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FLAUBERT, Gustave

L'Éducation sentimentale

Paris, Michel Lévy, 1870

ENVOI À LECONTE DE LISLE : AUX RACINES LYRIQUES DE FLAUBERT

ÉDITION ORIGINALE

2 volumes in-8 (225 x 144mm)
Catalogue de l'éditeur relié à la fin du second volume
ENVOI autographe signé :

A mon cher ami Leconte Delisle
Gve Flaubert

RELIURES SIGNÉES DE CANAPE. Maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, doublures de même maroquin, tranches dorées, couvertures et dos conservés. Chemises

Dans sa Correspondance, le jeune Flaubert vante les Poèmes antiques (1852) à Louise Colet. La même année, il commence à écrire Madame Bovary : "Toute la valeur de mon livre, s'il en a une, sera d'avoir su marcher droit sur un cheveu, suspendu entre le double abîme du lyrisme et du vulgaire" (Lettre à Louise Colet, 20 mars 1852). Leconte de Lisle représente ce penchant de Flaubert pour le lyrisme qu'il combattra dans la rédaction de Madame Bovary. Flaubert, qui redoute d'être emprisonné par sa nature lyrique se tourne avec souffrance vers la société la plus banale de son temps. Il gardera cependant, parallèlement à ses deux grands romans, une nostalgie pour la pureté antique, comme dans Salammbô ou Hérodiade. Les qualités et les défauts qu’il note dans les vers du poète parnassien sont une révélation de l’art du romancier, de ses façons de penser et de ses théories poétiques.

Leconte de Lisle préconise un retour aux formes du Beau antique et un isolement du vulgaire qui tendent à seulement imiter le passé. Flaubert ne cache pas sa proximité avec Leconte de Lisle : "Amants du Beau, nous sommes tous des bannis. Et quelle joie quand on rencontre un compatriote sur cette terre d'exil !" (lettre à Louise Colet, 14 août 1853). C’est pourquoi, dès la parution des Poèmes antiques, il se rua chez Leconte de Lisle "avec soif" : "au bout de trois paroles que je lui ai entendu dire, je l’aimais d’une affection toute fraternelle" (ibid). Cependant, Flaubert, auteur du futur Bouvard et Pécuchet, trouve Leconte de Lisle trop sérieux : "Une chose lui manque : le sens comique". (Corr., IV, p. 33). Flaubert est tellement persuadé que l’un des grands défauts dans la vie et dans le talent de Leconte de Lisle est son manque de gaieté qu’il suggère à Louise Colet d'aider son ami d'une autre manière : "je persiste à soutenir que si tu pouvais offrir à Leconte quelque chose de beau et de violent, charnellement parlant, cela lui ferait du bien" (Corr., III, p. 305).

BIBLIOGRAPHIE : 

Marcel Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 121