and acknowledges its profound influence on the The French Lieutenant’s Woman” (Librairie Bernard Quaritch, 1994).
M. Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 113 -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, III, col. 535 -- L. Scheler, “Un Best-seller sous Louis XVIII, Ourika, par Mme de Duras, in Le Bulletin du Bibliophile, Paris, 1988