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L’Œuvre au noir
DE ZÉNON À RABOLIOT.
OU DE LA FUTURE PREMIÈRE FEMME ACADÉMICIENNE AU SECRÉTAIRE PERPÉTUEL.
ENVOI DE MARGUERITE YOURCENAR À MAURICE GENEVOIX
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (205 x 140 mm)
COLLATION : 340 pp., (3) ff.
TIRAGE : exemplaire du Service de presse, avec le poinçon
ENVOI AUTOGRAPHE signé au feutre rouge :
à Maurice Genevoix,
hommage attentif
Marguerite Yourcenar
BROCHÉ, couverture d’origine à rabats
PROVENANCE : Maurice Genevoix (1890-1980 ; envoi)
L’Œuvre au noir parut en avril 1968, peu de temps avant les événements de Mai. L’obtention du prix Femina, à l’unanimité, en novembre 1968, donna à Marguerite Yourcenar (1903-1987) la consécration de la critique et de la République des lettres : son œuvre changea de stature.
Lorsque l’Œuvre au noir parut, Maurice Genevoix (1890-1980) était le secrétaire perpétuel de l’Académie française depuis dix ans. Leurs œuvres respectives trouvent une convergence dans le travail de la mémoire ou, plus précisément, dans celui d’une forme de transmission de la mémoire.
C’est Jean d’Ormesson (1925-2017) qui, en 1979, proposa à Marguerite Yourcenar de rejoindre les Immortels. Elle lui répondit :
“Du moment que je ne suis pas obligée de faire acte de candidature, ce à quoi je répugne instinctivement, et d’autant plus que ma qualité de femme rend en quelque sorte cette démarche plus voyante encore, et du moment que je ne suis pas non plus obligée à une résidence fixe à Paris même pour une partie de l’année, rien, certes ne me ferait refuser l’honneur que vous souhaitez si généreusement pour moi. Le faire me paraîtrait insulter à plus de trois siècles d’histoire littéraire française [...] je ne suis nullement atteinte de la fièvre verte. Mais je ne contrarierai pas ce projet, qui vous tient si amicalement à cœur, s’il est réalisable dans les conditions que vous m’indiquez. Et s’il faut jamais que je “succède” à quelqu’un, je serai honorée que ce soit à Roger Caillois.”
Yourcenar fut élue à l’Académie le 6 mars 1980, première femme à y prendre place. Peu de temps avant, en 1977, le Grand prix de littérature de l’Académie lui avait été décerné pour l’ensemble de son œuvre. Maurice Genevoix mourut en septembre 1980, avant que Yourcenar ne fût reçue sous la Coupole, le 22 janvier 1981, précisément au fauteuil de Roger Caillois.
Son discours de réception ne décocha aucune flèche à l’encontre de ceux qui s’étaient opposés à son élection :
“On ne peut donc prétendre que dans cette société française si imprégnée d’influences féminines, l’Académie ait été particulièrement misogyne ; elle s’est simplement conformée aux usages qui volontiers plaçaient la femme sur un piédestal, mais ne permettaient pas encore de lui avancer officiellement un fauteuil. Je n’ai donc pas lieu de m’enorgueillir de l’honneur si grand certes, mais quasi fortuit et de ma part quasi involontaire qui m’est fait ; je n’en ai d’ailleurs que plus de raisons de remercier ceux qui m’ont tendu la main pour franchir un seuil.”
J. Savigneau, Marguerite Yourcenar, l’invention d’une vie, Paris, 1990 -- R. Aldrich et G. Wotherspoon, Who is who in Gay and Lesbian History, 2001, pp. 498-499 -- M. Brémond, Marguerite Yourcenar, une femme à l’Académie. Malgré eux, malgré elle..., Paris, 2021, pp. 55-85, 149-152
WEBOGRAPHIE : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/marguerite-yourcenar