
Acheter
Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
Le Ravissement de Lol. V. Stein
CHEF D’ŒUVRE DE MARGUERITE DURAS.
EXEMPLAIRE SUR GRAND PAPIER. BROCHÉ, TEL QUE PARU. ÉTAT DE NEUF
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (194 x 122mm)
TIRAGE unique à 130 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre, celui-ci numéroté 37, signet volant avec numéro imprimé de justification
BROCHÉ, en partie non coupé, sous sa couverture d’origine
“Mais qu’est-ce que j’ignore de moi-même à ce point et qu’elle me met en demeure de connaître ?” Cette question liminaire, posée par le narrateur du Ravissement de Lol V. Stein, un certain Jacques Hold, sous-tend tout le roman de Marguerite Duras. Jacques Hold, épris d’une femme absente, justement nommée Lol V. Stein, imagine sa vie. “ Lol V. Stein” précisera Jacques Lacan : “ailes de papier, V ciseaux, Stein, la pierre”. Cette vie imaginaire forme la matière du livre. Mais Lol V. Stein échappe toujours au narrateur-créateur. En retour, celui-ci se trouve mis “en demeure de se connaître”. Cette connaissance que révèle l’écriture de Marguerite Duras est magnifiquement formulée par Jacques Lacan : “les noces taciturnes de la vie vide avec l’objet indescriptible”.
Le Ravissement de Lol. V. Stein est l’un des textes les plus admirés de Marguerite Duras. Jacques Lacan rendit hommage à son “génie” dans un célèbre compte-rendu de quatre pages, publié au lendemain de sa parution :
“le seul avantage qu’un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position, lui fût-elle donc reconnue comme telle, c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie. C’est précisément ce que je reconnais dans Le Ravissement de Lol V. Stein, où Marguerite Duras s’avère savoir sans moi ce que j’enseigne” (Les Cahiers Renaud-Barrault, n° 52, 1965).
L’écriture du Ravissement de Lol. V. Stein fut, pour Marguerite Duras, un moment décisif dans son rapport au langage. Elle connut l’effroi d’approcher comme jamais auparavant, ni plus jamais après, cet “objet indescriptible” (Jacques Lacan) de la connaissance :
“tandis que je l’écrivais, j’ai eu un moment… un moment de peur. J’ai crié. Je pense que quelque-chose a été franchi, là, qui m’a échappé, parce qu’on peut franchir des seuils et que ça ne se traduise pas dans la conscience claire, peut-être un seuil d’opacité. Je suis tombée dans l’opacité plus grande après ; c’est ça qui m’a fait crier, je me souviens de ça, ça ne m’était jamais arrivé avant. J’écrivais, et tout d’un coup, j’ai entendu que je criais, parce que j’avais peur” (Les Lieux de Marguerite Duras).
Quand le journaliste Pierre Dumayet demanda à Marguerite Duras si elle avait le souvenir d’avoir écrit, avant Lol V. Stein, “un livre plus lucide que celui-ci”, elle répondit :
“Sans doute, non. Sans doute, je n’ai pas eu cette impression avec les autres livres. Et en même temps, il est obscur pour moi. Si vous voulez, c’est une obscurité limite, je ne peux pas aller plus loin dans ma lucidité personnelle” (Dits à la télévision, 15 avril 1964). Puis, de préciser : “c’était la première fois que j’écrivais sans alcool”.
Marguerite Duras nomme “obscurité limite” ce lieu “sauvage” de l’écriture qu’elle approcha dans Le Ravissement de Lol V. Stein et qu’elle rencontra parfois plus tard, “au tournant du langage” (Écrire). Le “ravissement”, joue sur la polysémie du mot, à la fois rapt et enchantement, arrachement et extase. Le personnage de Lol V. Stein ne cessa de hanter Marguerite Duras toute sa vie :
“toutes les femmes de mes livres, quel que soit leur âge, découlent de Lol V. Stein. C’est-à-dire, d’un certain oubli d’elle-même” (La Vie matérielle).
Marguerite Duras, Œuvres complètes II, Paris, 2011, pp. 285 et 1681 -- Jacques Lacan, “Hommage fait à Marguerite Duras, du Ravissement de Lol V. Stein”, in Les Cahiers Renaud-Barrault, n° 52, 1965 : http://atelierlorient.viabloga.com/files/Hommage_a_Marguerite_Duras_par_Lacan.pdf